Enfin, après des années d’interruption, de discussions, le Grand-Prix de France renaît de ses cendres. Un grand bonheur pour les passionnés de course automobile.
Le retour du Grand-Prix coïncide en outre avec une période favorable. La France compte trois jeunes pilotes dont nous pouvons espérer qu’ils feront partie des vainqueurs de la discipline reine dans un délai raisonnable. Esteban Ocon, Pierre Gasly et Charles Leclerc font preuve de talent et de maturité. De futurs grands qui s’empareront d’une distinction qu’Olivier Panis leur cédera volontiers, celle de dernier vainqueur français en F1.

Nico-Hülkenberg – F1- Renault- 2018
A ce bonheur de retrouver des pilotes compétitifs au plus haut niveau s’ajoute celui d’une écurie Renault de plus en plus performante. Si trois top teams restent devant sans aléas, Nico Hülkenberg et Carlos Sainz réussissent de très belles performances avec leurs monoplaces 2018. J’ai souvent écrit tout le bien que je pense de Nico. Il mérite à mon sens le volant d’une voiture capable de gagner. Je suis convaincu qu’il la trouvera avec Renault et que son équipier, s’il ne part pas vers d’autres horizons, sera également susceptible d’apporter des lauriers à notre équipe nationale.
Le Grand-Prix de France s’est organisé sur divers circuits. Mes souvenirs d’enfance réveillent les noms de Reims, Rouen, Charade, du Mans… Plus tard viendront le Paul Ricard, Dijon, Magny-Cours. C’est à la piste varoise que revient l’honneur d’accueillir la F1 cette année. Certains s’en réjouissent, d’autres auraient préféré un site plus proche de chez eux ou lié à des temps forts qu’ils ont vécu personnellement. J’avoue aimer beaucoup Magny-Cours. Mais le principal est bien que le Grand-Prix ait lieu et se pérennise. Le Paul Ricard, chargé d’histoire de notre sport préféré, représente évidemment un choix opportun et respectable.
Sur un site de Grand-Prix
J’ai eu l’occasion de me rendre plusieurs fois à Magny-Cours à la fin des années 90 et au début des années 2000.

Affiche-course-à-Magny-Cours-1964
Dans mon esprit, ce site s’associait à un petit village régulièrement pris d’assaut par des pilotes, à des pages d’histoire du sport automobile français, ainsi qu’à une épreuve ouverte aux amateurs, les 100 tours. Au cœur des années 70, cette piste accueillait chaque année au mois de juillet une course où deux pilotes se relayaient sur la même voiture jusqu’à ce que le meilleur équipage ait parcouru 100 tours. Une année, les pilotes de voitures des groupes 1 et 3 roulaient. L’année suivante, les machines des groupes 2 et 4 (voire peut-être 5) prenaient le relais.
Magny-Cours devint également un site d’essais, notamment pour les teams français. Puis le circuit changea de dimension et des ambitions à la hausse aboutirent à l’accueil du Grand-Prix de France et à la venue régulière de teams en essais privés. Ce fut dans ce cadre que je découvris finalement Magny-Cours.
En septembre 1997, je m’y suis rendu afin de réaliser une interview d’Olivier Panis qui, après l’accident du Canda, préparait son retour au GP du Luxembourg sur la Prost-Mugen-Honda. Un ami m’accompagnait. Nous avons logé à l’Holiday Inn situé aux portes du circuit. Un court passage dans la Nièvre puisque nous sommes arrivés un après-midi et repartis le lendemain en fin de matinée. Séjour gastronomique aussi car à l’occasion de notre visite, nous avons cédé le soir à la tentation d’un restaurant de Nevers dont je me souviens encore, vingt ans après.

Olivier-Panis- 1998 – Magny-Cours -Photo-Thierry-Le-Bras
Je suis retourné deux fois à Magny-Cours interviewer le vainqueur du Grand-Prix de Monaco 1996 au premier semestre 1998. Il séjournait là-bas à l’occasion de séances d’essais privés, plus fréquentes à l’époque qu’aujourd’hui, la réglementation ayant changé sur ce point.

Olivier-Panis – BAR-Honda -2002 – Magny-Cours – Photo-Thierry-Le-Bras
J’ai ensuite assisté à plusieurs éditions du Grand-Prix de France, en 2001, 2002 et 2003. J’aime bien le cadre de Magny-Cours. En outre, il était possible d’y réaliser des photos intéressantes sans accréditation spéciale photographe.

