18 septembre 2016, tout près de l’équinoxe, une vague de véhicules d’avant a déferlé sur la Cité corsaire. Une grande marée de superbes véhicules…
C’est devenu une habitude depuis quatre ans. La Baie l DES Jantes’t organise le Rallye des Corsaires, une manifestation qui offre à l’heure du déjeuner et au début de l’après-midi un plateau royal de véhicules variés sur l’esplanade devant l’Intra-muros. Des autos de toutes marques, de plusieurs périodes, affectées à des usages différents quand elles servaient quotidiennement leurs conducteurs. Des sportives comparables à des bolides des 24 Heures du Mans (Jaguar Type E ou Shelby Cobra 427), des voitures populaires (2 cv, 4 cv, Dauphine…), de grosses berlines (Mercedes, américaines, DS…), d’excitants petits cabriolets ou coupés (MG, Triumph, Fiat 850, BMW 700…), de fidèles utilitaires et d’autres encore.

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Le point commun de ces objets roulants identifiés ? Des roues, un moteur, une personnalité intimement liée à leur époque. L’automobile participe aux étapes de notre vie. Mes lecteurs les plus fidèles connaissent ma passion pour l’intégration du monde automobile dans des fictions et récits. Pas seulement celles que j’écris, dont plusieurs avec des DS bleues. Le Rallye des Corsaires 2016 m’a rappelé des romans, variétés et événements remontant à mes jeunes années.
Les grosses berlines noires du Club des 5
Qui se souvient des romans jeunesse écrits par Enid Blython ? Pour ceux de ma génération, Le club des 5 représente beaucoup, une atmosphère de bande d’enfants qui allaient camper tout seuls, sans les parents, sans adultes. Ils se trouvaient toujours mêlés à des affaires étranges et enquêtaient sur les méfaits de bandits qu’ils finissaient par confondre. Une initiation au polar avec des apprentis Sherlock Holmes en short.

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L’automobile n’est pas très présente dans les scenarii d’Enid Blython. Plusieurs raisons à cela. D’une part, les livres ont été écrits entre 1942 et 1963, à une époque où les voitures étaient moins nombreuses sur les routes d’aujourd’hui. D’autre part, la série se voulait intemporelle. Elle a séduit des enfants des années 40, 50, 60, 70 et même de générations ultérieures. Chaque lecteur s’identifiait à un des personnages, François, Mick, Claudine (dite Claude) ou Annie. Je n’oublie pas le chien Dagobert mais il ne semble que nos amis à quatre pattes aient acquis à ce jour le goût de la lecture et c’est d’ailleurs fort dommage. Chaque préadolescent qui entrait dans l’univers du Club des cinq imaginait que l’histoire se déroulait à SON époque. Impossible donc d’installer des modèles automobiles déterminés dans l’histoire. Une trop grande précision aurait nui à l’objectif d’identification du plus grand nombre possible de fans.

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Dans Le Club des 5 en péril par exemple, la bande se fait un nouvel ami, Richard, qui part en randonnée avec eux. Le garçon a beaucoup menti. Il les a suivis à l’insu de son père et est recherché par des gangsters. Toute la bande se trouve enfermée dans une propriété isolée.

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Bien sûr, les méchants circulent dans une grosse berline américaine noire. Richard, qui ne s’est pas montré à son avantage au début de l’histoire, va finalement se racheter et reconquérir l’estime de ses amis en se cachant dans le coffre de l’auto. Une fois arrivé dans une zone fréquentée, il en sortira et ira chercher du secours. Une voiture qui aurait très bien pu ressembler à cette Dodge ! L’association d’idées m’a inspiré cette chronique.
La Mercedes de la Calanque aux serpents
Un cabriolet Mercedes grimpe à vive allure le raidillon de Lou Pentaï et se gare devant une propriété surplombant la Méditerranée. A son bord, le riche et mystérieux Claude Lorrain, amateur d’at, accompagné de Jackie, un adolescent. Le conducteur de la Mercedes n’est pas son oncle, juste un ami de ses parents.

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Bientôt, Jackie se liera d’amitié avec Guy, un garçon de son âge qui s’ennuie dans l’exploitation de ses parents adoptifs. Jackie achète rapidement un canot pneumatique. A eux les parties de canotage avec Véronique, la petite sardine. Mais dans cette histoire, seul Jackie et Véronique affichent leurs vrais visages. Les autres mènent dissimulent une partie de leur existence. Guy rêve d’aventure, de Tanger, de contrebande. Quant à Claude Lorrain, il ne se contente pas de jouer au nouveau Raphaël des paysages, loin s’en faut…

