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Le Mans 66, un film à voir et à revoir !

Je l’attendais avec impatience, j’y suis allé et j’ai passé un excellent moment ! Car si le film prend quelques libertés avec l’histoire de la course, il traduit bien l’atmosphère de l’époque, du duel et réjouit le spectateur.

Les œuvres cinématographiques et littéraires sur fond de sports mécaniques restent rares, trop rares.

Plusieurs raisons à cela. La course automobile ne fait pas l’unanimité, malheureusement. Polluante, sport de riches, truc de fils à papa, d’enfants gâtés, sport de dingues, activité poussant à conduire dangereusement, autant de reproches injustes mais courants.

Ford-GT-40-MKII-v-Ferrari-P3- Duel-sur-la-piste- Source-Images-promotionnelles-du-film

Ford-GT-40-MKII-v-Ferrari-P3- Duel-sur-la-piste- Source-Images-promotionnelles-du-film

En outre, le monde de la culture se montre volontiers intello-bobo, et chez ces gens-là mes amis, évoquer un bolide qui vrombit ne correspond pas au formatage de la bien-pensance à la mode contemporaine. Alors, quand des producteurs, des réalisateurs, des acteurs de premier plan osent se lancer dans un projet qui contribue à faire aimer notre sport préféré, il convient de les féliciter et de les soutenir activement !

Le public ne s’y est d’ailleurs pas trompé. La société spécialisée Exhibitor Relations a révélé que Ford v Ferrari (titre retenu ailleurs que dans l’Hexagone) avait pris la tête du box-office nord-américain au moment de son premier week-end d’exploitation. Chez nous, Le Mans 66 pointait à la seconde position à sa sortie derrière J’accuse mais devant La belle époque, Hors Normes et Joker. La preuve qu’un film de sports mécaniques passionne encore le public !

Le contexte des sixties

1966, le monde traverse les 30 Glorieuses avec enthousiasme. La plupart vivent dans un tourbillon permanent, certains que rien de grave que pourrait leur arriver, que leurs conditions de vie s’amélioreraient d’année en année, qu’ils réaliseraient tous leurs rêves. Vraiment une autre époque. Crise de l’énergie, chômage, pollution, appauvrissement des populations, ces problèmes n’effleuraient pas encore les esprits.

Jean-Nilsson - Ford-Mustang -Mach-1-Cobra-Jet - 1973 - CC-Saint-Germain-sur-Ille - Photo-Thierry-Le-Bras

Jean-Nilsson – Ford-Mustang -Mach-1-Cobra-Jet – 1973 – CC-Saint-Germain-sur-Ille – Photo-Thierry-Le-Bras

L’automobile s’affichait à l’image de la société, libre, audacieuse, joyeuse, complice de ceux qu’elle transportait. La Ford Mustang connaissait un énorme succès, tant dans son pays d’origine que sur les marchés où elle était exportée dont la France. « Une voiture de secrétaire », considéraient les puristes comme Carroll Shelby et Ken Miles. Oui, mais aussi une athlète dans ses versions transformées par Shelby et une star de cinéma après avoir joué avec Steve McQueen dans Bullitt.

En 1966, les voitures ne se ressemblent pas toutes. Elles possèdent de vraies personnalités, des looks distinctifs. Impossible de confondre une Renault R8 avec une 2cv, une Mini, une Fiat 600 ou une Ford Taunus.

Chez les disquaires, Les Beatles, les Stones, Johnny Hallyday, Antoine, Sylvie Vartan, Franck Sinatra, Adamo, Claude François, Charles Aznavour, Hugues Aufray, Michel Polnareff, Sheila, France Gall remplissaient les bacs. Nous étions en pleine époque SLC Salut Les Copains. Au cinéma, Un homme et une femme triomphe à Cannes. Une Ford Mustang supposée participer au Rallye de Monte-Carlo joue très bien son rôle et Anouk Aimée y apparaît superbe et touchante.

