Partager la publication "Fils et frère de rois de la montagne, Kevin Petit se lance à l’assaut des sommets"
« Pour moi mon frère, c’est le meilleur pilote du monde, témoigne fièrement un jeune homme de 20 ans à la voix énergique. Avant lui, c’était mon père ».
L’auteur de cette affirmation s’appelle Kevin, Kevin Petit. Il pilote lui-même depuis la saison 2015. Ceux qui suivent la course de côte connaissent son patronyme, celui d’une famille de spécialistes de la discipline, Gérard et Sébastien. Kevin ne tardera pas à se faire un prénom et à imposer une image digne de ses aînés.
Moins médiatique que d’autres championnats, la course de côte n’en demeure pas moins une superbe discipline dans laquelle se sont engagés des champions renommés, Maurice Trintignant, Jean-Pierre Beltoise, Gérard Larrousse, Philippe Bugalski, Bernard Darniche, et bien d’autres encore. Ari Vatanen, Michèle Mouton et Sébastien Loeb ont défendu les couleurs des plus grands constructeurs afin de conquérir la victoire à Pikes Peak, l’épreuve la plus célèbre aux États-Unis. Romain Dumas s’y est imposé à deux reprises en développant des barquettes avec un petit constructeur français, Norma.

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Ceux qui ont l’occasion de suivre une course de côte n’oublient jamais le spectacle fabuleux des bolides déboulant à des vitesses ahurissantes sur des routes sinueuses et étroites qui pourraient servir à des spéciales de rallye. Des routes inadaptées aux prototypes et monoplaces ? Non répondent les rois de la montagne. Des tracés sélectifs et excitants.
Kevin bercé dans le monde de la course de côte
Lors d’un entretien récent avec Kevin, j’ai évoqué un souvenir datant de la Course de côte de La Pommeraye 2003. Le père, Gérard, courait encore sur une Reynard 94 D F 3000. Le fils aîné, Sébastien, pilotait une Osella PA 20S groupe CN. J’avais profité de la pause du déjeuner afin de faire un tour dans le paddock. Gérard et Sébastien s’occupaient de leurs autos. « Pas étonnant, ils travaillent tout le temps », fait observer Kevin. Sûrement une des raisons des succès du Team Petit, une équipe parmi les meilleures du Championnat de France de la montagne, capable d’aller conquérir des victoires en Championnat d’Europe. Des méthodes et un sérieux qui ont contribué à forger la personnalité de Kevin.
« Dès l’enfance, j’allais tout le temps passer les week-ends sur les courses avec eux, témoigne le jeune pilote isérois. J’ai tout de suite considéré le monde de la course de côte comme une grande famille. Une bande de copains qui se retrouvent régulièrement. L’entraide y est réelle lorsque quelqu’un rencontre un problème. »

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Gérard, le père, a arrêté de courir fin 2004 après une carrière bien remplie. Il n’a pas quitté le milieu et s’est attaché à soutenir Sébastien, le fils aîné. La course, c’est la vie des Petit. Une passion totale et partagée entre le père et les fils. Des moments de bonheur absolu. « Je ne peux pas sélectionner un meilleur souvenir en course, avoue Kevin. Les victoires de mon frère ont toutes provoqué des explosions de joie dans l’équipe. Les soirées passées ensemble sont formidables. Sans oublier les parties de foot le vendredi soir une fois installés dans le paddock. Je suis reconnaissant envers mon père et mon frère de m’avoir permis de connaître ça et d’intégrer le milieu du sport automobile… »

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Bon sang ne saurait mentir. Le virus de la compétition n’a pas tardé à déclarer ses premiers symptômes, la fièvre du pilotage ! « A 16 ans, j’ai suivi une semaine de stage en karting, raconte Kevin. J’ai continué à rouler en kart après, en loisir, avec beaucoup de plaisir et un objectif, piloter une voiture ouverte plus tard ».
Débuter en course de côte était une évidence
« C’est un sprint, explique le pilote, une discipline à part entière, à mon avis celle qui procure le plus d’adrénaline. »

