Partager la publication "Fiat et Ferrari dessinées par Pininfarina, forcément présentes au Tour Auto !"
Ces constructeurs italiens nous ont offert avec le concours de Pininfarina des machines flamboyantes, des joyaux toujours présents dans les mémoires des amoureux d’automobile qui ont connu les années 60 et 70.
Qu’il s’installe dans le baquet d’une Fiat ou d’une Ferrari, un pilote n’a qu’un objectif, signer les meilleurs chronos possibles, mener sa machine à l’extrême limite, atteindre un niveau de performance que personne au monde ne pourrait égaler à cet instant. Voilà pourquoi j‘affirme qu’une voiture en appui, en trajectoire, offrant un visuel qui traduit ses qualités et les efforts de son pilote est toujours belle. Surtout quand elle est habillée par un maître de la haute couture automobile.

Degand-Jousse – Ferrari-365-GTB4-Daytona- 2003 -1 -Tour-Auto – Photo-Thierry-Le-Bras
Le groupe Fiat contrôlant Ferrari et Lancia disposa de modèles compétitifs dans de nombreuses épreuves dont le Tour Auto. Avant la Lancia Stratos et la Fiat 131 Abarth, d’autres machines du groupe s’étaient illustrées au Tour Auto. D’eux d’entre elles m’ont particulièrement fasciné, la Fiat 124 Abarth Spider et la Ferrari 365 GTB/4 Daytona.
Fiat 124 Abarth spider
Qui aurait pu rester indifférent au Spider Fiat 124 ? Un dessin signé Pininfarina, à la fois sobre et charmeur. La première version apparaît au salon de Turin 1966 avec un petit moteur de 1.438 cm3 qui développe 90 cv. Elle sera produite pendant près de vingt ans avec des motorisations évoluant au fil des réglementations relatives à la pollution.

Fessl – Schraml – Fiat-124-Abarth- 2003 -1 -Tour-Auto – Photo-Thierry-Le-Bras
Le spider ne se contente pas de porter beau. Son équilibre général le rend efficace en conduite sportive. Sa robustesse inspire confiance. Son prix reste raisonnable. Il n’en fallait pas plus pour conquérir des pilotes amateurs. Dès 1969, des privés l’engagent en rallye. Les résultats encourageants décident Fiat à apporter son soutien sans franchir encore le pas d’engagements officiels. Une version un peu plus puissante (le moteur est passé à 1.600 cm3) permet à Alcide Paganelli de remporter le Championnat d’Italie des rallyes en 1970.
En 1971, Abarth devient le département compétition de Fiat qui officialise son engagement en rallye. Luciano Trombotto impose le spider au Rallye de l’Ile d’Elbe. De quoi donner des idées d’évasion vers un plus grand destin. L’année suivante, Raffaele Pinto associé à Gino Macaluso remporte le Rallye de la Costa Brava. L’équipage s’adjugera le titre de champions d’Europe des rallyes. Le Spider Fiat Abarth a remporté onze rallyes sur vingt-et-une participations cette année-là. Parmi ces victoires, les rallyes de l’Acropole et d’Autriche avec l’équipage Linberg – Eisendle.

Fessl – Schraml – Fiat-124-Abarth- 2003 -2 -Tour-Auto – Photo-Thierry-Le-Bras
Homologuée fin 1972 en groupe 4 avec un moteur 1.756 cm3 de 170 cv, la Fiat 124 Abarth entame la saison 1973 avec de grosses ambitions. Ce sera une année Alpine, mais la Fiat pique la concurrence, monte sur les podiums et ne lâche jamais prise. Verini – Torriani terminent deuxièmes au San Remo. Achim Wrambold, navigué par Jean Todt, l’emporte en Pologne. En 1974, son moteur reçoit une culasse 16 soupapes qui lui permet d’atteindre 200 cv. Le Rallye Monte-Carlo ayant été annulé à cause des conséquences de la guerre du Kippour sur l’approvisionnement en pétrole, la saison commence au Portugal. La course se termine par un triplé des Fiat 124 Abarth Spider. Raffaele Pinto et Arnaldo Bernacchini montent sur la plus haute marche du podium. Au final, Lancia remportera le championnat avec sa nouvelle arme fatale, la Stratos. Fiat termine cependant à la seconde place au terme d’une saison très relevée.

