Attaquer à l’extrême limite sur un faible kilométrage que les pilotes connaissent parfaitement, tel est le concept de la course de côte, discipline de pointe du sport automobile au temps des 60’s, 70’s, début des 80’s !
Replaçons-nous au temps du tourbillon de ces années Vintage. Les sports mécaniques sont moins couverts qu’aujourd’hui par les médias. Les rares chaines de télévision ne diffusent que quelques grandes épreuves dont le Grand-Prix de Monaco et les 24 Heures du Mans. Les rallyes ne bénéficient que de courtes séquences vers la fin des journaux télévisés ou de quelques émissions sportives.
1970-CC-Saint-Germain-sur-Ille -photo-Thierry-Le-Bras
La vitesse n’est pas encore aussi strictement réglementée – ni contrôlée – qu’aujourd’hui. Les constructeurs axent des publicités sur la vitesse et la performance. Une voiture rapide valorise son possesseur. Elle lui confère une image d’homme dynamique qui a réussi ainsi que de séducteur. Le pilote s’assimile à un héros, un seigneur de la piste. Le danger et les accidents, hélas assez nombreux à cette époque, rappellent que celui qui conduit des bolides fait preuve à chaque course d’un courage hors norme et d’une maîtrise admirable. Alors, quand une écurie organise une course de côte à proximité d’un village, les riverains sont ravis et les spectateurs se déplacent de toute la région.
Francis-Designy- Honda-750 – 1973 – CC Saint-Germain-sur-Ille – Photo-Thierry-Le-Bras
En ce temps-là, la course de côte auto est souvent précédée d’une épreuve moto. Les motards roulent le matin et les pilotes de voitures l’après-midi. Un week-end complet de fête mécanique sur deux et quatre roues. Quelques souvenirs inspirés par des photos prises au bord des tracés de Saint-Germain – sur – Ille, Saint-Gouëno et Landivisiau.
Des voitures qui ressemblent à celles de tous les jours
Les R8 et Simca 1000 font partie des modèles les plus vendus dans l’Hexagone.
Jean-Claude-Tanguy – Renault-R8-Gordini- 1974 – CC-Saint-Gouëno- Photo-Thierry-Le-Bras
Et ça tombait bien, leurs constructeurs les ont déclinées en versions sportives. Il y eut d’abord la R8 Gordini. Elle permit à une génération de pilotes d’apprendre la course. Certains participeraient à la fameuse Coupe Gordini avant de courir en monoplace et au Mans. D’autres deviendraient des rois du rallye. Sans oublier les nombreux gentlemen drivers qui inscriraient des courses de côtes à leur programme. Et comme il fallait attaquer très fort pour devancer toutes les voitures identiques ou presque, l’attaque des pilotes valait bien celle des catégories supérieures en cylindrée, prix d’achat, coût de préparation.
Simca-1000-Rallye-2- 1975 – CC-Landivisiau – Photo-Thierry-Le-Bras
Un peu plus tard, les Simca 1000 Rallye 2 et Rallye 3 reprendraient le flambeau. Elles constitueraient une part importante des plateaux. Inscrites dans les groupes 1, 2, puis A, elles se révéleraient aussi redoutables dans leur classe de cylindrée que les R8 Gordini auparavant.
Jacky-Ravenel – Opel-Commodore-GSE – 1974 – CC Saint-Germain-sur-Ille – Photo-Thierry-Le-Bras
De gros coupés dérivés de berlines faisaient forte impression sur les tracés sinueux à souhait des courses de côtes. Les Commodore GSE se révélèrent redoutables en groupe 1. Ici celle de Jacky Ravenel en 1974, terreur du groupe 1 dans l’Ouest et même ailleurs ! C’était beau de voir un pilote du talent de Jacky mettre une telle auto en appui.
Les GT qui suscitent une pointe d’admiration
Alpine, Porsche, elles étaient conçues pour la performance, sans nécessité de transporter une famille et ses bagages. Des deux places, plus basses, plus profilées, construites en nombre plus limité, sans version de base économique. Mille exemplaires identiques fabriqués en douze mois autorisaient l’homologation en Grand-Tourisme de série.
