Sans Delorean, avec des Jaguar, BMW, Ford GT40, Cobra, Porsche, Alfa Romeo…
J’ai assisté aux deux premières éditions du Mans Classic (2002 et 2004). Elles m’ot offert le sentiment merveilleux de retrouver les 24 Heures du Mans qui me faisaient rêver lorsque j’étais enfant puis adolescent. Parfois en suivant les reportages radiophoniques de Tommy Franklin, les séquences télévisées, en lisant les articles de L’Automobile Magazine ou les pages sport de la PQR. Ou encore en lisant des ouvrages consacrés à l’histoire des pilotes, des marques, des circuits…

Le-Mans-Classic – 2004 – Photo-Thierry-Le-Bras
Quelle joie de voir ces bolides d’hier et d’avant-hier en action. Des voitures que ne ménagent pas leurs pilotes, car la course, c’est la course, fût-ce avec une vieille dame honorable qui avoue l’âge de ses durites.
Jaguar, le souvenir des années 50
Jaguar a remporté cinq fois les 24 Heures du Mans au scratch, dont trois fois consécutives avec la type D. En 1955, Mike Hawthorn et Ivor Bueb s’imposaient au terme d’une édition marquée par une terrible tragédie. Minian Sanderson associé à Ron Flockhart l’emporteraient en 1956. Ivor Bueb et Ron Flockhart passaient les premiers sous le drapeau à damiers en 1957.

Jaguar-D- Hawthorn-Bueb – 2002 – Mans-Calssic – Photo-Thiery-Le-Bas
Un des points forts de la Type D résidait dans son aérodynamique inspirée de l’aéronautique. Une nouveauté à l’époque. L’auto avait été conçue en soufflerie par l’ingénieur Malcolm Sayer. Des solutions techniques astucieuses telles que le carter sec permettant d’incliner le moteur et d’abaisser la ligne du capot ou encore le radiateur en deux parties favorisèrent la réussite de ce dessin audacieux. La Jaguar Type D atteignait les 290 dans les Hunaudières.
Une belle performance pour une voiture pesant 930 kg et motorisée par un 6 cylindres de 3.440 cm3 ! Jaguar montrait déjà que l’aérodynamique et les liaisons au sol comptent encore plus que la puissance pure !
Jaguar, le mythe Type E
La Type E, c’est d’abord un capot phallique qui inspire la virilité, la force, l’agressivité. Un look d’enfer !

Jaguar-E-mini-Jaguar-D – 2002 – Mans-Classic – Photo-Thierry-Le-Bras
C’est aussi un châssis directement issu de la Type D victorieuse au Mans. Lancée en 1961, elle possédait tous les arguments pour devenir une star. La clientèle répondit présente puisque la production dura jusqu’en 1975 et que 75.507 exemplaires furent vendus. Un seul regret, un palmarès en compétition nettement moins brillant que celui des Cobra et Ferrari malgré la présence de pilotes tels que Jackie Stewart et Graham Hill. La faute sans doute au défaut d’implication de l’usine.

Jaguar-Type-E – 2002 – Mans-Classic – Photo-Thierry-Le-Bras
Pour les amoureux de technique, nous rappellerons les trois étapes de l’évolution de la Type E :
– 1961 à 1964 : moteur 6 cylindres en ligne de 3.781 cm3 développant 220 ch à 5.500 tr/mn ; – 1964 à 1971 : moteur de 4.235 cm3 ; – 1971 à 1975 : moteur V 12 de 5.343 cm3 développant 272 ch.
Naturellement, la Type E est venue au Mans Classic. En 2004, elle a contribué à démontrer que les pilotes ont du cœur. Et pas seulement lorsqu’il s’agit de freiner tard ou de réaliser des dépassements osés.

Hervé-Poulain-Jean-François-Bentz – Jaguar-Type-E – 2004 – Mans-Classic – Photo-Thierry-Le-Bras
Commissaire-priseur et pilote, Hervé Poulain mit cette année-là son talent et son savoir-faire au service de l’association « Mécénat Chirurgie Cardiaque Enfants du Monde » qui permet aux enfants défavorisés atteints de malformation cardiaque d’être opérés quand l’intervention s’avère impossible en dans leur pays d’origine.