Bourbon-Parme – Broglie – Fiat-124-Abarth- 2003 -1 -Tour-Auto – Photo-Thierry-Le-Bras
La 124 gagne 15 chevaux supplémentaires en 1975 grâce à l’injection Kugelfischer. Elle remporte à nouveau le Rallye du Portugal avec Markku Alen et Ilkka Kivimäki. Mais les Stratos sont trop fortes. Le Spider Fiat 124 s’impose toutefois aux championnats d’Italie et d’Europe. Avec elle, Fiat se sera classé quatre fois à la seconde place du championnat du monde des constructeurs. Un beau palmarès ! L’heure de la retraite sportive sonnera bientôt. Au Monte-Carlo 1976, Alen amène son spider à la 6ème place. La 131 Abarth arrive, proche du look d’une berline familiale de grande série. Moins relayé par les médias, le spider Fiat 124 Abarth roulera encore entre les mains de pilotes privés.
Aucune Fiat 124 Abarth Spider ne figure sur les podiums du Tour de France Automobile. A l’époque de son exploitation, des modèles du groupe Fiat s’y sont imposés, Ferrari avec la 365 GTB/4, Lancia avec la Stratos. Une Fiat a remporté le Tour, la petite sœur, 131 Abarth. Elle gagnera en 1978 aux mains de Michèle Mouton et Françoise Conconi. La version historique du Tour de France Auto accueille le coupé Fiat Abarth. De quoi réveiller les souvenirs et réjouir ceux qui aiment cette voiture.

Bourbon-Parme – Broglie – Fiat-124-Abarth- 2003 -2 -Tour-Auto – Photo-Thierry-Le-Bras
Les nostalgiques pourront aussi se consoler en admirant des Abarth 124 Rally contemporaines sur les routes du Championnat de France et du Championnat du monde des rallyes. Fiat a ressuscité l’Abarth dans le cadre d’un partenariat avec Mazda (cf liens ci-dessous). Et la nouvelle Abarth court ! Parmi les défenseurs de ses couleurs, deux jeunes pilotes français prometteurs, Nicolas Ciamin et Raphaël Astier.
La Ferrari 365 GTB/4 Daytona
Ce diamant italien a été présenté au Salon de L’Automobile de Paris 1968. Elle va fêter ses 50 ans !
Pour ma part, je la considère comme la plus belle des Ferrari. Il ne s’agit certes là que d’une impression personnelle, fruit de l’émotion ressentie à une époque où j’étais collégien en découvrant les premières photos du monstre. Une grosse auto, longue de 4,40 m et large de 1,75 m. Des lignes résolument modernes, tendues. L’auto jouira d’une excellente stabilité. Le moteur V12 de 4.390 cm3 (de série) délivre une puissance de 352 chevaux à 7.500 t/mn. Le moteur est disposé à l’avant, derrière l’essieu directeur, et la boite de vitesses à l’arrière, sur l’essieu moteur, offrent une répartition du poids favorable à un bon comportement routier. Les solutions de suspension directement dérivées des modèles de compétition assurent l’efficacité d’une auto tout de même assez lourde. La 365 GTB/4 est à l’époque la voiture de série la plus rapide du monde puisqu’elle atteint avec les rapports de boite d’origine une vitesse de pointe de 280 km/h.

Degand-Jousse – Ferrari-365-GTB4-Daytona- 2003 -2 -Tour-Auto – Photo-Thierry-Le-Bras
Dès sa naissance, la Ferrari 365 GTB/4 Daytona entretient un lien de filiation avec la compétition. L’adjonction du nom du circuit américain à sa dénomination rend hommage aux 24 Heures de Daytona 1967. Ferrari estima y avoir lavé l’humiliation subie au Mans 1966 où trois Ford monopolisaient le podium. Cette fois, trois Ferrari s’imposaient aux premières places sur les terres du rival américain.
« ‘Je pense que la Ferrari 365 GTB/4 fut l’ultime voiture d’une époque et que cette époque fut peut-être la plus belle, celle où les voitures d’exception ne se retrouvaient pas cotées en bourse et où des riches spéculateurs ne les reléguaient pas dans des caches secrètes, aux côtés d’une brassée de Modigliani et de quelques faux Fragonard, en calculant l’instant du bénéfice le plus fructueux et sans être le moins du monde étreints par la pure émotion de l’amateur… »
André Costa – L’Auto-Journal – 40 ans de passion automobile

