Partager la publication "Porsche au Tour Auto, spectacle et performances assurés !"
La firme de Stuttgart appartient aux légendes de la course automobile. Porsche s’associe naturellement au rallye, au circuit. Le Tour Auto a logiquement fait partie des terrains de jeu des Porsche. La firme a fourni des contingents importants de compétitrices redoutables aux organisateurs de l’épreuve.
J’avoue un faible pour les marques qui assurent une présence constante en compétition, commercialisent et homologuent des versions clients permettant à des privés de briller ou au moins de se faire plaisir. A ce niveau, Porsche a toujours affiché un comportement intéressant. Quand la firme engage des protos disputant la victoire en endurance, elle n’oublie pas pour autant les GT, les coupes de la marque, les rallyes, les courses de côtes.

Wegner-Bill – Porsche-911-ST -2- 2003 – Tour-Auto- Photo-Thierry-Le-Bras
Porsche a marqué le Tour Auto comme tant d’autres épreuves. Deux victoires scratch apparaissent au palmarès. 1969 d’abord, avec Gérard Larrousse et Maurice Gélin sur une 911 R, puis 1976 grâce à Jacques Herny et Bernard-Étienne Grobot avec une Carrera. Un nombre impressionnant de victoires de groupe (groupe 3, GT de série), une domination du Grand National Tour Auto (le petit frère accueillant quelques saisons les licenciés nationaux) contribuent également à l’empreinte Porsche sur le Tour. Sans oublier Michèle Mouton et Anny-Charlotte Vernay, des femmes qui auraient pu inspirer Michel Sardou dans le titre où il chante « l’amalgame de l’autorité et du charme ». En 1977, Michèle, associée à Françoise Conconi, termine seconde au scratch (et première du groupe 3) derrière la Stratos de Bernard Darniche – Alain Mahé. La même année, Anny Charlotte, secondée par Denise Emmanuelli, s’empare de la quatrième place au général ! Les femmes ont joué dans la cour des grands avec leurs Porsche !

Mathai-Jodexnis – Porsche-914-6 – 2003 -Tour-de-France-Auto – Photo-Thierry-Le-Bras
Et nous ne citerons pas non plus tous les pilotes bien connus qui ont disputé au moins une fois le Tour en Porsche. José Dolhem (le demi-frère de Didier Pironi), Guy Fréquelin, Bernard Béguin, Jacques Almeras, Jurgen Barth, Raymond Touroul, Thierry Sabine, Guy Chasseuil, Claude Ballot-Léna, Pierre Bos…
La lignée 911
Un style, une tradition, un héritage qui, dignement dévolu aux bonnes personnes, a fructifié dans le respect de la passion automobile.
Encore aujourd’hui, une 911 GT3 ne saurait renier le lien de filiation avec ses ascendantes qui dévoraient le bitume des ES de rallyes, circuits et courses de côtes depuis la deuxième moitié des années 60.

Wegner-Bill – Porsche-911-ST -1- 2003 – Tour-Auto- Photo-Thierry-Le-Bras
La 911 S/T orange photographiée ici au Tour Auto 2003 est un modèle rare. Elle fut fabriquée à seulement 33 exemplaires en 1970 et 1971. Homologuée en groupe 4, elle se montrait aussi redoutable en rallye qu’en circuit. Ses moteurs, le 2.195 cm3 de 180 cv des 911 S et un 2.3 L en circuit, faisaient merveille. Parmi les victoires de ces modèles Porsche 911 à l’époque, nous mentionnerons le Rallye de Monte-Carlo 1970 grâce à l’équipage Waldegaard – Shell,
La même année, Gérard Larrousse et Maurice Gélin terminaient troisièmes du Tour Auto avec une 911 au grand méchant look arborant des ailes élargies. Ils étaient juste devancés par deux prototypes Matra MS 650 (nous l’avons raconté ICI http://circuitmortel.com/2018/04/des-matra-et-des-ligier-ont-remporte-le-tour-de-france-automobile/ )

Wegner-Bill – Porsche-911-ST -3- 2003 – Tour-Auto- Photo-Thierry-Le-Bras
Parmi les arguments des Porsche auprès du public en rallye, leur aptitude au spectacle. Moteur arrière, roues arrière motrices, la famille 911 des années 60 et 70 glissait volontiers. Elle ne rechignait pas à lever la roue avant intérieure à l’occasion. Une véritable acrobate entre les mains de pilotes généreux à une époque où les pneumatiques et suspensions ne garantissaient pas de rester collé au bitume. Plus les liaisons au sol se révèlent efficaces, plus les chronos tombent. Mais un peu de glisse enchante les photographes et amuse le pilote !
En 1971, la 911 grimpe une marche supplémentaire de l’escalier de la gloire en jouant avec Steve McQueen dans l’excellent film Le Mans. Car si Steve, alias Michael Delaney, pilote une 917 Gulf au fil du scénario, il apparaît dans les premières minutes au volant d’une très belle 2,2 S couleur gis ardoise (Steve McQueen, l’homme et Le Mans http://circuitmortel.com/2015/11/steve-mcqueen-lhomme-et-le-mans/ )

