Partager la publication "Le Tour de France Auto à Saint-Malo : la galerie des autos des seventies (4)"
Je vous parle d’un temps que les moins de 50 ans ne peuvent pas connaître…
L’auto en ce temps-là affichait ses performances jusque sous nos fenêtres… Et oui, car c’était l’époque des courses de côtes partout en France tous les week-ends, des modèles conçus pour apporter du plaisir au conducteur sans aucun complexe, sans conscience des problématiques d’économie d’énergie, de pollution, de bannissement de la conduite sportive sur route ouverte.

Museur-Imberdis – Lancia-Fulvia-Coupé-1300-S – 2017 – Saint-Malo – Tour-Auto – Photo-Thierry-Le-Bras
Heureusement, ces belles voitures qui ont illuminé la jeunesse de la génération des plus de 50 ans roulent encore, de temps en temps, dans des épreuves historiques. Le Tour Auto fait partie de ces événements exceptionnels qui permettent chaque année aux jeunes de les découvrir, aux moins jeunes de les retrouver, aux sites d’accueil et de passage d’offrir le plus magnifique des spectacles sons et lumières, feu d’artifice de couleurs accompagné de vrombissements de moteurs en délire. Cette année le Tour Auto Optic 2000 passait par la Bretagne. De nouvelles photos d’une étape à Saint-Malo qui restera longtemps dans les mémoires.
Les incontournables
Alfa Romeo, BMW, Ford, Renault, des marques qui ont animé le sport automobile pendant des décennies. Des modèles qui comptent des fans dans le monde entier. Normal de les retrouver en force à chaque édition du Tour Auto.

Baignieres-Baignieres – Alfa-Romeo-2000-GTV -2 – 2017 – Saint-Malo – Tour-Auto – Photo-Thierry-Le-Bras
Une autre photo d’une voiture déjà présentée dans la première galerie de ce Tour Auto Optic 2000, édition 2017 (cf http://bit.ly/2pluS0e ). Mais comme j’adore la 2000 GTV et que l’équipage est très sympathique, je récidive. Tant qu’il ne s’agit pas d’infraction pénale, la récidive se défend. Je plaide non coupable en mettant cette photo en ligne !

Leroy-Fleuriot – Servan – BMW-30-CSL – 2017 – Saint-Malo – Tour-Auto – Photo-Thierry-Le-Bras
Encore un acte de récidive en postant une nouvelle photo de BMW 30 CSL groupe 2. Mais n’oublions pas que Jean-Hugues Hazard a imposé la 30 CSL à deux reprises en groupe 2 au Tour Auto. C’était en 1976 et 1977 (d’autres images de BMW au Tour Auto dans cette galerie : http://bit.ly/2qjls5F .

Guérin-Menezzo – Ford-Capri-2600-RS- 2017 – Saint-Malo – Tour-Auto – Photo-Thierry-Le-Bras
Capri, ce n’était pas fini à l’heure des seventies chez Ford. La 2600 RS, version la plus sportive de la gamme en 1972, allait courir avec brio dans toutes les disciplines. En circuit, elle deviendrait la grande rivale de la BMW 30 CSL.
Cette voiture a attiré mon attention pour trois raisons. D’une part, un cabinet d’avocats (ACR à Angers) figure parmi les partenaires de l’équipage. Or, plusieurs personnages récurrents de mes polars cumulent le métier d’avocat avec l’exercice du pilotage dans de grandes épreuves. Par exemple David Sarel, qui a parfois rencontré des clients potentiels stupéfiants lors de rallyes (cf http://bit.ly/1lEpd2a ). Ou encore Philippe Georjan, sollicité en qualité d’avocat par un de ses rivaux en compétition dans des circonstances qui ne manquent pas d’humour cynique (cf http://0z.fr/110Cx ). D’autre part, Laurent Guérin, son propriétaire et pilote, a choisi de la décorer aux couleurs de celle sur laquelle roulait un équipage mythique aux 6 Heures du Paul Ricard 1972, à savoir François Cevert et Jackie Stewart. Les champions de F1 qui défendaient alors les couleurs de Tyrrell dans la discipline reine se classeraient finalement seconds de l’épreuve.
Savez-vous ensuite qu’un des rois la F1 pilota une Capri 2600 RS groupe 2 au Grand National Tour Auto 1972 ? A cette époque, Didier Pironi a vingt ans. Il est étudiant et remporte le volant Elf. Mais le jeune homme fou de vitesse aime les sensations qu’offrent tous les véhicules qui vont vite avec un moteur pour paraphraser une déclaration de son demi-frère, José Dolhem. Alors, il s’engager au Grand National Tour Auto comme navigateur du photographe américain Jacques Hoden. Les deux hommes disposent d’une Ford Capri 2600 RS groupe 2 engagée par Jean-François Piot. Les informations sur cette course sont difficiles à obtenir aujourd’hui. Didier Pironi et Jean-François Piot ont disparu. Jacques Hoden vit, je crois, aux États Unis. J’ai contacté plusieurs pilotes qui disputèrent cette épreuve. Mais comme à l’époque, Didier Pironi était encore un inconnu, les autres concurrents n’avaient pas fait attention à lui. Un magazine a cependant publié que, parti comme navigateur, il termina le rallye au volant. Sans doute trouva-t-il que son équipier n’était pas assez rapide !