Mason-Styrron – Mason-Styrron – Ferrari-365-GTB4-Daytona- 2003 -1 -Tour-Auto – Photo-Thierry-Le-Bras
Produire un nouveau modèle devenait une nécessité aux yeux d’Enzo Ferrari dont la 275 GTB aux lignes trop arrondies paraissait vieillissante face au nouvel ORNI (Objet Roulant Non identifié) créé par Lamborghini sous le nom de Miura.
La ligne de la Daytona avec ce pan arrière oblique si particulier est naturellement signée Pininfarina. Le styliste a réussi à suggérer la force que confirme le chrono…
Pierre Gary (Auto Passion – février 1990).
La force est avec la 365 GTB/4 Daytona. Une force que vont déceler ceux qui vont transformer la grosse GT, machine d’autoroute peu agile sur petites routes et au freinage souvent critiqué, en bête de course. Car à l’origine, défendre les couleurs Ferrari sur les pistes ne faisait pas partie des priorités de ses concepteurs. Écarté du Mans et du championnat d’endurance par la limitation de la cylindrée des moteurs des prototypes à 3 litres, Ferrari concentrait ses efforts sur la F1 en 1968 tout en préparant un prototype 312 P qui rappellerait une F1 carrossée (un modèle qui laisserait vite place aux 512, monstres ayant pour mission de contrer les Porsche 917).
L’idée d’engager des Ferrari Daytona en course vient de deux teams privés, le NART de Luigi Chinetti et Charles Pozzi (alors distributeur de Ferrari en France). La Scuderia Filipinetti, créée par Georges Filipinetti, concessionnaire Ferrari à Genève, fera également courir cette auto d’exception. Tout comme l’Écurie Francorchamps de Jacques Swaters et l’ Écurie Maranello Concessionnaires du Colonel Hoare.

Mason-Styrron – Mason-Styrron – Ferrari-365-GTB4-Daytona- 2003 -2 -Tour-Auto – Photo-Thierry-Le-Bras
Autre époque, autres réglementations, autres libertés, autre enthousiasme. Luigi Chinetti a engagé une 365 GTB/4 aux 24 Heures du Mans 1969. La voiture n’est livrée que quelques jours avant l’épreuve. Chinetti va la chercher lui-même à Maranello et la rode sur la route qui mène au Mans ! Faute de production du nombre d’exemplaires indispensable à une homologation en GTS (grand tourisme spécial, autrement dit groupe 4), elle courra en catégorie Sport comme les Ford GT40 et Porsche 917. Qu’importe, le principal est de préparer l’avenir et d’évaluer son potentiel face aux autres GT, particulièrement les Porsche 911. Éliminée dès la première séance d’essais par un accrochage avec une Dino, la Daytona ne prendra pas le départ. Avant l’accident, elle avait été chronométrée à 290 km/h dans les Hunaudières.
Le premier vrai rendez-vous manceau d’une Ferrari 365 GTB/4 du NART aura finalement lieu deux ans plus tard, en 1971. Pilotée par Luigi Chinetti Jr (le fils du patron) et Bob Grossman, elle se classe 5ème au général derrière deux Porsche 917 et deux Ferrari 512. Toujours pas de victoire en GT cependant car la Daytona n’a pas reçu son homologation. Elle court en Sport, dans la même catégorie que les Porsche 917 et Ferrari 512. En GT, elle aurait gagné devant la Porsche 911 S de Raymond Touroul et André Anselme, une auto moins puissante équipée d’un 6 cylindres 2,4 l.

Knapfield-Fawe – Ferrari-365-GTB4-Daytona- 2003 -1 -Tour-Auto – Photo-Thierry-Le-Bras
1971 marque également les débuts d’une 365 GTB/4 toute neuve au Tour Auto. En septembre, Charles Pozzi engage celle qu’il vient de recevoir de Modène au Tour Auto. A son volant, Jean-Claude Andruet, assisté par C. Roure. Une course difficile, perturbée par de nombreux problèmes. La Ferrari se classera dixième. La voiture sœur de la Scuderia Filipinetti pilotée par Vic Elford se hissera à la quatrième place, devancée seulement par une Matra MS 650, une Ferrari 512 M et une Porsche 911 S.
L’écurie Pozzi revient au Tour Auto en 1972. La Ferrari Daytona est désormais homologuée en GTS. Jean-Claude Andruet et Claude Ballot-Léna l’ont imposée au Mans dans sa catégorie. Plus de protos (ou de voitures dites Sport) au départ su Tour. Charles Pozzi engage deux 365 GTB/4, une pour Jean-Claude Andruet et Biche, l’autre pour Daniel Rouveyran (spécialiste de la course de côte) et François Migault. Pari gagné, les Daytona aux couleurs Thomson signeront le doublé ! Vic Elford, à nouveau présent sur une auto de la Scudieria Filipinetti, abandonnera sur accident.

