Avant d’être prise pour cible par des lobbies autophobes et liberticides, l’automobile faisait rêver. Elle le méritait. Quelques exemples de modèles dévoués au plaisir de leurs pilotes et utilisateurs.
Dans la note précédente, j’ai invité un de mes personnages de fiction à évoquer les voitures qui l’avaient enthousiasmé dans sa jeunesse. Une balade au cœur des sixties au volant de ces automobiles Vintage que nous aimons tant car elles incarnent à merveille la liberté, le plaisir de conduire. Sans oublier les talents de leurs designers et de toute la chaine humaine qui, de la table à dessin au local du concessionnaire qui les a vendues la première fois, ont rendu possible l’utilisation du magnifique objet automobile.
Je vous propose de poursuivre ce voyage dans le temps sur une autre trajectoire. Nous allons nous remémorer d’autres véhicules attachants de cette époque, captés dans l’univers réel. En terminant toutefois chaque présentation par un prisme de fantaisie, la présence de ces voitures dans des romans et nouvelles mettant en scène certains de mes personnages récurrents à leurs côtés.
Jaguar Type E, héritière d’une reine des 24 Heures
La Type D a remporté les 24 Heures du Mans à trois reprises, en 1955, 1956 et 1957. Le châssis de la Type E est directement issu de celui de sa glorieuse aînée. Elle bénéficie en plus d’un nouveau train arrière à roues indépendantes.

Benjamin-Guiheux -Jaguar-E – 2012 – ST-Germain-Classic – Photo-Thierry-Le Bras
La voiture de Benjamin Guiheux qui illustre ce paragraphe est un modèle 1969 selon les informations de la liste des engagés à la Saint-Germain-sur-Ille Classic 2012. Il s’agit donc d’une Type E deuxième génération équipée d’un moteur 6 cylindres 4235 cm3. Il faut bien l’avouer, la Type E n’a pas construit en course de côte un palmarès comparable à ceux des Porsche 911, Berlinette Alpine ou autres Lotus Elan. Dans les autres disciplines non plus d’ailleurs. Sans doute la firme Jaguar ne l’a-t-elle pas assez développée pour lui offrir les moyens de lutter contre les Ferrari GTO, AC Cobra ou Porsche 904. Mais une Type E pilotée par Roy Salvadori et Briggs Cunningham se classa tout de même 4ème des 24 Heures du Mans 1962.
Au-delà des résultats en compétition, la Jaguar Type E est une voiture qui allie luxe, sport et prestige. Elle symbolise la classe à l’état pur.

Benjamin-Guiheux -Jaguar-Type-E – 2012 – Saint-Germain-Classic – Photo-Thierry-Le Bras
Celle alignée par Benjamin Guiheux est magnifique. Elle donne envie de voyager dans le temps jusqu’en 1962. Imaginez-vous à son volant dans la ligne droite des Hunaudières, calé en aspiration derrière la Ferrari 250 GTO de Jean Guichet. Mulsanne approche. Vous prenez de la vitesse. Vous déboitez la Ferrari. Vous voilà portière contre portière à plus de 280 kilomètres heure. Vous êtes plus rapide. Ça y est, vous êtes devant. Vous vous rabattez pour empêcher Guichet de vous faire l’intérieur au freinage… Vous restez devant. Vous vous dites qu’aucun pilote au monde ne pourrait faire mieux que vous au volant de cette voiture. Vous avez réaccéléré. Le train arrière s’est dérobé. Vous l’avez contrôlé d’un habile contre-braquage. Le rugissement du moteur Jaguar exprime votre rage de vaincre. Il intime au cheval cabré de ne pas vous approcher. Vous êtes le roi du monde…
Benjamin Guiheux, le pilote de la Type E présentée aujourd’hui, est un garagiste installé à Vern-Sur-Seiche. Un spécialiste de la restauration et de la préparation de véhicules de sportifs de collection et de compétition. Sa machine représente une vitrine attractive qui sensibilisera ceux qui songent à courir en VHC ou tout simplement à rouler dans une ancienne sportive. Dans VENGEANCE GLACÉE AU COULIS DE SIXTIES, une Type E apparaît au cœur de ‘l’intrigue policière. Mais je ne vous en dis pas trop, il faudra lire le roman. Cf une présentation ICI http://bit.ly/1FSYlQM
Ford GT 40, l’arme de la revanche
1963, Enzo Ferrari a humilié Henry Ford. Il a fait semblant de discuter d’une cession de sa firme au géant américain. Puis il a dérapé en imposant des clauses inacceptables à l’acheteur. La transaction a capoté. Enzo Ferrari sait maintenant ce que vaut son entreprise. Mais l’affront qu’il a infligé à l’Américain exige réparation. Ford veut gagner en endurance et particulièrement au Mans. Il y parviendra en 1966 avec la GT 40 MK II 7 litres pilotée par Bruce McLaren et Chris Amon. Il récidivera en 1967 avec la MK IV de Dan Gurney – AJ Foyt.