Hervé-Poulain – Jaguar-Type-E – 2004 – Mans-Classic – Photo-Thierry-Le-Bras
L’association espérait recueillir auprès des spectateurs et des participants l’argent nécessaire à l’opération de six enfants. Créateur des « Art Cars », Hervé Poulain a déjà convaincu des artistes tels que Calder et Stella de décorer des voitures participant aux 24 Heures du Mans.

Poulain-Bentz – Jaguar-Type-E – 2004 – Mans-Classic – Photo-Thierry-Le-Bras
A son initiative, la Jaguar Type E dont il partageait le volant avec Jean-François Bentz était habillée par la créatrice de mode Chantal Thomass. Une couleur rose, un dessin de lèvres pulpeuses et des sourcils qu’aurait enviés Betty Poop conférait à l’ensemble une touche sensuelle de nature à toucher le cœur des donateurs.
Des anglaises à l’honneur
Nos amis anglais ont toujours adoré la compétition automobile. Leur tempérament original, audacieux, sans concession dès qu’il s’agit d’honorer la passion mécanique, les a conduits à faire courir des machines particulièrement séduisantes.

Davis-Jardine – Mini-Marcos-GT – 2004 – Le-Mans-Classic – Photo-Thierry-Le-Bras
Au Mans 1966, l’année où Ford l’emportait pour la première fois en terrassant Ferrari, la dernière voiture classée n’avait pas grand-chose à voir avec les protos V8 du géant américain. Il s’agissait d’une toute petite anglaise, une sorte de Mini Cooper S avec une carrosserie un peu plus aérodynamique. Une auto sympathique, assez rapide et fiable pour se qualifier et finir 14ème. A son volant, de bons pilotes il est vrai, Claude Ballot-Léna et Jean-Louis Marnat.
A chaque fois que je vois une Austin Healey 3000, je pense à Sylvie Vartan. Une association d’idées. Dans L’Ange noir, un film de Jean-Claude Brisseau (1994), la merveilleuse chanteuse montre son talent d’actrice en interprétant Stéphanie Feuvrier, une femme séduisante, irrésistible, dangereuse. Or dans le scénario, la magnifique Stéphanie roule dans une très belle Austin Healey rouge.

Austin-Healey-3000 – 2004 – Le-Mans-Classic – Photo-Thierry-Le-Bras
Mais au-delà du cinéma, l’Austin Healey 3000 brilla en compétition. Elle se construisit un joli palmarès en course au début des années 60. Des pilotes tels que Carroll Shelby, Vic Elford, Timo Makinen, Paddy Hopkirk, Pat Moss y contribuèrent. Parmi les victoires de ce modèle, le Marathon Liège – Rome – Liège 1960. Cette année-là, la sœur de Stirling Moss (Pat) remportait l’épreuve. Elle était associée à Ann Widson. Des engagements aux éditions 1960, 1961 et 1962 des 24 Heures du Mans permettent à l’Austin Healey 3000 de participer au Mans Classic.
J’avoue un coup de cœur pour cette voiture. Et puisque nous sommes entre nous, je me laisse aller à une confidence. Vous retrouverez une Austin Healey 3000 dans une novella avec David Sarel. Ce sera en 2017. Le cabriolet anglais sera piloté dans une épreuve de VHC par Charles, personnage secondaire de plusieurs nouvelles mettant en scène David. Charles sera associé à son frère aîné tandis que David fera équipe avec Ronnie – une autre connaissance des lecteurs réguliers de mes nouvelles – au volant d’une Mustang… Mystère policier et superstitions de pilotes au programme… Comme dans LE PACTE DU TRICHEUR et CIRCUIT MORTEL !
A suivre (avec notamment des photos de Porsche au Mans Classic)…
QUELQUES LIENS
DESIGNMOTEUR présente des photos du Mans 2016 http://www.designmoteur.com/2016/07/photos-lemans24-jour-circuit-lmp1-lmp2-gte/
Françoise Sagan évoque Jaguar http://bit.ly/1IG7PSz
Cooper S contre DS 21 http://bit.ly/1nR7R3i
Un polar en Rallycross ! Et c’est moi qui l’ai fait http://polarssportsetlegendes.over-blog.com/2016/07/un-polar-en-rallycross.html
Quand Charles réconforte David http://bit.ly/1SRX3i4
Thierry Le Bras