ccréditation-Grand-Prix-de-France-2002-Photo-Thierry-Le-Bras
L’attaché de presse du circuit à l’époque délivrait des accréditations à des personnes ne travaillant sur toutes les courses de l’année. J‘ai bénéficié de cet usage. Certes, tous les lieux ouverts à la presse automobile accréditée pendant l’ensemble de la saison F1 n’étaient pas accessibles pendant tout le week-end avec ces accréditations dites Presse 2, mais elles offraient tout de même de nombreux avantages.
Une anecdote curieuse de l’édition 2001 m’a marqué. Le dimanche, la monoplace McLaren-Mercedes de Mika Häkkinen ne prend pas le départ. Le double champion du monde finlandais n’a pas pu participer au Grand-Prix, un problème de boite de vitesses étant intervenu au moment du tour de mise en grille. Une très mauvaise année pour Mika qui collectionna les problèmes mécaniques durant sa dernière saison en F1. J’étais très déçu car j’ai toujours beaucoup apprécié ce pilote. En outre, un copain m’accompagnait. Un fan absolu de Ferrari qui ne cachait pas sa joie de voir une McLaren out avant le départ. Nous étions de surcroît le 1er juillet, jour de ma fête, ce que mon camarade ne laissa pas passer. J’ai entendu pas mal de « ben c’est ta fête Thierry ». Cet épisode excita plus tard mon imagination d’auteur de romans et nouvelles. Ayant lu les jours suivants un article évoquant la possibilité d’attaques de hackers en F1, j’ai intégré cette éventualité dans mon polar CHICANES ET DÉRAPAGES de Lorient au Mans. Pourquoi un prototype Vivia qui dispute la saison d’endurance connaît-il d’inexplicables problèmes de coupures moteur à Istamboul, à Spa, puis aux essais des 24 Heures du Mans ? Les mécaniciens et les ingénieurs de l’écurie ne comprennent rien. Le team recevant des menaces depuis plusieurs mois, le lien avec des actes de malveillance s’impose. David Sarel qui pilote une GT de l’équipe et ses proches vont enquêter. Ils auraient préféré pouvoir concentrer tous leurs efforts sur la course… La réalité a-t-elle dépassé la fiction à certaines occasions dans le vrai monde de la course ? Nous ne le saurons sans doute jamais.
J’ai failli assister à la première victoire de Kimi Räikkönen
Kimi Räikkönen fut très proche de remporter sa première victoire à Magny Cours en 2002. Surdoué du pilotage, Kimi domina les trois quarts du Grand-Prix de France devant sa Majesté le Baron Rouge en personne.

Kimi-Räikkönen – McLaren-Mercedes -2002 – Magny-Cours – Photo-Thierry-Le-Bras
Le Finlandais pilotait pour McLaren à cette époque. Hélas, le chat noir qui ronronna trop souvent dans son habitacle le griffa sauvagement. Les Dieux préféreraient-ils le feu à la glace ?

Michael-Schumacher – Ferrari- 2002 – Magny-Cours -Photo-Thierry-Le-Bras
En tout état de cause, en juillet 2002 sur la piste de Magny-Cours, Kimi arriva au freinage d’Adélaïde sur la traînée d’huile laissée par un concurrent dont le moteur agonisait. Surpris, il frôla la sortie de piste, manqua de tirer droit dans l’herbe, rata le point de corde et ne put pas ré-accélérer immédiatement.
Quelques longueurs derrière son rival, le rusé Schumacher n’en demandait pas tant. S’il avait mené la course, il n’aurait pas pu éviter l’aléa qui s’abattit sur Kimi. Sa seconde place le sauva. Voyant Kimi en perdition, il freina avant l’huile, s’engouffra à l’intérieur de l’épingle, et ré-accéléra devant Kimi. Michael remporta le GP de France 2002. Kimi monta sur la seconde marche du podium.
Un diplôme sympathique à Magny-Cours
Il m’a demandé moins d’efforts que mon bac puis ma Maîtrise en droit des affaires, mais il fut plus ludique que les dissertations, commentaires d’arrêts et autres consultations. Ce jour-là, pas de stress, pas d’angoisse du résultat, que du plaisir ! C’était le 16 avril 2003. Olivier Panis venait inaugurer le nouveau tracé du circuit du Grand-Prix de France à Magny-Cours.

Baptême-d-un-bateau-à-La-Trinité-sur-Mer
Je finalisais alors sa biographie officielle. Arnaud d’Apremont, à la fois attaché de presse du Grand-Prix de France et éditeur du livre (dans le cadre de sa société Hêtre Éditions), m’avait invité. Voilà pourquoi j’ai assisté à cette journée durant laquelle j’ai croisé quelques têtes d’affiche de TF1 (à l’époque) dont Évelyne Dhéliat, Laurence Ferrari, Thomas Hugues, Christophe Dechavanne, Christophe Malbranque… Et aussi Jacques Laffite déjà rencontré fin 1999 à l’occasion du baptême d’un bateau de course que j’avais organisé à La Trinité sur Mer. Anne Panis était marraine du voilier. Jacques, parrain, l’avait aidée à casser la traditionnelle bouteille de Champagne à la première tentative.
Le meilleur moment de la journée, ce ne fut pas l’heure de la sortie, loin s’en faut, mais au contraire celui d’entrer dans la classe monoplace ! Des baptêmes de piste étaient proposés aux invités sur divers types de véhicules.

Mathieu-Zangarelli
Je choisis pour ma part de monter dans la Formule Renault biplace pilotée par Mathieu Zangarelli, un jeune pilote très performant qui s’est fait remarquer dans les formules de promotion. Les sensations sont fantastiques. L’adhérence de la monoplace se révèle incroyable. Pilotée par un garçon de la trempe de Mathieu, la voiture donne une impression de sécurité absolue. Le pilote change de passager tous les deux tours.

Tours-de-piste-à-Magny-Cours-avec-Mathieu-Zangarelli
Dommage, j’aurais bien poursuivi l’expérience plus longtemps avant de recevoir mon diplôme. J’ai couru plusieurs saisons au volant de voitures de tourisme, mais j’avoue que la monoplace procure un autre plaisir…
QUELQUES LIENS
DESIGNMOTEUR présente la Brabham BT62, héritage de la philosophie d’un grand champion de F1 qui fut aussi ingénieur et constructeur https://gotmdm.com/auto/2018/06/brabham-bt62-supersportive-v8/
F1 sensations extrêmes, souffrance, jouissance, ou le résumé d’une vie de pilote http://circuitmortel.com/2016/02/quand-la-f1-offre-des-sensations-extremes/
La fan du pilote http://circuitmortel.com/2016/03/la-fan-du-pilote/
David Sare joue l’intox en F1 https://bit.ly/1JaMD3y
L’affaire du diamant, une véritable intrigue policière sur une piste de F1 http://circuitmortel.com/2016/05/un-diamant-disparait-au-gp-de-monaco/
Thierry Le Bras