Eric-Lebreton- Ford – GT-40 – 2012 – Saint-Germain-Classic – Photo-Thierry-Le Bras
En 1968, la réglementation change. La cylindrée des prototypes est limitée à 3000 cm3 et celle des voitures de sport (produites à au moins 50 exemplaires) à 5000 cm3. Ford tire encore son épingle du jeu avec les GT 40 4992 cm3 confiées au Team John Wyer. Pedro Rodriguez et Lucien Bianchi l’emportent dans la Sarthe. L’année suivante, ce sera au tour de Jacky Ickx et Jackie Oliver.
La Ford GT 40 était d’abord conçue pour le circuit même si elle fit des apparitions dans d’autres disciplines. En trouver une à la Saint-Germain-S/-Ille Classic 2012 représenta une excellente surprise. Cet exemplaire piloté par Éric Lebreton avait belle allure dans sa livré bleu métal rappelant les couleurs des Cobra alignées par Carroll Shelby.

Eric-Lebreton- Ford-GT-40 – 2012 – ST-Germain-Classic – Photo-Thierry-Le Bras
Dans VENGEANCE GLACÉE AU COULIS DE SIXTIES, Xavier et Dany pilotent une Cobra et visent la victoire en GT aux 24 Heures du Mans. Ils rêvent qu’un jour prochain, ils se battront pour le scratch au volant d’une GT40. Ils disposeront d’un exemplaire d’ailleurs, avant de passer à des modèles d’un autre constructeur assoiffé de victoires, Porsche ! Cf http://bit.ly/2h2yxul
La Dauphine Gordini
Cette voiture fut le fruit de la première collaboration entre le constructeur français et le bon sorcier Amédée Gordini. La Dauphine connaissait un succès commercial remarquable. Le magazine américain The Motor l’avait désignée en 1957 comme « la plus jolie quatre places du monde ». Son nom n’avait pas été choisi comme synonyme de la première perdante au concours Miss France mais par comparaison à la 4cv ! La petite auto à bouille ronde de la Régie était la reine, donc la nouvelle venue serait la Dauphine. Logique.

Dauphine-Gordini- modèle-1965 – Photo-Thierry-Le-Bras
La Dauphine d’origine a montré d’entrée des aptitudes à la compétition aux mille milles, au Tour de France Auto, au Liège – Rome –Liège et au Monte-Carlo. Elle a mérité une version plus sportive. La Gordini inaugurera le concept de petite sportive bon marché. Dans sa première version, elle développera 37 cv (contre 30 à la Dauphine de série). Elle gagnera en puissance et en équipement au fil des années. En compétition, la 1093 prend le relais. La Dauphine Gordini disparaît du catalogue en 1964, année de naissance de la R8 Gordini. Mais elle reviendra un an plus tard et sera proposée aux clients des concessions Renault jusqu’à la fin 1967.
Diverses versions de Dauphine feront rêver Ronnie au temps de son adolescence. La Gordini naturellement, car il a sympathisé avec Pierrick Bellec, un jeune capitaine des Fusillés marins basé à Lann Bihoué qui en possède une. Et adolescent, il jouera aussi le joli cœur auprès d’une belle inconnue en détresse car en panne avec sa jolie berline Renault. A découvrir ICI http://0z.fr/r8RvN
La Renault R8 S
Fille de 1968, le modèle 8S s’associe volontiers au vent qui souffle sur la société à cette époque. Après les événements, les Français sont partis en vacances. Les 24 Heures du Mans se dérouleront exceptionnellement au mois de septembre. Un peu plus tard, des équipages se lanceront dans un rallye complètement fou entre Londres et Sydney. Une époque propice au lancement d’une voiture dynamique et décomplexée.