Sylvie Vartan donne naissance à David Hallyday qui pilotera plus tard aux 24 Heures du Mans. Pauli Toivonen et Mikander ont remporté le Rallye de Monte-Carlo sur une Citroën DS 21. Graham Hill s’est imposé aux 500 miles d’Indianapolis. Lucien Aimar va remporter un Tour de France dans lequel Jacques Anquetil, souffrant, a été contraint à l’abandon. L’histoire de Michel Vaillant s’enrichit de deux nouveaux albums, L’honneur du Samouraï et Suspense à Indianapolis. Un feuilleton télévisé dans lequel le héros de BD sera interprété par le pilote Alpine Henri Grandsire se prépare.

Ford-Taunus-12-M - Caravane-Sterckeman-Lovely - 1966 - Morbihan - Photo-Thierry-Le-Bras

Ford-Taunus-12-M – Caravane-Sterckeman-Lovely – 1966 – Morbihan – Photo-Thierry-Le-Bras

Une société bien différente de celle d’aujourd’hui. Elle rappelle des souvenirs d’enfance ou de jeunesse à ceux qui l’ont connue et semblera complètement dépassée aux plus jeunes qui ne jurent que par l’iPhone, le codage, les jeux vidéo, les SMS et Messenger… Moi, j’ai adoré cette époque où j’étais élève de 6ème. Je rêvais de devenir pilote automobile professionnel. Mais ça, c’était avant comme dit la pub… L’édition du Mans 1966 reste cependant chère à mon cœur. J’étais ravi de la victoire de Ford. Pas seulement parce que mon père possédait une Ford Taunus à cette époque, donc une voiture de la marque victorieuse au Mans, mais surtout en raison d’une réticence envers Ferrari, à mon sens l’équipe qui trahissait volontiers ses pilotes. D’ailleurs, en 1966, John Surtees se sentit mis sur la touche  et partit avant la course.

Une semaine mancelle pleine de rebondissements

La lutte promet d’être chaude au Mans. Ford engage 13 GT40 dont 8 MKII 7 litres. En face, Ferrari dispose de 14 voitures, mais seulement de 3 P3, son dernier proto, et de 4 P2, un modèle un peu dépassé. Ce n’est pas avec les Dino 2 litres que Ferrari ira chercher les Ford. Henry Ford Il a fait le déplacement des États-Unis et il donnera le départ de la course. Il veut assister au triomphe de ses voitures. Si Ford gagne, la victoire américaine consacrera le triomphe de la série sur les modèles de grand luxe inabordables. Le moteur des MK II sera monté sur des Mustang et des Cougar dès 1967, c’est à dire sur des voitures que des tas de gens achèteront. Alors que les V 12 Ferrari seront toujours réservés à une poignée de milliardaires généralement plus collectionneurs d’objets de prestige que conducteurs passionnés.

La lutte dépasse la simple rivalité sportive. Ford a voulu acheter Ferrari. Henry Ford II lui-même croyait l’affaire dans la poche. Mais les négociations ont capoté, sans doute parce qu’Enzo Ferrari, le Commandatore, voulait rester le patron de l’activité compétition alors que Ford entendait logiquement la contrôler. Il se murmure aussi qu’Enzo Ferrari n’a jamais voulu vendre à Ford. Il se serait contenté de susciter une offre qui donne un prix à sa marque, un prix qu’il demandera à FIAT s’il a trop besoin d’argent pour maintenir son écurie au sommet. En tous les cas, à Détroit, Henry Ford II a décidé qu’il écraserait Ferrari au Mans.

Ford-GT40-MKII - Mebetoys-Miniature - Photo- Thierry-Le-Bras

Ford-GT40-MKII – Mebetoys-Miniature – Photo- Thierry-Le-Bras

Carroll Shelby joua d’abord involontairement un rôle expérimental pour Ford. L’expérience menée par Carroll Shelby avec ses Cobra en GT permit à Ford de vérifier qu’un bon V 8 issu de la série pouvait se montrer compétitif face aux mécaniques les plus pointues élaborées par Ferrari et d’autres horlogers de la mécanique de course. Carroll Shelby avait convaincu son fournisseur de moteurs que le challenge était gagnable. Ford lui confia la direction de son service compétition sur les épreuves du championnat d’endurance.

