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Michel Vaillant : Renaissance

Le 5ème épisode de la saison 2 des aventures  de la famille Vaillant est arrivé dans les librairies.

Un album de Michel Vaillant s’ouvre toujours avec un respect particulier. N’oublions que Jean Graton, le créateur du personnage, fut le premier auteur qui osa une série de fictions dans le monde de la course automobile. D’épisode en épisode, le quatuor Philippe Graton, Denis Lapière, Jean-Pierre Bourgne et Benjamin Benéteau s’affirme de plus en plus comme ses dignes successeurs.

De-gauche-à-droite - Philippe-Graton - Robin-Frinjs-(pilote) - Marc-Bourgne - Denis-Lapière - Benjamin-Benéteau

De-gauche-à-droite – Philippe-Graton – Robin-Frinjs-(pilote) – Marc-Bourgne – Denis-Lapière – Benjamin-Benéteau

RENAISSANCE est la 75ème aventure de Michel si nous considérons les deux saisons de la série. En fait, la famille Graton a écrit plus d’aventures mécaniques encore. Car ce décompte n’intègre que les albums complets dont Michel est le personnage principal. Il ne prend pas en compte des histoires courtes publiées dans le cadre d’opérations publicitaires, ni  la série Palmarès inédit, ni les exploits de la championne motocycliste Julie Wood (8 albums), ni les Histoires de l’oncle Paul, ni les dossiers Michel Vaillant, ni les Labourdet (série hors monde automobile). Un authentique passionné de sports mécaniques considère inévitablement Michel Vaillant non seulement comme une véritable icône de la course, mais aussi comme un vecteur de communication ayant apporté une contribution inestimable à la promotion de ses disciplines préférées.

Honda-Art-Car - Michel-Vailant- 2016

Honda-Art-Car – Michel-Vailant- 2016

L’actualité très riche de Michel Vaillant laisse penser que cette osmose entre le pilote de fiction et le monde de la course durera encore longtemps. Et c’est tant mieux. D’autant que Michel réussit l’exploit d’exister au-delà de l’univers parallèle où il nous entraîne. Le fils des propriétaires de La Jonquière se matérialise en dehors du monde du livre. Pour preuve la Honda Civic réalisée par Philippe Ghielmetti et Dominique Graton (l’épouse de Philippe) a reçu le prix de la plus belle Art car au Festival of Speed de Goodwood. La décoration est inspirée d’un Art Strip de Michel Vaillant.

La famille Vaillant dans la tourmente

L’épisode 4, Collapsus, se termine mal. Jean-Pierre s’est jeté dans un précipice avec la voiture que possédait jadis le Leader. Michel n’a pas réussi à l’en empêcher. Patrick – le fils de Michel et Françoise – est toujours dans un fauteuil roulant après l’accident survenu dans Voltage. La famille a perdu le contrôle de la firme après que Jean-Pierre se soit fait tromper et trahir pas Ethan Dasz.

J’avoue qu’à la fin de Collapsus, je pensais Jean-Pierre mort… Il a survécu. Mais il est toujours dans le coma à l’Hôpital des Invalides à Paris. Son épouse  Agnès le veille en permanence. Les médecins se refusent à tout pronostic quant à son réveil et à d’éventuelles séquelles.  Henri Vaillant et sa femme Élisabeth apparaissent vieillis et écrasés par ces nouvelles épreuves. Détruit par l’accident de son frère, Michel conduit des camions quelque part en Afrique. Carole Ouessant  fait une nouvelle apparition dans cette histoire. Menace pour le couple de Michel ? Amie fidèle et secourable ? L’avenir nous l’apprendra.

