Par définition, un pilote se donne à fond et va chercher l’extrême limite à chaque freinage, à chaque appui, à chaque ré-accélération. Résultat, de temps en temps, il dépasse la limite.
La sortie de route cause plus ou moins de dégâts selon la vitesse, la présence ou non d’une zone de dégagement, les obstacles et le facteur chance. « Les indulgences de Saint-Christophe sont limitées », écrivit un jour Ludovic Bellanger en commentant un rallye dans Presse Océan. Rares sont les pilotes qui ne cassent pas une auto de temps en temps.

Simca-1000-Rallye-2 – 1973 – CC-Saint-Gouëno- Photo-Thierry-Le-Bras
De toute façon, « un pilote qui ne sort jamais est un pilote qui ne se donne pas à fond », déclara Jacques Cheinisse lorsqu’il dirigeait l’Écurie Alpine. La Simca 1000 Rallye 2 ci-dessus a connu un moment difficile à la Course de côte de Saint-Gouëno 1973. De la tôlerie et de la mécanique en perspective avant de revenir limer le bitume.
Frôler la correctionnelle
La frontière entre le paradis et l’enfer se révèle très mince.

Simca-1000-Rallye-2 – 1974 – CC-Saint-Germain-sur-Ille- Photo-Thierry-Le-Bras
Un freinage ultra tardif, un appui impressionnant, une trajectoire si tendue qu’il n’y a plus de place pour un doigt entre la voiture et le rail (ou la botte de paille) relèvent du génie d’un pilote en état de grâce…

Porsche-930- 1982 – CC-Saint-Germain-sur-Ille- Photo-Thierry-Le-Bras
Un détail cause la simple frayeur sans conséquences ?

Tarrès-Martini-MK-28-T – 1982 – CC Saint-Gouëno – Photo-Thierry-Le-Bras
Une course se gagne en pilotant mieux que les autres. Cela veut dire attaquer, trouver la trajectoire parfaite, la bonne marque de freinage, le tout en n’oubliant pas sa tête à la maison et en adaptant le matériel à son pilotage. Une frayeur constituera souvent une expérience profitable.

Alfa-Romeo–2000-GTV- 1973 – CC-Saint-Germain-sur-Ille- Photo-Thierry-Le-Bras
Si un fossé traverse la route – car un pilote n’aime pas avouer qu’il en a fait trop -, de nouvelles pièces rejoindront la machine. Par nature, tout pilote est un homme pressé. La belle dévoreuse de bitume n’aura pas toujours le temps de se refaire une beauté avant de revenir se battre contre le chrono et ses rivales. La peinture complète attendra un peu. De toute façon, des couches de peinture en moins signifient moins de poids inutile à trainer.
Ça ne passe pas toujours
Le week-end avait pourtant bien commencé ce dimanche de printemps.

Gerbout-Proto-Gerbout- 1 -1973- CC-Saint-Germain-sur-Ille – Photo-Thierry-Le-Bras
Sortie un peu large.

Gerbout-Proto-Gerbout- 2 -1973- CC-Saint-Germain-sur-Ille – Photo-Thierry-Le-Bras
Puis les ennuis vont commencer…

Gerbout-Proto-Gerbout- 3 -1973- CC-Saint-Germain-sur-Ille – Photo-Thierry-Le-Bras
Une touchette, et un capot détruit. Pas trop de casse cependant. La Gerbout repartira à la deuxième montée. Certes, avec un coefficient aérodynamique modifié, mais en course. La voiture et le pilote poursuivront leur carrière et reviendront à Saint-Germain – sur – Ille l’année suivante.
Le problème qui se paye au prix fort
Il arrive que le pépin matériel ou la faute de pilotage se paye au prix fort.

Migui – Fiat-128 – ACL – 1974 ( CC-Saint-Gouëno – Photo-Thierry-Le-Bras
Le fer à cheval du tracé de Saint-Gouëno ne porte pas toujours bonheur. Je ne sais plus si le pilote de ce coupé Fiat 128 fut victime d’un problème de freins ou déclencha trop tard l’action destinée à ralentir sa voiture. Frayeur pour lui, pour quelques spectateurs et beaucoup de casse. La voiture reviendra sur l’épreuve, réparée. Objets animés, avez-vous donc une âme ? Évidemment. Les voitures et motos de course ne sont pas des objets comme les autres. D’ailleurs, elles expriment leur personnalité par leurs rugissements, des cadeaux sous forme de sensations fortes, elles infligent des punitions si elles se sentent maltraitées. Elles ne savent cependant pas partager leurs sentiments lorsqu’elles retournent sur les lieux de leurs exploits ou de leurs souffrances.

Le-Bras-VW-Golf-GTI – 1980 – Plumeliau – Photo-Team-TLB
Ce n’est jamais drôle de rentrer de week-end avec une auto pliée sur le plateau. Croyez-moi, j’en sais quelque chose. La Golf cassée, c’est la mienne à Pluméliau en 1980. Un choc violent dans le dernier droite où se situait la ligne d’arrivée. . Des chocs violents, devrais-je dire. Décrochage de l’arrière à fond absolu, premier choc de l’arrière gauche contre le talus avec perte d’une roue, renvoi dans le fossé de droite comme une bille de flipper, retour sur le goudron en tonneau par l’avant… Résultat, une caisse, un petit passage par la case hôpital de Pontivy pour le pilote (moi en l’espèce) et… une victoire de classe quand même car je suis sorti après la ligne d’arrivée tracée dans ce fameux dernier droite ! C’est aussi ça la course, les moments les plus fabuleux qui puissent exister et quelques coups durs.
QUELQUES LIENS
DESIGNMOTEUR présente des photos de la Traversée hivernale de Paris 2019 https://gotmdm.com/auto/2019/01/photos-traversee-paris-hivernale-epoque/
Un bon week-end de course en VW Golf GTI https://bit.ly/2NQPBnX
Quelques livres que j’ai commis (dont plusieurs sur fond de sports mécaniques) https://bit.ly/2FYZvnp
Thierry Le Bras