Noël-Guittet -Alpine-Renault-Berlinette – 19743- CC-Saint-Germain-sur-Ille- Photo-Thierry-Le-Bras
L’Alpine fut une reine des rallyes. Elle s’imposa dans les plus grandes épreuves et la marque Alpine Renault devint championne du monde des constructeurs en 1973. Le public aimait beaucoup les Berlinette. Parmi les pilotes des versions Groupe 3 dans l’Ouest, rappelons les noms d’André Desilles, Marcel Grué, Noël Guiitet, « Panic »…
Alain-Gadal – Porsche-930-Turbo- 1981 – CC Saint-Germain-sur-Ille – Photo-Thierry-Le-Bras
Porsche fait partie des incontournables de la course automobile. Les modèles dérivés de la 911 jouèrent les premiers rôles en groupe 3, 4 et plus tard B. La cylindrée augmenta au fil des années, des modèles équipés de turbos reçurent leur homologation. L’évocation de Porsche en côte fait immanquablement penser à Raymond Touroul, Claude Pigeon, Philippe Malbran, Joël Laplacette, Alain Gadal…
Yannick -Jambou -Alpine-Renault-Berlinette – 1974 – CC-Saint-Gouëno- Photo-Thierry-Le-Bras
Ces GT n’atteignaient pas l’efficacité des autos de la période contemporaine. Des propulsions, pas des tractions ni des machines à transmission intégrale. Elles glissaient davantage. Mais le public ne s’en plaignait pas. Il faut d’ailleurs reconnaître que certains spectateurs non habitués des compétitions appréciaient davantage les excès d’optimisme accompagnés de dérapages accompagnés d’un nuage de gomme brûlée que les trajectoires parfaites récompensées par le chrono.
Des monoplaces, des prototypes
Exclusivement affectées à la compétition sans se commettre sur des routes ouvertes, les barquettes et monoplaces ont toujours joui d’un statut particulier. Elles roulent les dernières à chaque montée car c’est parmi les plus puissantes d’entre elles que figurera le vainqueur. Elles ressemblent à des bolides que les spectateurs ont vus à la télévision. Leur rapport poids-puissance autorise des accélérations impressionnantes. Leurs moteurs – à l’époque des blocs de Formule 2 pour les plus puissantes – montent dans les tours avec des rugissements sauvages que transmettent les échappements libres avec la rage d’un rockeur emporté par l‘ivresse d’un concert.
Jean-Belin -Lola-T-292- 1974 – CC-Saint-Gouëno- Photo-Thierry-Le-Bras
Il manque le son pour rendre parfaitement l’atmosphère de la montée de Jean Belin au volant de sa Lola T 292 (ex Archambeaud Racing au sein duquel elle fut pilotée par Hervé Bayard) à la Course de côte de Saint-Gouëno 1974.
Yves-Martin – McLaren-M21-F2 – 1974 – CC Saint-Germain-sur-Ille – Photo-Thierry-Le-Bras
J’ai récemment évoqué Yves Martin dans une note consacrée à la Course de côte du Mont-Dore (cf http://bit.ly/2uAnjon ). Le voici au volant de la McLaren M 21 F2 qu’avait pilotée Jody Scheckter (futur champion du monde de F1, en 1979, sur Ferrari). Le Breton remporta de nombreuses victoires au volant de cette superbe monoplace qui avait conservé la couleur des McLaren officielles au temps ou Bruce lui-même et Denny Hulme pilotaient les bolides de la marque dans la discipline reine et en Canam. Autant dire que la McLaren du brillant pilote breton ne passait pas inaperçue !
QUELQUES LIENS A SUIVRE
DESIGNMOTEUR présente une voiture d’aujourd’hui au tempérament très sportif dont l’ambassadeur est le pilote de F1 Nico Hülkenberg https://gotmdm.com/auto/2017/09/renault-megane-rs-tce-280ch/
Après le passé, un bond en avant avec Kevin Petit, un jeune pilote brillant qui fait partie de la génération qui construira l’avenir de la course de côte http://bit.ly/2hGVcfM
Le livre qui raconte tout sur les pilotes de R8 Gordini http://bit.ly/2h2xZV4
Cinq voitures qui animèrent les courses de côtes http://bit.ly/2opKKxX
3 voitures qui se mirent en valeur lors des courses de côtes de la saison 1973 http://bit.ly/1lMlhwy . Laquelle auriez-vous choisie à l’époque ?
Thierry Le Bras