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Didier Pironi a débuté en F1 en 1978 : 40 ans déjà

Le calendrier de la Formule 1 était un peu différent à l’époque. La saison commençait plus tôt, dès janvier, en Argentine.

Le 15 janvier 1978, un des plus grands pilotes de l’histoire de notre sport automobile national entrait dans la cour des grands. Il s’alignait sur la grille de départ du circuit de Buenos Aires.

Didier-Pironi- pilote-Tyrrell

Didier-Pironi- pilote-Tyrrell

Didier aurait pu courir dans la discipline reine dès l’année précédente. « Ma première proposition en F1, c’est John Surtees qui me l’a faite indirectement, témoigne-t-il. J’y ai répondu d’une manière négative parce que j’estimais que c’était une écurie dans laquelle j’avais beaucoup à perdre et en tout cas pas beaucoup de moyens de m’exprimer ».

Didier Pironi a écouté Jacky Stewart

Sagement, Didier préféra suivre l’avis de Jacky Stewart.

– T’en fais pas, ne prends aucune décision sans me le dire, a conseillé le champion écossais. Je suis certain que tu auras des bons contacts en Formule 1 et certainement un contrat intéressant.

« Quand il m’a dit ça, j’ai tout de suite pensé à Tyrrell, analyse Didier. Car je savais que qu’il était très proche de Ken Tyrrell et qu’il était même un de ses conseillers. »

Didier-Pironi- pilote-Tyrrell - 2

Didier-Pironi- pilote-Tyrrell – 2

Jacky Stewart ne s’est pas trompé. Elf, qui soutient Didier Pironi depuis ses débuts, juge qu’il est mûr pour accéder à la F 1. Ronnie Peterson quitte l’écurie Tyrrell pour aller défendre les couleurs de Lotus. Didier reçoit un appel téléphonique de Ken Tyrrell.

– Si tu viens en Angleterre, nous pourrions nous voir cinq minutes ?

 « J’ai volé là-bas à tire d’aile et j’ai reçu ma première proposition intéressante en Formule 1, rapporte Didier. Ken Tyrrell, pour moi, représentait beaucoup de bonnes choses et j’ai signé sans hésiter un contrat de deux ans qui me satisfaisait complètement. Je ne me voyais pas gagner tout de suite en Formule 1. En effet, je n’étais de toute façon pas mûr. Je ne voyais pas en Tyrrell la meilleure écurie de F1, mais je n’avais pas un choix étendu. Je pensais trouver dans cette écurie, et surtout à travers cet homme, un moyen d’apprendre très vite et très bien mon métier de pilote de F1, et je n’ai pas été déçu du tout parce que, psychologiquement, Tyrrell connaît beaucoup de choses au niveau de l’apprentissage des pilotes et je crois que j’en ai énormément tiré parti. »

Didier-Pironi - Tyrrell-008 - 1978 - 3

Didier-Pironi – Tyrrell-008 – 1978 – 3

Avant la saison 1978, Didier Pironi découvre la F1 sur le circuit Paul Ricard qu’il connaît bien. « Comme premier contact, c’était plutôt déroutant, commente-t-il. J’ai piloté la six roues. J’ai fait une vingtaine ou une trentaine de tours seulement avec cette voiture. »

Didier Pironi dans le peloton des rois de la F1

Après son expérience compliquée avec la six roues, Tyrrell revient à une voiture traditionnelle à quatre roues. A la suite de divergences apparues l’été précédent avec Gardner, Oncle Ken a confié la réalisation de sa nouvelle arme à Maurice Philippe. Autant l’avouer, la Tyrrell 008 ne tiendra pas ses promesses. Elle se révélera lourde, difficile à régler comme à conduire. Mais Didier Pironi ne le sait pas encore au moment où il s’apprête à disputer son premier Grand-Prix.

Didier-Pironi - Tyrrell-008 - 1978 - 2

Didier-Pironi – Tyrrell-008 – 1978 – 2

« Ma première séance d’essais officiels fut quelque chose d’assez exceptionnel, confesse-t-il. Il faut penser que je me suis retrouvé du jour au lendemain avec tous les gens qui me faisaient rêver quelques années plus tôt et que je considérais comme des héros. Je me retrouvais d’un seul coup avec eux sur la même piste lors d’une séance officielle et le circuit de Buenos Aires que je ne connaissais pas. Vis à vis de Tyrrell, j’avais le devoir de me qualifier. J’étais coéquipier de Patrick Depailler. Nous nous sommes retrouvés tous les deux en dernière ligne. La voiture marchait en effet très, très mal. J’étais relativement surpris de ma performance par rapport à celle de Patrick. Il n’y avait pas que moi qui étais surpris. Bref, l’essentiel était de réussir à nous qualifier tous les deux pour la course. J’ai donc couru mon premier Grand-Prix. »

Objectif, franchir le drapeau à damier

Oncle Ken a été clair avec son poulain :

– Tu dois terminer cette course. Tu conduis à la vitesse que tu veux, mais je veux que tu termines la course.