Rey-Eberhard- Porsche-911-3-0-l-RSR -1- 2017 – Tour-Auto- Photo-Thierry-Le-Bras
C’est cependant en course et pas à Cannes que les modèles successifs de 911 veulent des lauriers. Et bien que des Porsche à moteur avant soient à l’étude (924 et 928), la 911 se voit offrir des moteurs plus puissants, plus compétitifs en course. Un 2,4 L en 1971 poursuit la trajectoire dans cette direction. Puis, en 1973, la Carrera 2,7 L RS franchit un cap supplémentaire. Une bête de course construite en série, le rêve de l’homo pilotus concrétisé ! Une auto performante partout, en rallye, en circuit, en course de côte et même plus tard en Rallycross.

Miloe-Miloe – Porsche-911-Carrera-RSR -1- 2003 – Tour-Auto- Photo-Thierry-Le-Bras

Miloe-Miloe – Porsche-911-Carrera-RSR -4- 2003 – Tour-Auto- Photo-Thierry-Le-Bras
La Carrera sera rapidement homologuée avec un moteur 3 litres. Au fil des années, ses ailes s’élargiront et les pare-chocs s’épaissiront.
Quel jeune pilote amateur n’a pas rêvé de disputer Le Mans dans une Porsche Carrera ? Elle était l’auto qui nous semblait la plus abordable en raison de sa robustesse, du nombre relativement important d’exemplaires existant, de notre optimisme quant à la possibilité de l’exploiter tandis que les protos nous paraissaient trop éloignés de ce que nous connaissions. Cette raison justifie à elle seule l’amour des Porsche. L’auto se révélait certes un peu délicate à amener, mais qu’importe. Rouler dans une GT performante, ça se mérite. J’ai vu la même Carrera courir en course de côte, en rallye, et au Mans la même saison. C’était en 1976, un autre siècle, un temps où tout semblait possible. Un temps où des amateurs bretons gagnaient la catégorie Grand Tourisme au Mans (cf http://circuitmortel.com/2015/12/24-heures-du-mans-1976-la-porsche-des-bretons-lemporte-en-gt/ )
914/6, les regrets d’une aventure écourtée
Je ne vais pas faire l’unanimité, je le sens. Je vous confie d’entrée chers lecteurs que ce modèle fait partie de mes préférés chez Porsche. Pourquoi ? A cause de ses qualités sportives bien sûr. Rappelez-vous la superbe 6ème place au scratch assortie d’une victoire en GT de l’équipage Guy Chassseuil – Claude Ballot-Léna aux 24 Heures du Mans 1970. Pas mal pour une voiture équipée d’un petit moteur de 220 cv ! Dans des conditions météorologiques difficiles (beaucoup de pluie), la 914/6 avait supplanté les 911 S et les Corvette qui n’appréciaient guère l’adhérence précaire.

Schachtneider- Korffmacher – Porsche-914-6-2 – 2003 -Tour-de-France-Auto – Photo-Thierry-Le-Bras
La Porsche 914 est dévoilée en 1969 avec deux motorisations, un 4 cylindres 1,7 L Volkswagen et un 6 cylindres de 2 L 110 cv qui sera remplacé par un 2.2 L de 125 cv pour lequel Sonauto, importateur Porsche en France, proposera un kit 150 cv. Son look carré et symétrique (l’avant et l’arrière se ressemblent), ses phares escamotables et son toit rigide amovible lui confèrent une originalité incontestable. La 914 ne devait ressembler ni à la 911 ni à une VW. La première motorisation en fait le modèle sportif de VW. Le 6 cylindres Porsche offre théoriquement un modèle d’entrée dans la gamme de Stuttgart. Son avantage, le positionnement central du moteur qui assure un centre de gravité et un équilibre gages de comportement sain et efficace. Son handicap, une originalité qui ne positionne pas suffisamment l’acheteur parmi les possesseurs de Porsche. Autrement dit, malgré toutes ses qualités, la 914/6 ne satisfait pas le snobisme de certains clients. Reconnaissons que la 914/6 arrive en concession à un tarif proche du premier modèle 911, qu’elle n’offre pas de places de secours à l’arrière et que son design spécifique ne convainc pas tout le monde. Certains clients potentiels craignirent peut-être aussi de perdre beaucoup d’argent le jour où ils la revendraient d’occasion.

