Partager la publication "36 ans après, la Porsche 935 retrouve son Maître pour la troisième fois !"
D’abord, ce fut derrière le volant, puis derrière le marteau.
Est-il encore utile de présenter Maître Hervé Poulain ? Un passionné de pilotage, un juriste, un amateur d’art qui a réussi l’exploit de concilier toutes ses passions.

Hervé-Poulain – Renault-R12-Gordini – 1974 – Rallye-d-Armor – Photo-Thierry-Le-Bras
Hervé Poulain fut un gentleman driver très rapide, sociétaire de l’Écurie Bretagne. Les spectateurs des courses de côtes et des rallyes de l’Ouest, d’autres régions et même de Côte d’ivoire, se souviennent sans doute de ses performances au volant d’une R12 Gordin puis d’une Berlinette Alpine groupe 5.
Mais Hervé Poulain fut aussi l’initiateur des Art Cars, ces voitures – d’abord des BMW 30 CSL, 320 et M1, plus tard une Venturi, une Porsche et une Jaguar – décorées per des artistes renommés. Des œuvres d’art roulantes qui resteront dans l’histoire du sport automobile !
Au volant d’une Porsche 935
La firme bavaroise ne s’engageant pas tous les ans officiellement au Mans et des opérations Art Cars avec elle ne se révélant pas toujours possibles, Hervé Poulain s’est autorisé quelques infidélités à BMW.

Affiche-24-Heures-du-Mans-1980
Ce fut notamment le cas en 1980. Cette année-là, le seul grand constructeur présent est Lancia avec des groupe 5 engagées dans la classe moins de 2 litres. Deux BMW M1 semi-officielles sont confiées à Didier Pironi et Hans Stuck. Elles sont encore très proches de modèles GT. Bien que présentes sur l’affiche officielle des 24 Heures, les BMW M1 seront moins bien armées que les prototypes 3 litres pour donner la réplique aux Porsche 935. Quatorze 935 prendront part à la course. La machine est la tenante du titre dans sa version K3, victorieuse en 1979 avec l’équipage Ludwig – Whittington – Whittington.

Poulain-Destic-Snobeck – (1) – Porsche-935 – 1980 – Le-Mans – Photo-Thierry-Le-Bras
Parmi les 935 présentes en 1980, la numéro 89 de l’équipage Hervé Poulain -, Dany Snobeck – Pierre Destic. La voiture participe à ses troisièmes 24 Heures du Mans. Elle date de 1977, année où Porsche a vendu 13 modèles « compétition clients » à des écuries privées désireuses de participer aux Championnats d’Europe et du Monde d’Endurance en catégories Gr 5 ou IMSA. Elle fut d’abord acquise par Reiner Kamphausen, le manager de Jurgen Kannacher qui participa à deux courses du Championnat national allemand avant de la céder au Suisse Claude Haldi qui la pilota au Mans 1978 avec Herbert Muller et « Nico ». Retour dans la Sarthe l’année suivante avec Haldi – Loewe – Teran. Ils finiront onzièmes. En 1980, elle devient la propriété de Pierre Destic, patron de la SERMATI, usine de confection de pièces aéronautiques. Elle finira 8ème des 6 Heures de Mugello avec l’équipage Destic – Snobeck. Hervé Poulain les rejoint pour Le Mans.
La course se déroulera dans des conditions climatiques particulièrement difficiles. Beaucoup de pluie, d’orages même, et des moments délicats à gérer lorsqu’une partie du tracé était sèche ou à peine humide et d’autres secteurs détrempés voire quasi inondés. La 935 de Destic – Snobeck – Poulain (une voiture qui avait 3 ans) était moins puissante que les dernières K3. Soucis d’allumage et de turbo, sortie de piste de Destic, la voiture engagée par Hervé Poulain ne fut pas à la fête. Elle termine tout de même à une fort honorable 20ème place ! Une voiture performante capable de rouler à 293 km/h dans les Hunaudières. Après Le Mans, elle fut reconditionnée dans les ateliers de Snobeck Racing.