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Les grands débuts ont lieu en 2015. Kevin a 19 ans. Il est étudiant, prépare un BTS commerce (une formation en alternance) et brûle de suivre les traces de son frère aîné. Il va bientôt s’installer dans un baquet. Il choisit de louer une Tatuus FR 2.0 du Kraft Racing pour une séance d’essais sur le circuit du Bourbonnais et trois épreuves, Dunières, Osnabrück (en Allemagne) et Chamrousse. Kevin n’a pas choisi la facilité. il s’engage d’entrée dans une catégorie très concurrentielle où 8 à 16 pilotes viennent en découdre lors de chaque épreuve. La Tatuus FR 2.0 est une vraie voiture de course. « 180 chevaux, pour 480 kilos », précIse-t-il. Pourquoi débuter en monoplace plutôt qu’avec une groupe N par exemple ? « Je préfère les voitures ouvertes », répond l’intéressé. Comme son père, comme son frère. « Mon auto est exceptionnelle. Le châssis et démentiel », poursuit-il.
Kevin s’implique à fond dans son programme. Bien sûr, il reçoit le soutien de son frère et de son père au moment de choisir son matériel. Sébastien et Gérard le conseillent dans la préparation de sa voiture, de ses courses, lors de l’analyse des images de caméra embarquée après les montées. « Mon frère et mon père m’ont aidé à mûrir plus vite. Ils m’ont appris à m’impliquer à fond dans le travail et au sein du team. Sur les circuits, mais pas seulement. L’équipe gère les transports de la voiture, ce qui m’aide bien, notamment quand j’ai cours ou que je travaille en entreprise le lendemain d’une épreuve. Il arrive parfois que je dorme dans la cabine du camion pendant que mon père conduit. Mais je tiens à faire ma part de travail, à assumer les contraintes, par exemple quand il s’agit de nettoyer les voitures et le camion. Je ne veux pas non plus exercer ma passion de la course au détriment de mon frère en amputant ses budgets pour rouler. Je trouve mes sponsors tout seul et je ne sollicite pas les siens. »

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Les recettes de la famille Petit se révèlent efficaces d’entrée. Dès sa deuxième course à Osnabrück, Kevin pointe en tête des Formule Renault à l’issue des deux premières montées. Circonspect lors de la troisième, il s’incline, non sans avoir démontré un gros potentiel et une capacité à jouer très vite les premiers rôles. La compétition lui apporte bien les sensations qu’il attendait. « A mon premier départ à Dunières, j’étais stressé, reconnaît-il. J’avais la bouche pâteuse. Je ne voulais pas décevoir mes proches que je sentais derrière moi. D’ailleurs, j’avais tellement peur de caler au démarrage que j’ai accéléré très fort et que je me suis loupé au moment de lâcher l’embrayage. La voiture a hoqueté. Erreur de jeunesse… Par contre, j’ai ressenti que quand un pilote met son casque, il entre dans un autre monde. Plus rien d’autre ne compte. L’objectif, c’est de placer les roues au centimètre près sur la trajectoire parfaite, de freiner exactement où il faut, de flirter avec l’adhérence sans glisser, ce qui freinerait la voiture. Exploiter une monoplace à la limite sur une route plutôt adaptée au rallye qu’à nos voitures ouvertes assure des poussées d’adrénaline inégalables. Je retrouve le même bonheur à chaque course ».

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En 2016, Kevin poursuit son apprentissage et sa progression au volant d’une Tatuus FR 2.0. Il analyse le monde de la compétition avec beaucoup de maturité. Pour réussir dans cet univers très concurrentiel, il faut se préparer physiquement et mentalement. « Je fais du sport, sans programme très précis, mais avec la joie de me défoncer et le but de me maintenir en bonne condition physique. Je pratique le volley et je cours régulièrement. L’essentiel de ma préparation est mental. J’apprends les tracés par cœur, et je visionne beaucoup de vidéos embarquées afin d’étudier au plus près les trajectoires, les zones de freinage… Sur place, j’effectue des montées avec une voiture de tourisme, très raisonnablement, sans me croire en piste avant que la route soit fermée ». Les pilotes d’aujourd’hui, y compris les plus jeunes, se révèlent bien plus raisonnables que ceux des années 60 et 70 qui reconnaissaient à très vive allure, souvent avec les voitures de course, y compris lorsqu’ils roulaient avec des barquettes et monoplaces. Il convient de souligner le sens de la responsabilité de Kevin et de ses concurrents, bien plus respectueux de la tranquillité des riverains et de la sécurité que nous l’étions…

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Parmi les satisfactions du jeune pilote en 2016, deux secondes places dans sa catégorie dont une obtenue sur le tracé sélectif de la Course de côte de Chamrousse, Et également une troisième position. La performance est là, le sérieux et la volonté de vaincre aussi. Les victoires arriveront bientôt !
Les projets 2017
La saison 2016 s’est achevée. Vive 2017. Toujours en course de côte. Pour des raisons de budget bien sûr, mais pas uniquement. Kevin adore la course de côte et il se sent bien au sein du Team Petit – CroisiEurope. Il progresse en famille, dans un team créé par son père. La structure s’est développée ; elle fait désormais courir plusieurs pilotes dont les frères Petit.