Schachtneider- Korffmacher – Porsche-914-6-1 – 2003 -Tour-de-France-Auto – Photo-Thierry-Le-Bras
Le Marathon de la route 1970 confirme l’énorme potentiel sportif de la petite nouvelle. Au bout des 86 heures de l’épreuve disputée sur le grand circuit du Nürburgring, les trois 914/6 engagées monopolisent tout simplement les trois premières places!
Au Tour Auto 1970, Sonauto confie une 914/6 à Claude Ballot-Léna. Navigué par Jean-Claude Morénas, il finit sixième. Son compère des 24 Heures du Mans, Guy Chasseuil, fait mieux avec une 911. Associé à Christian Baron, il pointe à la quatrième place. Une autre 914/6, celle d’Henri Balas et André Imbert, finit huitième.

Cruz-Simoes – Porsche-914-6 -1- 2003 -Tour-de-France-Auto – Photo-Thierry-Le-Bras
La carrière de la Porsche 914/6 bascule sur les spéciales du Monte-Carlo 1971, Porsche en engage trois, comme au Marathon. Les voitures manquent de mise au point. Gérard Larrousse, un de leurs pilotes, décèle un potentiel énorme mais souligne le besoin de développement et suggère un travail sur la direction qui se révèle trop lourde. Les ingénieurs de Porsche demandent à Waldegaard ce qu’il en pense. Les bras de bûcheron du grand Bjorn ne souffrent pas du poids de la direction. Par contre, il préfère la bonne vieille 911 qu’il connaît par cœur à sa cadette. Grand pilote sur le terrain mais moins sensible que son équipier français au développement d’une voiture, Bjorn ne sent rien à améliorer sur la 914/6. Au Monte-Carlo, il réalise de meilleurs temps que Gérard Larrousse, sans doute beaucoup parce que son physique lui permet de ne pas souffrir du poids de la direction. Larrousse et Andersson abandonnent tous les deux sur problèmes d’embrayage. Waldegaard se classe troisième après avoir remporté 9 spéciales.

Cruz-Simoes – Porsche-914-6 -2- 2003 -Tour-de-France-Auto – Photo-Thierry-Le-Bras
Porsche décide de revenir à la 911 S, d’autant que la 914/6 ne connaît pas un succès énorme auprès de la clientèle. La production de la 914/6 sera arrêtée dès 1972. La 914 4 cylindres sera fabriquée jusqu’en 1976. La voiture a davantage séduit les américains que les européens. Quand on y réfléchit pourtant, la Porsche 914/6 adoptait avec plusieurs années d’avance la structure de la Stratos qui domina longtemps les rallyes mondiaux : une GT à moteur central, construite en fonction d’un équilibre des masses idéal.

Porsche-914-6 -Lancia-Stratos- 2003 -Tour-de-France-Auto – Photo-Thierry-Le-Bras
Porsche a-t-il raté l’occasion de développer l’arme absolue en GT ? Imaginez des évolutions de la 914/6 avec les motorisations qui permirent aux diverses évolutions de Carrera RS de s’imposer dans tant d’épreuves partout dans le monde. Pas question pour autant de critiquer la marque de Stuttgart. Un constructeur doit tenir compte de l’ensemble des contraintes et finalités qui assurent son développement. Or pour gagner des courses, il faut d’abord se donner les moyens de courir, donc vendre des voitures de série à ses clients. Porsche a remarquablement réussi ce challenge au fil du temps.
Et à défaut d’avoir construit le palmarès qu’elle méritait, la 914/6 apporta sa pierre à l’édifice Porsche. Elle court toujours et fait désormais le bonheur des pilotes de VHC.
QUELQUES LIENS
DESIGNMOTEUR présente la Porsche 911 GT3 RS https://gotmdm.com/auto/2018/02/porsche-911-gt3-rs-520hp-moteur-4l/
Des Porsche au tempérament de feu, un Rallye à La Baule, 1969 http://circuitmortel.com/2016/05/navigateur-au-rallye-de-la-baule-1969/
69, année… automobile. C’était le temps des Porsche 917 et 914 http://circuitmortel.com/2016/05/69-annee/
Les plus grands moments de l’histoire Porsche en course racontés en BD http://circuitmortel.com/2018/01/les-grandes-victoires-porsche-racontees-en-bd/
Les souvenirs épiques de Philippe Georjan incluent évidemment des Porsche http://bit.ly/2h2yxul
Thierry Le Bras