En 1966, Ferrari dispose de pilotes exceptionnels comme Pedro Rodriguez, Nino Vaccarella, John Surtees, Mike Parkes, Ludovico Scarfiotti, Richie Ginther, Lorenzo Bandini, Jean Guichet, Masten Gregory, Bob Bondurant… Mais Ford aussi aligne des pilotes de premier plan : Bruce Mclaren, Chris Amon, Denis Hulme, Ken Miles, Mario Andretti, Graham Hill qui vient de remporter les 500 miles d’Indianapolis et fut, ne l’oublions pas, champion du monde de F1 en 1962, Lucien Bianchi, Jochen Neerpasch, Jochen Rindt, le vainqueur de 1965, Guy Ligier, Jacky Ickx… Une véritable Dream Team.

Ford sort victorieux du premier bras de fer que se livrent les favoris lors des séances d’essais. Dan Gurney a tourné à plus de 230 kilomètres heure de moyenne. C’est le meilleur temps jamais réalisé sur la piste du Mans. Il a annoncé que les Ford tiendraient jusqu’au bout et qu’elles gagneraient la course à plus de 200 de moyenne. Les Ferrari sont dominées. La première est à 3 secondes !

Ferrari-P3-Solido-Miniature-Photo-Thierry-Le-Bras

Ferrari-P3-Solido-Miniature-Photo-Thierry-Le-Bras

Chaque clan va connaître quelques déboires avec les pilotes. Il n’y a pas assez de gros prototypes P2 et P3 pour tous les pilotes de premier plan. Certains seront relégués sur des Dino 2 litres qui ne pourront pas se battre pour la victoire. Nino Vaccarella menace de rentrer chez lui à Palerme si on ne lui donne pas une P 3. Rien ne va plus entre John Surtees, le champion du monde de F1 1964 et Eugenio Dragoni, le patron de la Scuderia. Chez Ferrari, on prétend douter de la résistance de Surtees qui a été gravement accidenté en 1965. Balivernes. Surtees a remporté le Grand Prix de Spa quelques semaines plus tôt, il a gagné à Monza sous la pluie, il a mené à Monaco jusqu’à ce que la poubelle que lui avait confiée Dragoni casse. Il est en disgrâce, comme beaucoup d’autres pilotes de la Scuderia avant et après lui, tout simplement. Il claquera porte de l’écurie italienne après les premiers essais.

Chez Ford, Dick Thompson, l’équipier de Graham Hill, va connaître des problèmes avec les organisateurs. Aux essais du jeudi soir, il rattrape la GT40 privée de Holquist. Apparemment, Holquist ne le voit pas. Il fait un écart. La MKII freine, mais elle ne peut éviter de toucher l’arrière de la GT40 qui part dans les champs. Les organisateurs reprochent au pilote de la MKII de ne pas avoir au moins signalé l’accident lors de son retour aux stands. Ils excluent Thompson de la course, mais pas sa voiture. Résultat, Graham Hill n’a plus de coéquipier. Jackie Stewart et A.J. Foyt sont indisponibles parce qu’ils se sont blessés en course récemment. En plus, théoriquement, chaque pilote doit avoir participé à des essais de jour et de nuit. Un imbroglio total. Ford menace de se retirer de la course Les choses s’arrangent finalement le vendredi en fin de matinée. Les organisateurs permettront au nouveau pilote appelé à épauler Graham Hill de faire ses preuves le samedi matin. Ils ouvriront la piste à cet effet durant quelques minutes. Tout monde accepte l’arrangement. Finalement, le constructeur américain associe Muir à Hill.

