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Les grandes victoires Porsche racontées en BD

Les Éditions Glénat poursuivent leur œuvre de mémoire du sport automobile au moyen d’albums rapportant de beaux chapitres de son histoire. Cette fois, 7 modèles Porsche figurent au tableau d’honneur.

Porsche ne saurait se résumer à sept voitures, à sept victoires. « Porsche est depuis plus de soixante ans la marque la plus représentée en sport automobile sur circuit ou en rallye, rappelle la quatrième de couverture. La compétition est au cœur de son ADN. » L’album présenté ici est le tome 1 d’une série. Il couvre les années 1952 à 1968.

Denis Bernard signe le scénario de l’album. Les lecteurs fidèles à l’excellente collection Plein Gaz de Glénat le connaissent déjà. Ce spécialiste du sport automobile a participé à plusieurs livres de l’éditeur (Alpine, le sang bleu, Colin Chapman, plusieurs épisodes des 24 Heures du Mans…) ainsi qu’aux Dossiers Michel Vaillant sur Fangio et Pescarolo. Johannes Roussel, son partenaire dans l’aventure est auteur de BD, musicien, photographe et vidéaste. Il travaille régulièrement avec les Éditions Glénat et est notamment coauteur des albums Trajectoires.

Porsche 911 - 2017 - Tour-Auto- Photo-Thierry-Le-Bras

Porsche 911 – 2017 – Tour-Auto- Photo-Thierry-Le-Bras

Des auteurs aussi sérieux que talentueux, un thème qui ne laisse aucun passionné de sport automobile insensible, une présentation soignée par un éditeur qui connaît les goûts du public, un prix attractif, l’album possède tous les arguments pour devenir un incontournable.

Afin de vous laisser le bonheur de découvrir l’œuvre des créateurs lorsque vous lirez la BD, nous avons choisi d’illustrer sa présentation avec des photographies des modèles évoqués.

L’histoire Porsche, rien que l’histoire Porsche

Cet ouvrage rapporte des faits historiques sans intégrer d’éléments de fiction. Aimant autant la fiction que la course, je ne porterai pas d’appréciation sur ce choix.

En tout état de cause, cet album, comme les autres édités dans la même collection, font travailler notre mémoire. Les Grandes Victoires Porsche m’a ramené à l’enfance, au temps de l’école primaire, lorsque je découvrais Michel Vaillant dans le journal Tintin, que je me réjouissais de recevoir en cadeau une Porsche au 1/43ème, que j’écoutais religieusement mon père raconter des histoires de 24 Heures du Mans, de Monte-Carlo, de géants de la Formule 1…

Puis un peu plus tard quand je cherchais tous les livres que je pouvais trouver sur la course automobile et que j’écoutais les rares émissions que la radio et la télévision lui consacraient alors. Je crois que les lecteurs de ma génération éprouveront les mêmes sensations au fil des pages.

Porsche-718-RS-Solido

Porsche-718-RS-Solido

Ces chapitres d’histoire des marques excitent les petites cellules grises. A l’époque envisagée au paragraphe précédent, combien de fois me suis-je imaginé projeté dans l’avenir au volant de bolides des écuries les plus performantes ou me battant avec elles ? Une variante des projets traditionnels des gamins, conduire à toute vitesse la voiture des pompiers, une voiture de police, celle d’un détective privé, Pour ma part, en grandissant, l’idée de gagner des championnats du monde et Le Mans laisserait place à un projet plus réalisable, devenir un gentleman driver. Parallèlement, les envies de piloter certaines des voitures présentes dans l’album se conjuguaient à un futur de moins en moins lointain. Une Porsche 911 ? Une Cooper S ? Une Lancia HF ? Une Alpine ? Ou…

Les Grandes Victoires Porsche et les autres albums de la collection comportent de nombreuses qualités. Ils racontent avec rigueur l’histoire automobile. Ils offrent des images de qualité qui la rendent attractive. Ils réveillent des souvenirs agréables chez ceux qui… comment dire…. n’ont plus l’âge d’espérer devenir un jour champions du monde de Formule 1 (ne vous vexez pas chers lecteurs qui êtes dans ce cas, c’est également le mien). Ils provoquent l’occasion de partager une passion entre amis ou/et parents de plusieurs générations.