Françoise-et-Jean-Michel-Vaillant

Françoise-et-Jean-Michel-Vaillant

L’album Renaissance colle aux problématiques contemporaines. La peur de tout perdre, les fusions-absorptions tueuses d’emplois et de plans de carrières, les délocalisations, la hantise du déclassement social… Henri et Jean-Pierre étaient des capitaines d’industrie, des patrons qui vivaient leur métier comme une mission et une passion. Ils aimaient leurs collaborateurs, l’équipe sans laquelle les Vaillante ne sortiraient pas de l’usine. Leur successeur  – le « voleur » de leur travail – est un vulgaire financier sans états d’âme. Aucun respect du personnel qui a façonné l’histoire et l’héritage de la marque. Le sigle Vaillante n’a plus sa place sur les bâtiments de la firme. La famille Vaillant devient indésirable à proximité. Jean-Michel et Françoise en font l’amère expérience. Nous apprenons au passage que Jean-Michel possède une bonne droite – les Vaillant ne se sont jamais laissés faire et Michel savait aussi se servir de ses poings si nécessaire dans les scenarii de la première saison -, mais les nervis d’Ethan Dasz le chassent tout de même. Nul doute que les prochaines Vaillante ne posséderont pas le charme vintage de l’Ipharra que conduit Jean-Michel. Les lecteurs fidèles depuis très longtemps à Michel Vaillant se souviendront que le modèle Ipharra est apparu en 1965 dans Le 8ème pilote. La voiture ressemblait à une des reines de son époque, la Jaguar Type E.

Les Vaillant nous réservent des surprises

Humiliés, battus, chassés, les Vaillant ne s’avouent pas vaincus. Pas tous en tout cas. Françoise veut faire renaître Vaillante par son ADN, la course ! Elle peut compter sur la génération suivante. Jean-Michel ne laissera pas tomber. Ce n’est pas surprenant. Nous le savions impliqué dans la vie de la firme depuis le début de la seconde saison. Patrick par contre semblait vouloir suivre une autre trajectoire. Il avait constitué la start-up Now Future et ne voulait pas vivre au rythme des automobiles Vaillante. Mais quand son père a eu besoin de lui à cause de problèmes techniques lors de la chasse au record sur le Lac salé avec une voiture électrique, il est venu sans hésiter (cf Voltage). Bien que gravement blessé par une explosion pendant cet épisode, il ne lâche pas prise.

ePrix-de-Paris

ePrix-de-Paris

Françoise Vaillant achète des monoplaces électriques afin de disputer l’ePrix de Paris. Elle peut compter sur l’oncle Benjamin pour la logistique, sur Patrick pour maîtriser les particularités techniques de la discipline – nombreuses et complexes-, sur Jean-Michel pour contribuer à la gestion de l’opération avec toute l’énergie dont il est capable. Steve Warson accepte tout de suite de piloter une des monoplaces malgré sa campagne électorale au Texas. N’est-il pas de toute façon trop loyal pour la vie politique ? Les coups bas que décochent son adversaire pendant qu’il vient à Paris annoncent d’autres développements.

Michel-Vaillant - Renaissance - Couverture

Michel-Vaillant – Renaissance – Couverture

Michel accepte de piloter à nouveau. Par devoir, sans envie. De quoi reste-t-il capable ? Ses supporters croient en lui. Comme Steve, comme Patrick, comme Françoise, mais redeviendra-t-il le Michel Vaillant capable de se battre avec les rois de la monoplace. Didier Pironi, Ayrton Senna, Nigel Mansell, Mika Häkkinen, Michael Schumacher, Damon Hill (après son père Graham) ne sont plus ses adversaires. Le voici face à Loïc Duval, Jean-Éric Vergne, Sébastien Buemi, Bruno Senna, Nicolas Prost… Alain Prost, le père, n’est plus sur la piste mais dans les stands. Tandis que Michel revient sur le bitume et que Patrick, son fils, gère la course depuis les stands. La famille Vaillant repart à zéro. Michel trouvera-t-il la force de rebondir ? C’est un des principaux enjeux de cet épisode 5 de la nouvelle saison et de l’avenir de Vaillante en compétition.

Superstitions et course automobile

Jean et Philippe Graton n’ont pas ignoré cet aspect de la course automobile dans le passé. Nous retiendrons par exemple la pose d’un autocollant publicitaire représentant un signe maléfique sur les Vaillante lors d’un rallye africain (cf Dans l’enfer du Safari). Effrayés pat le symbole maléfique, les spectateurs n’osaient pas aider les équipages de la firme lorsqu’ils s’embourbaient alors qu’ils sortaient prestement leurs concurrents d’affaire moyennant quelques billets. Cette fois, Michel reçoit en Afrique un grigri supposé porter bonheur et doté d’un grand pouvoir.