Lorsqu’Henry Ford abaisse le drapeau tricolore le samedi à 16 heures, ses voitures s’emparent immédiatement du commandement. En soirée, elles caracolent toujours en tête. Gurney et Grant devancent Miles et Hulme de 2 secondes. Rodriguez et Ginther sur la première Ferrari suivent à 23 secondes, marqués par deux autres Ford celles de Bucknum – Hutcherson et de Hill – Muir.

Ferrari-P3- Bandini-Guichet- Source-images-promotionnelles-du-film

Ferrari-P3- Bandini-Guichet -Source-images-promotionnelles-du-film

A 22 heures, la raison du plus Ford reste la meilleure. Certes, Pedro Rodriguez et Ritchie Ginther viennent de prendre la tête devant les Ford qui ont changé leurs plaquettes et leurs disques de freins. Mais Dan Gurney, Graham Hill, Bruce McLaren et les autres cravachent à un rythme qui annonce une remontée rapide sur la P3 d’ici environ 1 heure 30. D’ailleurs, qui dit que les P3 ne vont pas procéder aux mêmes interventions sur leurs freins ? Il reste 18 heures de course. D’après ce qu’elles ont montré en début de course, les Ford vont terrasser les Ferrari. Mais rien n’est encore certain. En course automobile, la victoire ne s’acquiert que quand la voiture passe sous le drapeau à damier.

Ford-GT40-MKII-Miles-Hulme - Source-images-promotionnelles-du-film

Ford-GT40-MKII-Miles-Hulme – Source-images-promotionnelles-du-film

Sur la piste, la bataille faisait toujours rage. Les Ferrari sont de rudes adversaires et elles ne rendront les armes qu’après avoir tout donné. Mais mi-course, la déroute des voitures italiennes est consommée. Le cavalino était à terre, souffle coupé. Six Ford mènent la danse à un train d’enfer, tandis que la dernière Ferrari P3 en course, celle de Bandini et Guichet, n’occupe que la douzième position. A 9 heures le dimanche matin, la dernière P3 s’immobilise devant son stand, transmission cassée. Aucun prototype Ferrari ne verra la ligne d’arrivée. Cette fois, aucune Ferrari privée n’est en mesure de sauver la mise du constructeur italien. Ford gagnait par KO.

Arrivée-24-Heures-du-Mans-1966 - Copyright-inconnu

Arrivée-24-Heures-du-Mans-1966 – Copyright-inconnu

A 16 heures les Ford MKII de McLaren – Amon et Miles – Hulme passent ensemble sous le drapeau à damier, suivies de celle de Bucknum – Hutchinson, troisième à douze tours. Les deux premières voitures ont par contre parcouru le même nombre de tours et Ford espère les voir classées premières à égalité. Mais quelques minutes plus tard, les spectateurs apprendront que la Ford MKII de Bruce McLaren et Chris Amon s’impose au classement général devant celle de Miles et Hulme. Partie sur la grille de départ 14 mètres derrière celle qui avait franchi la ligne d’arrivée à son niveau, la Ford MKII noire des deux Néo-zélandais entre dans l’histoire des 24 Heures du Mans. Les organisateurs utilisèrent ce petit écart afin de départager les deux premières voitures. Conformément au pronostic de Dan Gurney, Ford gagnait l’épreuve à plus de 200 kilomètres heure de moyenne. La MKII de McLaren – Amon avait parcouru 4.843,90 kilomètres à une moyenne de 210,90 kilomètres heure. Un nouveau record !

Et Le Mans 66 dans tout ça ?

Ceux qui ont déjà vu le film constateront qu’il est globalement fidèle à ce qu’il s’est passé mais que certains faits sont tout de même rapportés de manière un peu différente de l’histoire. Et là j’objecterai, quelle importance ?

D’abord, il faut voir le film comme ce qu’il est, une œuvre cinématographique sur fond de sports mécaniques dans la société des sixties, pas comme un documentaire. En conséquence, l’histoire est forcément un peu romancée.