Quand je lis un album de la collection Plein Gaz, je ressens le besoin de le faire connaître à mes amis plus jeunes qui aiment l’automobile, la course, les pilotes, l’ensemble des acteurs qui concourent à l’arrivée d’une voiture au départ. D’autant qu’une marque se comprend au regard de sa culture, de son passé, des objectifs qui ont animé ses créateurs, ingénieurs, designers.

Gagner en partant d’une voiture populaire

La VW Coccinelle, présentée en 1938, fut conçue par le bureau d’étude de Ferdinand Porsche.

VW-Coccinelle - Photo-Thierry-Le-Bras

VW-Coccinelle – Photo-Thierry-Le-Bras

La « voiture du peuple » servit de base à des modèles très sportifs. Il y eut d’abord la Type 64, une machine initialement destinée au projet de course Berlin –Rome qui n’aurait jamais lieu car la seconde Guerre Mondiale éclaterait avant son déroulement. L’album nous raconte la conception et le sort des 3 prototypes construits. Nous retiendrons que la voiture était si bien née qu’en 1952, soit 14 ans après sa conception, le seul exemplaire restant gagnait encore des compétitions !

Porsche-356- 2017 - Tour-Auto- Photo-Thierry-Le-Bras

Porsche-356- 2017 – Tour-Auto- Photo-Thierry-Le-Bras

Autre auto conçue sur la base de la Coccinelle, la 356. Une 356 SL « Gmünd » apporterait sa première victoire internationale à Porsche en août 1952. Ce modèle s’imposerait au Liège – Rome – Liège, Au menu des concurrents, un véritable marathon non-stop de 5.168 kilomètres. Le concept des rallyes ne correspondait pas à sa définition actuelle. Les concurrents devaient respecter une moyenne entre les points de contrôle et subissaient des pénalités s’ils n’y parvenaient pas. Compte tenu de l’état des routes, de leurs tracés et de la circulation, rouler à 60 km/h de moyenne n’était pas toujours possible. Les dessins de Johannes Roussel illustrent parfaitement la difficulté.

Si cette épreuve est un peu oubliée aujourd’hui, elle fit longtemps partie des courses mythiques. Elle tient par exemple sous sa version Liège –Sofia – Liège une place importante dans un album de Michel Vaillant, Le 8ème pilote. Deux des jeunes pilotes formés par Michel y disputent la première place au vainqueur de l’édition 1961, Lucien Bianchi (sur Citroën DS).

La Porsche 356 victorieuse en 1952 développait 70 cv. La puissance d’une citadine d’aujourd’hui. Par contre, elle ne pesait que 640 kg. Un poids plume, une vraie voiture de course d’avant !

L’arrivée des Spyder

Autre épreuve mythique des années 50, la Carrera Panamericana. Mercedes, Ferrari, Lancia, Jaguar, Austin Healey, Chevrolet, Oldsmobile et d’autres encore tenaient à y briller.

James-Dean- Porsche-550-RS- 1955

James-Dean- Porsche-550-RS- 1955

Dont Porsche qui y engagea quatre 550 Spyder. Le modèle restera toujours associé à James Dean qui trouva la mort au volant de celle qu’il venait d’acheter. C’était le 30 septembre 1955 sur la route de Salinas. Les auteurs ne l’oublient pas. Mais ils s’attachent surtout aux victoires de la 550 en compétition, particulièrement à celle d’Hans Hermann en 1955 dans la catégorie des voitures de sport jusqu’à 1,5 l. Hans réalisa une course superbe. Il pointe en 3ème position au scratch derrière deux Ferrari de cylindrées bien supérieures (respectivement 4,9 l et 4,1 l). C’est en souvenir de cet exploit que Porsche utilisera le sigle Carrera pour désigner ses modèles les plus performants.