R8-S – Photo-Thierry-Le Bras
La R8 est arrivée dans les concessions en 1962. Puis en 1964, un modèle plus Rock’n Roll, plus musclé, bleu avec des bandes blanches est arrivé. La Gordini allait contribuer à former une génération de pilotes. Véritable bête de course apte à révéler des godasses de plomb comme celle de Jean-Pierre Jarier, la Gordini affichait un tarif certes raisonnable par rapport à son niveau de performances, mais tout de même 40% supérieur à celui d’une R8 de « père de famille ». De quoi laisser de la place à un modèle intermédiaire, plus sportif que la version de base, pas trop proche en performances à la Gordini afin de ne pas la concurrencer. Un joli jouet, assez nerveux, rapide et valorisant qui séduira une clientèle dynamique. A cette époque, la voiture affichait la personnalité de son propriétaire.

Renault-R8-S – Photo-Thierry-Le Bras
Couleurs vives, équipements attractifs (jantes sport, calandre à quatre phares, compteurs ronds sur le tableau de bord), la R8 S était équipée d’un moteur 4 cylindres de 1100 cm3 développant 60 cv. Pas si mal pour l’époque, d’autant qu’elle ne pesait que 770 kilos. Une petite auto pas très chère qui atteignait les 146 km/h.
Dans mes univers de fiction, la R8 S sera la première voiture de Ronnie, celle avec laquelle il tractera sa moto sur les sites de courses de côtes avant de se lancer dans la compétition automobile. Une voiture vive qui s’associe bien à sa personnalité. Je vous suggère de découvrir quelques épisodes de ses exploits sportifs, des premiers combats de lutte au volant d’une grosse auto en passant par la moto. C’est ICI http://0z.fr/DwoeM
Les caravanes sont passées dans les existences et restent dans les mémoires
Les dernières décennies ont vu l’éclosion du camping-car, souvent loué plutôt qu’acheté. Très pratique pour les touristes qui bougent en permanence, moins adapté à ceux qui aiment se poser dans un lieu qu’ils apprécient. Et oui, avec le camping-car, il faut perdre sa place si on va à la chasse aux victuailles ou aux balades dans le coin…

Camping-La-Guimorais- Copyright-inconnu
Les années 60 furent plutôt celles des caravanes. Utilisées alternativement comme sweet home itinérants à l’occasion de voyages et affectées à l’usage de résidences secondaires à la campagne ou au bord de la mer par des familles citadines. La caravane s’associera au luxe absolu dans les mémoires de ceux qui l’ont connue. Pas à cause de ses finitions, variables selon les modèles. Mais parce qu’à une époque beaucoup moins réglementée, beaucoup plus libre, installer sa caravane au bord de la mer ou d’une rivière ne posait pas de problèmes. Une vie de palace à la portée des Français moyens, voilà ce qu’offraient le camping et le caravaning au bon vieux temps des sixties !

Caravane-Lovely-Sterckeman – Photo-Thierry-Le-Bras
L’action de mon roman VENGEANCE GLACÉE AU COULIS DE SIXTIES débute à Saint-Malo. Philipe et Laurent, alors adolescents, passent une partie de l’été dans une caravane Lovely Sterckeman à La Guimorais. Vie de rêve à quelques mètres de la plage ! Quelques scènes sont rapportées dans le roman, cf http://amzn.to/1nCwZYd
Les caravanes servaient aussi de vecteurs de communication, plutôt qualifiés alors de supports publicitaires.

Renault-Estafette-caravane-banania – photo-Thiery-Le-Bras
Au moment du Tour de France, lors des tournées des radios et journaux dans les cités balnéaires, à l’occasion d’événements populaires, certaines arboraient fièrement les couleurs Banania. C’était bon le Banania, surtout quand les copains venaient goûter à la maison le jeudi ou après l’école…
QUELQUES LIENS A SUIVRE
DESIGNMOTEUR présente un roman automobile malouin http://www.designmoteur.com/2014/12/roman-polar-passion-automobile/
Un livre à lire dans l’univers des R8 Gordini http://bit.ly/2h2xZV4
La montre qui célèbre les victoires des Cobra Sheby http://bit.ly/1LT9YKl
Thierry Le Bras