Matt-Damon-Carroll-Shelby - Christian-Bale-Ken-Miles - Copyright-inconnu

Matt-Damon-Carroll-Shelby – Christian-Bale-Ken-Miles – Copyright-inconnu

Soulignons d’abord que le film est porté par d’excellents acteurs. Matt Damon se révèle très crédible en Carroll Shelby et Christian Bale entre dans la peau de Ken Miles avec maestria.

« Le film parle de deux hommes qui se sont unis pour faire quelque chose de grand. Battre Ferrari, au Mans, était leur obsession. Je ne connaissais rien à l’amitié entre Carroll Shelby et Ken Miles, poursuit l’acteur. C’est une belle histoire. En tant qu’ancien pilote, Shelby admirait l’infini talent de Miles derrière le volant,.. et, comme ami, acceptait son manque de diplomatie. Des années plus tard, dans une interview, Shelby parlait encore de lui avec émotion. »

Matt Damon

La collaboration entre les deux acteurs s’est très bien passée durant le tournage et la complicité transparaît à l’écran. «  Il est fantastique, confirme Matt en évoquant Christian. J’ai vu tous ses films et j’avoue que j’étais très curieux de voir son processus de création de près. Sa générosité, sa gentillesse, son humilité m’ont impressionné. »

Globalement, la vérité historique est retranscrite, sinon fidèlement suivie. Par exemple au début du film qui revient sur la victoire de Carroll Shelby au Mans en 1959 avec Roy Saladori sur une Aston Martin.

Le passionné de course auto qui se rappelle ces années ou s’est documenté se réjouit de retrouver dès les scènes retranscrivant le début de l’aventure des géants de la course outre-Atlantique tels Dan Gurney et Bob Bondurant. Les voitures utilisées sont fidèles aux originaux. 34 voitures ont été reconstruites pour le tournage et le spectateur ne se rend pas compte du manque de puissance des répliques. « Certaines avaient des moteurs de MX5 », avouera Matt Damon. Grâce au bon travail du réalisateur James Mangold et de son équipe, le public ne voit que des monstres rugissant leur rage de vitesse. Et les décors sont crédibles, surtout les stands et la ligne droite de départ et d’arrivée.

Après, quelques libertés s’écartent de la pure vérité. Par exemple, les négociations avec Ferrari ont duré plus longtemps que le laisse penser le scénario. Et l’accord avec FIAT interviendra plus tard, deux ans après la rupture des négociations avec Ford, pas concomitamment.

Ken Miles était sans doute un peu difficile. Pas « un chaton », comme prétend Carroll Shelby dans le film. Mais tout de même plus policé que dans le scénario. En outre, l’hostilité de Leo Beebe est exagérée. Ken n’était sans doute pas son pilote préféré et le souhait qu’il ne gagne pas semble vraisemblable. Mais il n’était pas exclu de l’équipe et avait roulé au Mans 1965 sur une GT40 MKII partagée avec Bruce McLaren (abandon sur problème de boite de vitesses). Bien sûr, la démonstration de Carroll avec Henry Ford comme passager appartient à la fiction, tout comme la scène où Leo Beebe est enfermé dans le bureau de Shelby.

la victoire de Miles et Ruby aux 24 Heures de Daytona 1966 n’est pas conquise sur le fil en fin de course mais très nette. L’équipage l’emporte avec 8 tours d’avance sur la voiture sœur de Gurney et Grant, elle-aussi engagée par Shelby American Inc.

Mais la rivalité exacerbée entre Ford et Ferrari correspond bien à l’atmosphère du duel de Titans que se livraient les deux constructeurs. Même s’il ne l’a pas prononcé formellement, on imagine très bien Henry Ford lançant « Allez-y Carroll, partez en guerre. » Car oui, le constructeur américain voulait enterrer Ferrari, 9 fois vainqueur dans la Sarthe dont 6 victoires consécutives de 1960 à 1965.