Nous retrouverons certainement le pilote allemand dans les prochains tomes des Grandes Victoires Porsche. Il fut l’équipier de Gérard Larrousse sur la Porsche 908 qui se classa 2ème au Mans 1969 et remporta l’édition 1970 sur une 917 avec Richard Attwood.

Hans Hermann revient dès avant cette période. Page 21, nous embarquons destination Le Mans 1958 dans la Porsche 718 RSK 1600 qu’il partage avec Jean Behra. Nous voici sur la piste avec les Jaguar D Type, Aston Martin DB3, Ferrari 250 TR. Une course pleine de rebondissements, des conditions météorologiques compliquées, et une magnifique prestation de l’équipe Porsche. Behra-Hermann vainqueurs de leur catégorie et 3èmes au général, suivis de 2 autres Spyder Porsche !

Maintenant, la F1

Porsche en F1 ramène la plupart d’entre nous à son association à McLaren de 1983 à 1986. Un accord fructueux puisque Niki Lauda deviendra champion du monde dès la première saison complète disputée par l’écurie anglaise avec des moteurs Porsche.

Dan-Gurney- Porsche-804-F1 - 1962 -

Dan-Gurney- Porsche-804-F1 – 1962 –

Bien avant, la première Porsche engagée dans un Grand-Prix sera en fait une 550 RS. A cette époque, en 1957, des F2 étaient admises au départ de courses de F1. Et les organisateurs considéraient la 550 RS comme une F2 carénée. Premier engagement accompagné d‘une victoire en F2 pour Edgar Barth qui roulait 5 à 10 secondes plus vite au tour que les meilleures Cooper-Climax sur le tracé du Nürburgring.

Porsche ne tardera pas à engager de vraies F2. Puis la nouvelle règlementation de la F1 (moteurs 1500 cm3) décidera Ferry Porsche à franchir le pas à partir de 1961. Denis Bernard et Johannes Roussel nous racontent les étapes de cette épopée dans la discipline reine. Des espoirs, des déceptions, et une immense satisfaction, la victoire de Dan Gurney au Grand-Prix de l’ACF 1962 à Rouen.

Une 904 GTS s’impose à la Targa Florio 1964 !

Il y eut plusieurs versions de 904. Initialement, la voiture devait recevoir un 6 cylindres. Mais comme il n’était pas prêt pour la saison 1964, les premières 904 rouleront avec un 4 cylindres 1988 cm3 de 198 cv. Elles seront homologuées en GT, ce qui leur permettra de marquer des points au Championnat du monde d’endurance qui ne comptabilise pas les classements des prototypes à cette période.

Porsche-904-GTS - 2017 - Tour-Auto- Photo-Thierry-Le-Bras

Porsche-904-GTS – 2017 – Tour-Auto- Photo-Thierry-Le-Bras

Les auteurs consacrent 6 pages au récit de la Targa Florio 1964 sui s’achève sur un doublé Porsche 904 ! Outre l’intérêt historique, le lecteur prendra plaisir à admirer les images des voitures d’époque en action. Car face aux Porsche 904 GTS, des Cobra dont celle de Dan Gurney, des Ferrari GTO (l’une était pilotée par Jean Guichet), se battirent vaillamment.

Touroul - Porsche-904 - 1972 -CC-Saint-Germain-sur-Ille - Photo-Thierry-Le-Bras

Touroul – Porsche-904 – 1972 -CC-Saint-Germain-sur-Ille – Photo-Thierry-Le-Bras

La 904 poursuivit une très belle carrière en compétition dans plusieurs disciplines et avec diverses motorisations. Certaines reçurent un 8 cylindres 2 litres de 225 cv issu de la F1. D’autres le 6 cylindres. Elles étaient homologuées en prototype. Ceux qui suivaient les courses de côtes dans l’Ouest se rappelleront sans doute celle que pilotait Raymond Touroul en 1972, une auto avec laquelle il pointait parmi les premiers du scratch en côte (par exemple second scratch derrière une F2 et premier des protos à Saint-Germain – sur – Ille).