Vaillante-1998- Le-Mans- Album-La-Prisonnière

Vaillante-1998- Le-Mans- Album-La-Prisonnière

Dans la saga Vaillante, il y eut aussi cette transmission de pensée suivant une prémonition qui sauva Michel d’un accident dans les Hunaudières  lors de l’édition 1998. Cette année-là, Michel faisait équipe avec Éric Bernard et Thierry Boutsen. La veille de la course, il se réveille en pleine nuit et rencontre le Leader au dernier étage de la grande tribune. L’homme contre qui il a mené tant de combats revient de la mort et le prévient de ne pas se trouver sur le circuit le lendemain à minuit. Il lui affirme qu’il ne se souviendra peut-être pas de leur entretien en se réveillant le lendemain. Le samedi soir, Michel est sur la piste à l’heure fatidique. Tout à coup, alors qu’il se bat en tête et va prendre un tour à un peloton de cinq concurrents dont la Leader pilotée par Cramer, sa voiture perd du terrain. Il se retrouve à 100 mètres du groupe. Heureusement ! A l’entrée de la seconde chicane des Hunaudières, Cramer tente un dépassement osé au moment où le groupe rattrape des GT. Ça ne passe pas. Crame provoque un carambolage impressionnant. Le lecteur souffre en voyant une Porsche, une Jaguar, une Venturi, une Peugeot 905 et la Leader cassées. Derrière, Michel freine, freine… Quelques dizaines de mètres qui durent une éternité (3 pages entières). Le Vrrrroooaaaarrrrrr légendaire des moteurs de course laisse place au IIIiiiiiii interminable des gommes martyrisées. Que s’est-il passé au moment où la Vaillante a perdu le contact avec le peloton qu’elle rattrapait ? Michel a-t-il échappé à un accident dramatique grâce à la force surnaturelle qui l’a contraint à ralentir ? Quelques heures plus tard, il rencontrera le Leader au Tibet après un voyage étonnant en Jet privé. L’homme lui confirmera qu’il est revenu à la vie après un état de mort clinique. Depuis, il voit plus loin dans le temps et dans l’espace. Il a eu la vision de l’accident qui menaçait Michel au cœur de la nuit mancelle. Il lui a envoyé un message (en quelque sorte télépathique) que l’esprit réceptif du pilote a perçu.

Vaillante-Courage-13 - 1997 - Le-Mans

Vaillante-Courage-13 – 1997 – Le-Mans

Et nous n’oublierons naturellement pas le clin d’œil au numéro 13 avec le 13 est au départ dès le cinquième album de la saison 1. Le 13, un numéro très mal vu dans le monde de la course automobile. J’y reviendrai prochainement à l’occasion de la sortie de la version enrichie  sur papier de mon roman LE PACTE DU TRICHEUR, un polar jeunesse teinté de fantastique qui se termine par des annexes témoignant des principales superstitions des pilotes. Le 13 est censé porter malheur. Cette tradition dans les sports mécaniques remonte à 1926. Paul Torchy et le Comte Massehi se sont tués en course à deux semaines d’intervalle en portant le numéro 13. Pourtant certaines écuries le réclament, notamment Courage. Lorsque la Vaillante-Courage C41  de l’équipage Didier Cottaz – Jérôme Policand – Marc Goosens termina à la quatrième place des 24 Heures du Mans 1997, elle portait le numéro 13. Comme la monoplace de Michel Vaillant à l’ePrix de Paris. Un signe ?

QUELQUES LIENS

DESIGNMOTEUR présente la journée Genty, un constructeur français de voitures passion qui rappellent un peu les Vaillante non ? http://www.designmoteur.com/2016/05/journee-porte-ouverte-genty-automobile-akylone/

Collapsus, la dernière BD Michel Vaillant est un thriller financier captivant sur fond de contrôle des firmes Vaillante et Leader http://bit.ly/1Xo4tJh

J’aimerais que le Team Vaillant prépare une série dérivée pour un de ses personnages secondaires. Je serais en outre fou de joie de participer à l’équipe des scénaristes http://bit.ly/20Cu7PU

Le 13 en course automobile http://urlz.fr/2GpM

Ronnie, né pour la BD ? http://0z.fr/DwoeM

Thierry Le Bras

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