F1-1978- aperçu- du-plateau

F1-1978- aperçu- du-plateau

Didier va s’efforcer de suivre la consigne, conscient des obligations qu’implique l’appartenance au club très fermé des pilotes de F1, un club toujours relevé comme le montre la liste des participants aux Grands-Prix cette année-là.

 « J’ai pris un départ très prudent. J’ai fait les premiers tours très sagement. Et puis j’ai vu qu’un Grand-Prix de Formule 1, c’était difficile. C’était long, surtout qu’il faisait très chaud et que la voiture avait une direction très lourde. J’ai beaucoup souffert ce jour-là. D’abord psychologiquement, en me disant que j’avais énormément à apprendre, beaucoup plus que je ne l’imaginais en tout cas. Et ensuite physiquement, parce que je n’étais pas très entraîné. J’avais fait très peu d’essais. Ce fut vraiment très dur. »

Andretti au volant de la fameuse Lotus 78 à effet de sol remporte la course devant Lauda. Didier Pironi remplit son contrat. Il termine son premier Grand-Prix à un tour des leaders.

Didier-Pironi - Tyrrell-008 - 1978 - 1

Didier-Pironi – Tyrrell-008 – 1978 – 1

Pour son équipe, Didier a mené sa tâche à bien. Mais lui ne se sent pas satisfait.  

« Content de terminer, mais déçu pour plusieurs raisons. D’abord le sentiment d’avoir tellement à apprendre. J’imaginais que c’était un peu plus facile. De plus, ma relative mauvaise performance pas rapport à Patrick m’affectait aussi. Je pensais que je serais plus près des meilleurs. A ma décharge cependant, la voiture était mauvaise. C’étaient les premiers tours de roues que je faisais dedans,  et je n’étais encore familiarisé ni à une F1, ni à cette voiture particulièrement difficile. J’avais donc pas mal de circonstances atténuantes. Mais j’étais vraiment déçu. »

S’il a encore beaucoup à apprendre, Didier Pironi se montrera un élève appliqué et doué. Comme au lycée, comme à l’école d’ingénieurs, comme à l’école de pilotage, comme dans les formules de promotion. Il apprendra méthodiquement, patiemment et intelligemment tout ce qui permet de s’affirmer parmi les meilleurs. Et les résultats ne tarderont pas à concrétiser son ascension vers les sommets.  Son premier point arrivera dès le GP du Brésil, deux semaines plus tard. Rappelons qu’à cette époque, seuls les six premiers marquaient des points.

La-presse-du-monde-entier-rapporte-la-victoire- de -Pironi-Jaussaud-sur-Renault

La-presse-du-monde-entier-rapporte-la-victoire- de -Pironi-Jaussaud-sur-Renault

Et la saison 1978 lui offrira un autre temps fort, la victoire aux 24 Heures du Mans avec Renault ! Le Mans, une course couverte par les médias du monde entier.

Pironi-Jaussaud-célèbrent-leur-victoire-sur-les-Champs-Elysées - 1978

Pironi-Jaussaud-célèbrent-leur-victoire-sur-les-Champs-Elysées – 1978

Remporter Le Mans, l’assurance de la notoriété, surtout pour un pilote français qui gagne sur une marque français associé à un autre pilote français. Nous y reviendrons au mois de juin.

QUELQUES LIENS A SUIVRE

DESIGNMOTEUR présente les photos des F1 qui participent au Championnat du monde de F1 2018 https://gotmdm.com/sport/2018/02/photos-sur-circuit-barcelona-catalunya-f1-testing/

1976 : première participation de Didier Pironi aux 24 Heures du Mans sur une Porsche 934 Kremer http://circuitmortel.com/2016/06/1976-didier-pironi-decouvre-le-mans-au-volant-dune-porsche-934/

Didier Pironi, les années Ligier et Ferrari http://circuitmortel.com/2016/08/hockenheim-avant-au-temps-de-didier-pironi-12/

Didier Pironi Rallyman, c’est arrivé http://circuitmortel.com/2015/12/didier-pironi-au-tour-de-corse/

F1 sensations extrêmes, souffrance, jouissance, ou le résumé d’une vie de pilote (docufiction illustré) http://circuitmortel.com/2016/02/quand-la-f1-offre-des-sensations-extremes/

Thierry Le Bras

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