La 911, enfin !

Elle représente beaucoup dans l’histoire Porsche. Si la technologie a progressé, les Porsche qui courent en circuit, en côte et en rallye aujourd’hui demeurent ses dignes descendantes. Elles ont conservé son style, les codes de la lignée des 911.

Porsche-911-S - 2002 - Mont-Dore- Photo-Thierry-Le-Bras

Porsche-911-S – 2002 – Mont-Dore- Photo-Thierry-Le-Bras

Nous terminons le tome 1 des Grandes Victoires Porsche au Monte-Carlo 1968. Six 911 T au départ, pilotées par Elford, Toivonen, Zasada, Klocke, Waldegard, Andersson. Des Berlinette Alpine très en verve, surtout celles d’un Gérard Larrousse déchaîné. Bientôt, Gérard passera chez Porsche et fera régulièrement équipe avec Vic Elford, par exemple au Mans 1971 sur la 917 L Martini qui devait approcher les 400 km/h dans les Hunaudières. Mais au Monte-Carlo, les deux pilotes sont adversaires et vont mener une rude bataille.

Les-Grandes-Victoires-Porsche - couverture

Les-Grandes-Victoires-Porsche – couverture

Les 8 pages consacrées à ce rallye nous en livrent chaque péripétie ainsi que quelques anecdotes savoureuses. La Porsche 911 T rejoindra Monaco à la première place au terme du parcours complémentaire. Un final du tome 1 qui plaira également aux fans d’Alpine, de Lancia, de Cooper S, d’Hillman et de Datsun.

L’histoire des courses sélectionnées est fidèlement rapportée. Les illustrations sont superbes. Un grand bravo à Denis Bernard et Johannes Roussel. Je vous conseille franchement d’acheter cet album et d’en offrir des exemplaires aux personnes avec qui vous partagez la passion de la course automobile. L’ouvrage mérite sa place dans la bibliothèque de tout amateur de compétition, de Porsche, de belles automobiles. Vivement le tome 2 !

QUELQUES LIENS

DESIGNMOTEUR présente la Porsche 718 d’aujourd’hui, l’héritière de la bête de course http://www.designmoteur.com/2016/01/porsche-718-boxster-flat-4/

 Porsche, 356 car elle fit la 356ème étude de Porsche Büro ; elle exista dans diverses versions dont un speedster http://circuitmortel.com/2017/07/des-cabriolets-pour-lete/

 A chacun son Jimmy. Je vous présente l’acteur qui était aussi un pilote fou de vitesse et doué http://polarssportsetlegendes.over-blog.com/2015/08/james-dean-pilote-et-acteur.html

La dernière Targa Florio, une autre victoire Porsche racontée en BD http://circuitmortel.com/2015/10/la-derniere-targa-florio/

Ricardo Rodriguez adorait Porsche. Son frère Pedro remportera de nombreuses épreuves avec des 917 http://circuitmortel.com/2017/02/une-superbe-bd-sur-les-freres-rodriguez/

PS : au moment où je travaillais sur cette chronique, un des pilotes qui y sont mentionnés nous a quittés. Un grand champion, un seigneur de la course. Pilote éclectique, rapide et fiable, il a brillé au volant de nombreuses voitures dans plusieurs disciplines. Il pilota notamment des Porsche, Cobra, Ford MKII et MKIV, Eagle. RIP Dan Gurney, et merci d’avoir contribué à la popularité du sport automobile par votre talent, vos exploits et votre personnalité attachante.

Thierry Le Bras

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