Batteria-Fevre – Renault-R12-Gordini – 2017 – Saint-Malo – Tour-Auto – Photo-Thierry-Le-Bras
Didier Pironi rallyman, ce fut aussi au Tour de Corse 1975. Cette année-là, Didier pilotait une R12 Gordini (cf http://bit.ly/1N3JPrm). La 12 Gord, qui assuma la lourde tâche de succéder à la 8 Gordini, brilla notamment au Tour Auto. J’ai pu en photographier deux exemplaires au passage de l’édition 2017 dans la Cité corsaire. En 1974, Coetmeur et Bétry avaient emporté le groupe 2 sur une 12 Gord !
Des GT françaises pleines d’ambition et de talent
Si le modèle A 310 n’a pas connu la gloire de la Berlinette, il n’a pas démérité.

Chambord-Fourestie – Alpine-Renault-A-310-Gr-4 – 2017 – Saint-Malo – Tour-Auto – Photo-Thierry-Le-Bras
Nous avons évoqué l’an dernier la carrière de la V6 qui a remporté la Ronde d’Armor, d’autres épreuves et des titres en rallye comme en Rallycross sans sauver pour autant son avenir sportif (cf http://bit.ly/1KxHYjk ). Loin de moi l’esprit de jeter la pierre à Renault qui se montrait très ambitieux sur plusieurs fronts dont Le Mans et la F1 à cette période. Les budgets n’étant pas illimités, il fallait hélas faire des choix.
L’Alpine A 310 4 cylindres 1800 cm3 a remporté à deux reprises la Coupe des Dames avec Christine Dacremont associée à Mlle « Ganaëlle » (1975 et 1976). L’équipage féminin termina chaque fois sixième au général. Une belle performance dans le contexte d’une concurrence très relevée. D’autres pilotes dont Pierre Meny et, me semble-t-il, Maurice Nusbaumer engagèrent des A 310 1800 cm3 au Tour Auto. Mais le concept de la course ne les aidait pas. Avec son moteur 4 cylindres 1800, l’A 310 était défavorisée lors des épreuves en circuit face aux Porsche 3 litres, Lancia Stratos, voire aux 2 litres de conception plus récente telle la Fiat 131 Abarth.

Bounie-Verlac – Jidé-1600-S – – 2017 – Saint-Malo – Tour-Auto – Photo-Thierry-Le-Bras
Jidé apparaît en 1973. Il s’agit d’un petit constructeur qui produit des modèles très sportifs. La voiture s’appellera Scora à partir de 1974. La Jidé est entrée dans le Top 10 du Tour Auto en 1974 grâce au pilote monégasque « Tchine ». Dans l’Ouest des Jidé puis Scora se firent remarquer en rallye avec Maurice Ouvières (1974), puis plus tard avec Carcreff. De sympathiques Scora et Jidé disputent encore des courses de côtes. Elle ne fut pas produite en un nombre suffisant d’exemplaires pour prétendre à une homologation dans la même catégorie que des Porsche ou Alpine. Mais son esprit est bien celui d’une GT, ultra légère, ultra sportive, un peu comme les Lotus Elan et Europe fabriquées un peu plus tôt par Colin Chapman. Je voue une reconnaissance éternelle à cette voiture. Pourquoi ? Je ne l’ai jamais pilotée. Je ne possède même pas un exemplaire en modèle réduit. Mais elle crédibilise l’univers de David Sarel, personnage de roman très impliqué dans le monde de la course automobile. David pilote des Vivia, c’est-à-dire des modèles d’une petite firme bretonne installée à Kervignac (près de Lorient) qui se lança en 1977 sur le créneau de la voiture ultra-sportive. L’entreprise a grandi grâce à des partenaires tout en restant fidèle à ses principes de base, la fabrication de voitures passion, la compétition, et une implantation très forte dans le Morbihan. Dans Le Pacte du tricheur, David, encore très jeune, fait équipe avec son parrain Éric Trélor lors d’un rallye où de nombreuses surprises les guettent (cf une présentation http://bit.ly/1yMRJ54 ). En découvrant la Jidé entrant dans le parc fermé, j’ai encore voyagé dans le temps, l’année où Éric et David ont disputé le Tour Auto à bord d’un modèle Vivia si exclusif qu’il était dénommé « Côte sauvage ». Non, chers amis lecteurs, n’appelez pas les hommes en blanc avec la camisole et l‘ambulance. C’est juste mon imagination d’auteur qui se promène dans un univers parallèle, là où vivent mes personnages de fiction, là où se déroulent de beaux rêves, un univers d’un tel intérêt que dans ce bas monde, seuls des événements liés aux sports mécaniques approchent son intensité.
Chasseuses de scratchs
Les Porsche ont écrit de nombreuses pages de l’histoire du Tour Auto et leurs pilotes ont ramené bien des coupes récompensant les exploits au scratch, dans les groupes, sans oublier les coupes des dames.