Poulain-Destic-Snobeck – (2) – Porsche-935 – 1980 – Le-Mans – Photo-Thierry-Le-Bras
La trajectoire de cette Porsche 935 retrouva son maître, Hervé Poulain, 10 ans plus tard. Cette fois, le pilote n’officiait plus au volant. Il avait troqué sa combinaison de pilote pour son marteau de commissaire-priseur. Il adjugea la 935 qu’il avait pilotée au prix de 3,5 millions de francs. Les années qui suivirent, la Porsche résida tantôt chez le préparateur normand Michel Nourry, tantôt au Musée des 24 Heures du Mans. Puis 26 ans après, Maître Poulain se trouva à nouveau chargé de mettre son talent au service de la même 935. Elle allait une nouvelle fois changer de maître pendant la vente organisée par Artcurial au Mans Classic. Le nouveau propriétaire aura déboursé 1,3 M€. La voiture est éligible au Mans Classic. Peut-être la reverrons-nous sur la piste dans deux ans ?
Maître Hervé Poulain crédibilise David Sarel
Le Commissaire-priseur – pilote représente à mes yeux davantage qu’une réussite personnelle exceptionnelle. Plus encore que l’union du talent et de la passion. Il apporte un formidable espoir aux passionnés de course automobile. Il démontre d’abord qu’un gentleman driver peut réaliser des rêves formidables liés à la course automobile. Il prouve d’autre part que les pistes pour servir cet objet magique et le mettre en valeur sont infinies. Pas forcément avec le même succès que Maître Poulain, rarement avec un génie comparable, mais chacun possède la faculté de tenter quelque chose afin de partager l’amour que l’automobile et la course lui inspirent.

Extrait-Magazine-Slick – Octobre-1977
J’ai retrouvé dans mes archives un magazine qui publiait un reportage sur la Course de côte de Neuvy-Le-Roy 1977 publié dans SLICK (Numéro d’octobre 1977), un concurrent d’Échappement à cette époque. J’avais alors le plaisir et l’honneur de figurer sur la même page que le célèbre commissaire-priseur – pilote. Il avait gagné le groupe 5 avec son Alpine. Je m’étais imposé dans la classe 1300 – 1600 cm3 en groupe 1 (et 3ème groupe 1). Beau souvenir…

Hervé-Poulain – (à-gauche) – 2004 – Mans-Classic – Photo-Thierry-Le-Bras
Plus modestement que Maître Hervé Poulain, je reste un fervent défenseur de la création autour de l’automobile. Et j’écris des romans et nouvelles qui la mettent en scène. Un de mes personnages récurrents, David Sarel, que mes lecteurs suivent de l’adolescence à l’âge adulte, devient avocat et pilote automobile amateur. Il dispute de grandes épreuves au volant d’une puissante GT et fait équipe avec des pilotes de notoriété. Grâce à Hervé Poulain, David se révèle crédible. Le commissaire-priseur le plus rapide du monde a montré qu’un juriste particulièrement brillant dans l’exercice de son métier pouvait cumuler sa vie professionnelle avec le pilotage de bolides préparés par BMW, Porsche, Venturi ou Lamborghini… Dès lors, pourquoi ne pas envisager qu’un avocat inscrive sa vie sur une trajectoire parallèle ?
QUELQUES LIENS
DESIGNMOTEUR présente Rétromobile by Artcurial http://www.designmoteur.com/2016/02/photos-artcurial-motorcars/
Au Mans, sous la pluie, David Sarel s’interroge sur le meilleur choix de pneus http://bit.ly/25TaV2X
Richard Grieco, comédien, peintre et pilote http://bit.ly/1MJglo6
Un roman sur fond de Rallycross http://bit.ly/29fHooI
Quelques Jaguar dont une Type E d’Hervé Poulain au Mans Classic http://bit.ly/29qjP0A
Thierry Le Bras