Knapfield-Fawe – Ferrari-365-GTB4-Daytona- 2003 -2 -Tour-Auto – Photo-Thierry-Le-Bras
Les Ferrari 365 GTB/4 Daytona ne viendront plus au Tour Auto. Elles continueront toutefois à jouer les premiers rôles sur d’autres sites de compétition. Quelques exemples. En 1973, Vic Elford et Jean-Claude Andruet s’imposeront au Mans dans la catégorie GTS sur une des machines de Charles Pozzi. Cyril Grandet et Dominique Bardini rééditereront la performance en 1974. La même année, les français Christian Éthuin et Lucien Guitteny partagent une Daytona du NART qu’ils amènent à la 11ème place du général. 1974 marque hélas l’arrêt de la production de ce formidable modèle. Ferrari a produit entre 1.300 et 1.400 GTB/4 Daytona (selon les sources) dont une trentaine connurent les joies de la course. Les mieux développées atteindraient 400 à 450 cv. Des Daytona continueront à chercher les victoires. En 1975, celle de Woodners et Philips s’impose en GT aux 24 Heures de Daytona. En 1976 et 1977, la Daytona que pilotait Vic Elford au Tour Auto 1972 permettra à un gentleman driver suisse de se mettre en valeur en course de côte. Une ex-auto de la Scuderia Filipinetti, qui avait également terminé 7ème au Mans 1972 avec l’équipage Mike Parkes – Jean-Louis Lafosse. A son volant, Nicolas Bührer remporta des victoires en groupe 4. Il fit en outre le bonheur des spectateurs et photographes car la grosse Ferrari à l’attaque sur les tracés étroits de la discipline offrait un spectacle unique.
La liste des pilotes de Ferrari 365 GTB/4 Daytona est impressionnante. Nous y retrouvons José Dolhem, Claude Ballot Léna, Jean-Claude Andruet, Christian Éthuin, Jean-Pierre Jarier, Arturo Merzario, Vic Elford, Jacques Lafitte, Derek Bell, Teddy Pilette, Richard Bond, François Migault, Claude Geurie, Sam Posey, Ronnie Bucknum, Lucien Guitteny, Masten Gregory, Mike Parkes, Jean-Louis Lafosse… Pardon d’avance à ceux que j’oublie.

Monteverde-Pearson – Ferrari-365-GTB4-Daytona- 2003 -1 – Tour-Auto – Photo-Thierry-Le-Bras
Une telle merveille devait faire son cinéma, ou au moins de la télévision. Dans la série policière 2 Flics à Miami, un des personnages principaux, l’inspecteur James « Sonny » Crockett, conduit pendant deux saisons un magnifique cabriolet Ferrari Daytona noir. Détruite au début de la saison 3, la Daytona sera remplacée par une modèle contemporain, une Testa Rossa blanche. Bon, la Daytona ne sortait pas de Maranello. Il s’agissait d’une réplique sur base de Corvette. Pas de V12 sous le capot, juste un V8 américain. La fausse Ferrari a cependant largement contribué au succès de la série. La plupart des téléspectateurs pensent probablement encore que la Daytona noire venait d’Italie.
Le chant du V12 et la beauté de la ligne Pininfarina associaient naturellement la Ferrari 365 GTB/4 Daytona à la fête, à la joie, à un tourbillon de folie. Pour preuve, le témoignage d’un célèbre chanteur français invité par France Gall dans Tous pour la musique, une émission télévisée diffusée le 21 novembre 2007 en hommage à Michel Berger. Avant d’interpréter Je veux chanter pour ceux, l’artiste livre un souvenir lié à ce titre, une confidence inédite.
« Je me souviens d’avoir écouté cette chanson en boucle dans une Ferrari Daytona Rossa en frôlant l’imprudence. »
Christophe
Nul doute que l’alliance d’une création de Michel Berger et d’une Ferrari Daytona Rossa provoque une émotion intense !
QUELQUES LIENS
DESIGNMOTEUR présente l’Abarth 124 rally contemporaine http://www.designmoteur.com/2016/03/abarth-124-rally-300-ch-moteur/
La cuisine de qualité, un art également célébré par les gentlemen drivers http://circuitmortel.com/2016/09/50-ans-de-recettes-automobiles-et-gastronomiques/
Hommage à un grand pilote qui a couru pour Lancia, une marque du grouper Fiat http://circuitmortel.com/2018/01/henri-toivonen-et-sergio-cresto-remportent-le-rallye-de-monte-carlo-1986/
Une Fiat 500 et d’autres voitures d’hier dans la ville http://circuitmortel.com/2017/04/5-voitures-dans-la-ville/
Françoise Sagan, grande amatrice d’automobiles, faillit disputer les Mille miles sur un bolide de son ami Enzo Ferrari http://bit.ly/1IG7PSz
Thierry Le Bras