Qu’Enzo Ferrari ait considéré que Ford construisait des voitures moches dans des usines moches est vraisemblable. Elles étaient plus abordables que les Ferrari…

Ford-GT-40-MKII-v-Ferrari-P3- les-armes-du-duel- Source-Images-promotionnelles-du-film

Ford-GT-40-MKII-v-Ferrari-P3- les-armes-du-duel- Source-Images-promotionnelles-du-film

Pour le reste, je parlerai d’omissions plus que d’inexactitudes. La Ferrari P3 N° 21, la plus dangereuse pour les Ford serait dans le film la machine de Lorenzo Bandini. C’est oublier que la plus rapide des voitures rouges aux essais avait été celle de Rodriguez et Ginther qui pointa d’ailleurs un moment en tête de la course. Par contre, la P3 de Bandini et Guichet sera la dernière P3 à abandonner. Non en explosant son moteur, mais en s’arrêtant au stand le dimanche matin à 9 heures, trahie par sa transmission. Autre erreur, le pilote à avoir pris e départ sur cette machine était le Français Jean Guichet qui portait un casque blanc et pas l’Italien Lorenzo Bandini. Jean Guichet reste d’ailleurs au moment où j’écris ces lignes le dernier pilote survivant des géants qui s’affrontaient cette année-là pour la victoire au Mans.

Beaucoup savent qu’Enzo Ferrari ne se déplaçait pas sur les circuits et qu’il n’assistait pas aux 24 Heures du Mans 1966.

La décision de faire arriver les 3 Ford qui prenaient les 3 premières places ensemble a bien été prise et la décision des organisateurs de faire gagner celle qui partait le plus loin sur la grille de départ a bien eu lieu. Le fait que la voiture de McLaren – Amon devance légèrement celle de Miles – Hulme ne fut pas la raison du classement final. La troisième MKII, celle de Bucknum – Hutcherson, avait 12 tours de retard et resta en vérité derrière les voitures qui la devançaient. Par contre, contrairement au film, l’arrivée se déroula sous une pluie battante et pas sous un soleil printanier.

Ford-GT40-MKIV- Solido-Miniature-Photo-Thierry-Le-Bras

Ford-GT40-MKIV- Solido-Miniature-Photo-Thierry-Le-Bras

Et malheureusement, Ken Miles s’est vraiment tué quelques semaines plus tard lors d’une séance d’essais à laquelle assistait son fils. Il essayait une évolution de la GT40 MKII qui deviendrait MKIV et remporterait les première et quatrième places au Mans 1967 aux mains des équipages Gurney-Foyt (N°1) et McLaren-Donohue (N°2). Des photos de voitures miniatures au 1/43ème contribuent à l’illustration de cette note. Car les Ford GT40 MKII et MKIV furent naturellement reproduites, notamment par Mebetoys et Solido, tout comme la Ferrari P3 (Solido entre autres).

Ford-v-Ferrari - Affiche

Ford-v-Ferrari – Affiche

Nonobstant de petites inexactitudes, je retiens du film Le Mans 66 2 Heures 33 de bonheur ! Des voitures magnifiques, des acteurs interprétant leurs personnages avec justesse. Des bruits de moteurs rappelant le temps des gros prototypes atmosphériques, des duels de géants. Un film à ne pas manquer !!!

QUELQUES LIENS

DESIGNMOTEUR raconte l’héritage Ford Racing http://www.designmoteur.com/2016/06/heritage-ford-racing-performance/

Pole Fiction, storytelling d’un projet de fictions mécaniques mis au point par les animateurs des sites circuitmortel & designmoteur http://circuitmortel.com/?p=3795

Quelques véhicules inoubliables des sixties http://circuitmortel.com/2017/02/quelques-vehicules-inoubliables-des-sixties/

Les souvenirs de Philippe Georjan, 14 ans n 1966 http://polarssportsetlegendes.over-blog.com/2016/11/les-souvenirs-epiques-de-philippe-georjan-16-ans-en-1968.html

Le Mans 1949 – 1974, les années mythiques, 100 photos rares, un album Ouest-France à découvrir absolument si vous aimez la course automobile http://bit.ly/2sYCln9

Thierry Le Bras

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