Roddaro-Antonacci – Porsche-911-2.3-L-ST – 2017 – Saint-Malo – Tour-Auto – Photo-Thierry-Le-Bras
1970 er 1971 ne favorisèrent pas le constructeur de Stuttgart. Le règlement permettait d’engager des bolides homologués dans les catégories Prototypes et Sports. Matra saisit l’opportunité dès 1970. Imitée en 1971par une écurie qui engagea une Ferrari 512 M. Les 911 ne pouvaient pas lutter. La meilleure, pilotée en 1971 par Gérard Larrousse, terminerait sur la troisième marche du podium derrière les deux Matra à moteur V12. Même scénario l’année suivant où Claude Ballot-Léna, meilleur Porschiste, finirait derrière une Matra et la Ferrari 512 M.

Mac Neil-Jeannette – Porsche-911-RSR-3L – 2017 – Saint-Malo – Tour-Auto – Photo-Thierry-Le-Bras
Les Porsche Almeras aux couleurs Défense Mondiale…. Que de souvenirs ! La groupe 3 de Mas, victorieuse en groupe 3 et seconde au scratch en 1975. Jacques Almeras, troisième en 1976. Les déboires de Guy Fréquelin la même année (cf http://bit.ly/1rK3hG6 ). Et quand nous évoquons les grosses Porsche aux ailes élargies sous d’autres couleurs au Tour Auto, comment ne pas citer Michèle Mouton et Françoise Conconi, premières en GT et secondes au général en 1977, ou Jacques Henry et Bernard-Étienne Grobot, vainqueurs en 1976.

ohn-of-B – Sibel -F – Ligier-JS2-DFV – 2017 – Saint-Malo – Tour-Auto – Photo-Thierry-Le-Bras
Guy Ligier, un personnage haut en couleur, des coups de gueule, des amitiés controversées, des réactions parfois injustes avec ses pilotes… Et aussi un ancien pilote à une époque où la course se révélait très dangereuse, un amour inconditionnel de la compétition qui l’amena à risquer son patrimoine et sa vie professionnel dans un but, faire courir des voitures françaises. Une obsession qui, à mes yeux, implique le respect. Je livre un sentiment purement subjectif au sujet des voitures produites par Ligier. Quelques-unes ont particulièrement retenu mon attention. La F1 de 1980, parce qu’à cette époque Didier Pironi pilotait au sein du Team Ligier et qu’il y remporta son premier Grand-Prix. Les JS1 et JS2. Je les ai trouvées très belles lorsqu’elles ont été présentées. Elles me plaisent toujours autant aujourd’hui. Elles-aussi correspondent à l’idéal Vivia d’un de mes univers de fiction (cf mon développement plus haut sur les Jidé et Scora). Enfin, les versions compétition de la JS2 qui se mirent en évidence au Mans et au Tour Auto. Magnifique doublé en 1974 ! .Larrousse – Nicolas – Rives devancent Darniche Jaubert. Cette année-là, les Ligier utilisent des moteurs 6 cylindres Maserati de 350 cv. Le modèle devient en outre une vedette de la télévision grâce à l’excellent feuilleton Pilote de course diffusé en access prime time sur Antenne 2 au début de l’été 1975 (cf http://bit.ly/ILXlVM ). La Ligier JS 2 poursuit ses exploits en compétition, équipée cette fois d’un V8 Cosworth de 460 cv dérivé de la version F1. L’exemplaire présent au Tour Auto 2017 était une version 1975 équipée du fameux moteur DFV. Un enchantement pour les yeux et les oreilles !
QUELQUES LIENS
DESIGNMOTEUR présente des photos d’autos d’avant à Monlhéry https://gotmdm.com/auto/2017/03/photos-modeles-rares-coupes-printemps/
Les voitures, c’était vraiment mieux avant http://bit.ly/2lkbnSk
Photos d’un autre Tour Auto sur la Côte d’Émeraude (Dinard – 1973) 1 http://bit.ly/1SOgtPT – 2 http://bit.ly/24d0i6H
Des pilotes Vivia en Bretagne dans une histoire à lire absolument si ce n’est déjà fait http://bit.ly/2hjfyxa
Qui se rappelle le journal de Tintin qui consacrait des articles, photos et BD à la course automobile http://bit.ly/2bYa2io
Thierry Le Bras
30/05/2017 à 14:16
Bonjour, bravo pour votre site !
Je dispose de (très) nombreuses photos que j’ai prises entre les années 70 et 90, du Mans au dernier Tour Auto… sans oublier St Germain sur Ile !
J’aimerais bien vous en faire parvenir via une adresse mail.
A très bientôt !
Michel Guével