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« Je roule au sein d’une équipe formidable, s’enthousiasme-t-il. Une fois qu’il démarre, un pilote est seul, c’est sûr. Mais tout le reste du temps, il sent l’équipe autour de lui. Les week-ends de course, mon neveu Axel, le fils de Sébastien, est mon mécano. Nous avons un rite. Il me tape dans la main avant chaque montée. Je crois que ça me manquerait s’il ne le faisait pas. Son geste traduit notre esprit dans le team ».
Le jeune Isérois ne se projette pas au-delà de 2017, même s’il a l’intention de courir longtemps. « Je ne pense pas trop au futur. Je suis pleinement concentré sur la prochaine saison. Je veux continuer à me faire plaisir et gravir les échelons. Je ne pense pas devenir professionnel. Personne ne peut vivre de la course de côte. Même mon frère a une autre activité (NDLR : une école de pilotage). Mes prochains objectifs, gagner dans ma catégorie et, pourquoi pas, jouer le Challenge Open ». La saison 2017 a déjà commencé. Car intersaison ne signifie pas vacances chez un pilote. C’est le moment de renégocier les partenariats, de choisir la meilleure voiture possible en fonction d’éventuelles modifications du règlement et des budgets finalisés, d’optimiser les chances de réaliser de belles performances dès les premiers tours de roues (1). De progresser dans tous les domaines également. « Je consacre entre autre du temps à me perfectionner en mécanique avec mon père et mon frère », explique Kevin.

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En 2017, ses supporters le verront avec un nouveau casque. Le design du casque aide les spectateurs à identifier les pilotes de voitures ouvertes. Jusqu’à présent, Kevin utilisait un intégral prêté par Sébastien. L’an prochain, il disposera de son propre heaume. « Je prépare la déco avec un mélange des couleurs qui me plaisent. Il y aura du gris, du noir, du blanc. Et du rouge. J’aime le rouge. Sébastien aussi. Les décorations de ses voitures ont toujours laissé une place importante au rouge. Peut-être cela m’a influencé, mais pas forcément… »
Je termine toujours mes entretiens avec des pilotes en leur demandant s’ils aimeraient parler d’un sujet que nous n’avons pas abordé. La réponse de Kevin souligne les valeurs auxquelles il est attaché, son respect des autres, ses qualités humaines. « Je tiens à remercier tous ceux qui sont autour de moi, insiste-t-il. Courir implique des contraintes pour mon entourage, j’en suis conscient. Tous ceux qui font quelque chose pour moi, qui m’ont aidé, soutenu, qui ont été là pour moi à un moment ou un autre, méritent de la gratitude et des remerciements. Je ne les oublie pas et je veux vraiment qu’ils le sachent » (2)..

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Nous continuerons à suivre la trajectoire de Kevin Petit et de son team. Avec la conviction de partager bientôt les récits de grandes performances, de victoires, et de la belle aventure d’un pilote et de sa famille !
(1) Intégrer les partenaires de Kevin Petit : Si vous avez l’opportunité d’entreprendre une action de communication dans le sport automobile, Kevin sera un excellent vecteur. Rapide, sérieux, naturellement sympathique, charismatique et bon communicant, il saura offrir à ses sponsors un excellent coefficient multiplicateur de l’investissement qu’ils ont consenti. N’hésitez pas à le contacter par message privé sur sa page Facebook (cf. lien ci-dessous) ou par le formulaire de contact de ce blog (dans ce cas, nous lui ferons suivre vos messages sans délai).
(2) Kevin Petit a tenu particulièrement à remercier ses partenaires : Auto-école Sevenoble, DEA, Garage Gallon, CroisiEurope, Jack Racing Miniatures, Color Line ;
et également Sylvie Bouchereau et sa famille pour son aide aussi bien pendant la saison de courses que lors de l’intersaison.
QUELQUES LIENS
La page Facebook de Kevin Petit https://www.facebook.com/profile.php?id=100010454798314
« La patte de chat – Course de côte », une page Facebook de Sylvie Bouchereau que nous remercions vivement pour les photographies qui illustrent cette note https://www.facebook.com/Lapattedechatcoursedecote/?fref=nf&pnref=story
Le site du Team Petit – CroisiEurope http://sebpetit.com/
DESIGNMOTEUR à Pikes Peak http://www.designmoteur.com/2016/06/pikes-peak-hill-climb-100-ans-94th/
Souvenirs de Golf GTI sur les tracés de courses de côtes http://bit.ly/2cjhbqI
Thierry Le Bras