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Ceux qui s’attendent à des trahisons à la mode de la téléréalité ne seront pas pleinement satisfaits. Ceux qui croient en la force de l’amitié aimeront le livre. Car Jackie n’abandonnera pas son ami en découvrant sa face cachée. Au contraire, il le sauvera et l’inscrira sur la trajectoire d’une nouvelle vie beaucoup plus excitante.
A chaque fois que je vois une Mercedes 190 SL, ce roman qui a fait partie de mes préférés quand j’avais 15 ans me revient à l’esprit. Pourtant, la Mercedes sportive mise en scène par l’auteur, Philippe de Baër, est d’une couleur et d’un modèle différents. Mais si j’étais réalisateur d’un téléfilm adapté de ce roman, ce serait cette Mercedes-là !
Jiji, la vaillante Triumph rouge
1965, un nouveau roman intègre la collection Bibliothèque de l’amitié au sein de la maison d’édition créée par Tatiana et Georges Rageot. L’ouvrage s’intitule Un ami en danger. Il correspond parfaitement au concept de l’éditeur qui assure la promotion de ses ouvrages par le slogan « l’amitié à travers le monde ».
Au cœur de l’intrigue, un jeune journaliste prénommé Clément, une bande d’adolescents du quartier de la Mouf à Paris et… une Triumph rouge dénommée Jiji. L’auteur, Claude Appell, écrit des romans jeunesse et des histoires d’automobiles. Rien d’étonnant donc à ce que le petit spider anglais devienne un personnage à part entière.

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Clément sympathise rapidement avec les adolescents. Pas d’histoire de trafic de drogue, de bagarres de zones de non-droit ni de cuites expresses ici. Clément écrit un polar réaliste avec lequel il espère remporter un prix littéraire qui lui ouvrira les portes d’une carrière de romancier. Le dimanche, il vérifie la crédibilité de certaines scènes lors de « déambulations touristico-littéraires » aux alentours de Paris. Il amène ses nouveaux amis à chaque « Jiji-Party ».

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Mais ces épisodes de bonheur liassent place au désarroi et au désespoir quand un grave accident immobilise Clément. La collection célèbre l’amitié et la solidarité. La bande du quartier de la Mouf se mobilise dans le but d’aider Clément, de finir son roman à temps, et également de retrouver la Triumph rouge qui a disparu. Parviendront-ils à sortir vainqueurs de ces délicats challenges ? Beaucoup d’émotion, de suspense et d’angoisse dans cette belle histoire qui offre en outre des raisons de croire en ses amis et de ne jamais renoncer, même quand tout semble perdu. Quand j’ai lu ce roman, j’avais onze ans. Je me le rappelle encore.

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Aucun éditeur jeunesse n’accepterait sans doute plus ce livre aujourd’hui. Pourquoi ? Parce qu’il serait considéré comme « politiquement » incorrect. Jiji la Triumph rouge fait volontiers la course sur route ouverte avec d’autres véhicules, particulièrement de grosses américaines aux chromes rutilants. Les bobo-écolos-autophobes qui règnent sur le monde de la culture du XXIème siècle ne comprendraient pas. Ce décalage avec les tranches de vie d’avant rend le souvenir encore plus agréable. En ce temps-là, chers amis lecteurs, la liberté existait encore, y compris celle de s’exprimer en dehors de la pensée unique relayée par les médias valets du pouvoir, de sa propagande, de ses diktats… Mais ça, c’était avant…
Soulignons qu’un extrait a été publié sous forme de nouvelle dans l’ouvrage « 15 aventures automobiles » publié par Gautier Languereau. J’aime beaucoup la « Série 15 » de cet éditeur. J’ai fait partie des lauréats du concours qui a abouti à la publication de « 15 histoires de moto ». Ça, c’était aussi avant, quand j’avais 17 ans et que j’entrais en Terminale. Nostalgie d’une époque de tourbillon si différente d’aujourd’hui… Quelques constantes tout de même en ce qui me concerne, la passion absolue des sports mécanique, de l’écriture, des fictions, de la photo…
A suivre…
QUELQUES LIENS
Quand DESIGNMOTEUR nous pilote sur l’anneau de Montlhéry http://www.designmoteur.com/2016/10/photos-montlhery-grandes-heures-auto/
Le journal Tintin a fêté ses 70 ans. Il a publié de nombreuses histoires d’automobiles http://bit.ly/2bYa2io
Circuit Mortel, un roman en Rallycross signé Thierry Le Bras http://bit.ly/1XEpx1J
Thierry Le Bras
06/10/2016 à 17:53
un grand merci à vous pour toutes ces photos et textes
pascal
president club la baie’l des jantes’t
06/10/2016 à 19:16
Merci Pascal !
Une seconde note sera en ligne à la fin du mois sur le même thème. Après, dans une dizaine de jours, une série de photos sur le thème de Porsche spectaculaires en compétition.
08/10/2016 à 12:00
Merci pour ces jolies photos de notre voiture de méchants gangsters
(la dodge coronet 1954) et ce paralèlle avec ces romans du club des 5 dont les aventures ont nourri toute mon enfance !!!
04/11/2016 à 19:17
Que sont devenus justement les membres du Club des 5 ? Chaque lecteur s est identifié à eux à une époque précise. Ils ont donc forcément notre âge. J’ai écrit ma vision de leur évolution à la suite d’un pari avec une amie en 2007. Dans l’univers que j’ai partagé avec eux, voici la trajectoire qu’ils ont choisie http://bit.ly/2fLTRHU
Et dans votre univers parallèle, sur quelle voie se sont-ils engagés ?