Aucune course dans le monde ne suscite autant de ferveur que les 24 Heures du Mans. Depuis sa naissance en 1923, l’épreuve fait rêver tous les pilotes, tous les ingénieurs, tous les constructeurs. Renault ne fait pas exception à la règle.
Les passionnés se souviennent avec nostalgie des prototypes Alpine qui contribuèrent à faire entrer Le Mans dans la légende de la course automobile.
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Cela paraît à peine imaginable aujourd’hui où les modèles les moins rapides sur la piste sont des bolides de grand tourisme arborant des marques prestigieuses telles Aston Martin, Porsche, Ferrari, Ford (en référence à la GT 40), mais avant, dans les années 50, la version la plus sportive d’une des voitures françaises les plus populaires a participé aux 24 Heures. Et contrairement à la Berlinette Alpine qui n’a jamais réussi ce défi, la 4cv figure au classement officiel de l’épreuve.
Les 4 cv musclées pour la course représentèrent l’esprit R 8 Gord avant l’heure. Avec cette version sportive, Renault transforma sa voiture populaire en petite bombe capable de briguer les podiums en compétition. Elle se forgea un palmarès plus qu’honorable. Nous citerons notamment les victoires suivantes : Course de côte du Mont-Ventoux, Rallye des Alpes, Liège – Rome – Liège, Mille Miles et 24 Heures du Mans (catégorie moins de 750 cm3 en 1951).
4 participations aux 24 Heures
En 1949, un équipage privé composé de Camille Hardy et Maurice Roger prend l’initiative d’engager une 4cv aux 24 Heures du Mans. Le projet ne reçoit aucun soutien de la Régie Renault. Au contraire, le constructeur français n’y croit pas et craint la mauvaise publicité d’une contre-performance ou d’un abandon rapide. De fait, la machine privée ne tiendra que 21 tours avant de renoncer suite à une défaillance des soupapes.
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En 1950, ce sont 5 voitures privées qui s’alignent dans la Sarthe. Cette fois, 3 4cv verront le drapeau à damiers. L’une remporte même sa catégorie devant la rivale Panhard. Elle est pilotée par Jean Sandt et Henri Coatalen. Ils finissent 24èmes au classement général.
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Il est temps pour la Régie de s’investir davantage. En 1951, 5 voitures sont engagées par le Team Renault et une 6ème par la société Satecmo qui produit des boites de vitesses spéciales pour la 4 CV. Le service compétition du constructeur français a développé une modèle compétition, la 1063, qu’André Costa qualifie de « première silhouette » (L’auto-journal HS 40 ans de passion automobile – 1950 – 1990). La 4 cv 748 cm3 reçoit un nouvel arbre à cames, un carbu double corps, une direction directe, une suspension plus ferme. La culasse est rabotée, ce qui augmente le taux de compression de 8,4 à 9,5. Elle perd sa banquette arrière, chasse au poids oblige. Des ailes arrière et capots en aluminium remplacent les éléments d’origine. Ainsi équipée, La 4CV atteint les 135 kilomètres heure. Pierre Lefaucheux, patron de la Régie Renault, assiste à la course. Les voitures se comportent bien. Elles allient performances et fiabilité. La N° 50 de l’équipage François Landon – André Briat remporte sa catégorie devant une Panhard. Ce sera bon pour la publicité et les ventes. La N° 50 a parcouru 2668,755 kilomètres à la moyenne de 111,197 km/h, Elle finit 24ème au général. Bien sûr, les vainqueurs, Peter Walker et P. Whitehead ont couvert 3611,193 kilomètres en roulant à 150,466 km/h, mais ils disposaient d’une Jaguar de 3442 cm3.
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En 1952, Renault revient avec 6 voitures. Elles ont gagné de la puissance et atteignent 43 chevaux, roulent 5 kilomètres heure plus vite, mais perdent leur fiabilité. Seules 2 atteindront l’arrivée. Cette fois, Panhard prend sa revanche dans la classe de cylindrée. Déçue, la Régie prend ses distances avec Le Mans.
Un peu de sang Porsche dans les durites ?
Beaucoup de rumeurs ont circulé quant à la participation de Ferdinand Porsche à la conception de la petite Renault. L’ingénieur allemand avait été arrêté à la fin de la seconde Guerre mondiale parce qu’il avait travaillé avec le gouvernement allemand. Il fut emprisonné en France pendant 20 mois.
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« On ne peut pas en dire beaucoup plus à propos du rocambolesque épisode au cours duquel Ferdinand Porsche et quelques-uns de ses plus proches collaborateurs, tombés entre les mains des troupes françaises, furent « invités » à Billancourt afin de donner leur avis sur les premiers prototypes de la 4cv, écrit André Costa (L’auto-journal HS Années 50). Le créateur du char Tigre collabora-t-il vraiment à la mise au point de cette cousine éloignée de sa Coccinelle, résista-t-il par son mutisme à toutes les questions ou opta-t-il pour des conseils évasifs, voire erronés ? Qui nous renseignera de manière objective ? »
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Il semble que neuf rencontres aient eu lieu entre Ferdinand Porsche et les ingénieurs de Renault. Mais l’importance de l’inventeur de la Coccinelle dans le concept dérivé –ou tout au moins inspiré – 4cv reste assez flou. Louis Renault ne serait pas en mesure de contribuer à la vérité. « L’industriel finit par mourir sous les mauvais traitements », rappelle André Costa après avoir souligné « le martyre qu’il vécut pour expier des crimes illusoires mis en exergue par des soucis politiques très éloignés de la recherche de la vérité. »
Une auto vaillante et sympathique, mais délicate
A l’époque où la 4cv est apparue, personne ne s’attendait à des phénomènes comparables à ceux de la R8 Gordini, de la Simca 1000 Rallye 2 ou de la Golf GTI. « Il était tout aussi inconcevable qu’une 4cv double une 15 Citroën que de voir le Général de Gaulle faire du ski nautique à Saint-Tropez », témoigne André Costa qui pilota une 1063 en course et en posséda une. Le journaliste évoque volontiers cette sportive attachante. « Sa conduite était doublement un plaisir, d’abord en raison du trouble profond qu’elle semait dans l’esprit de tous les conducteurs rencontrés – elle vrombissait comme un petit avion à 135 km/h – et aussi parce qu’elle imposait sur ses Michelin 5.20/15 une conduite très fine, qui permettait d’assimiler, de gré ou de force d’ailleurs, l’art délicat du dérapage contrôlé qui, à l’époque, n’était pas tellement dans les mœurs. »
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J’ai eu l’occasion d’observer une 4cv 1063 au Mans Classic 2002. Enfin, pas très longtemps. La petite Renault aux couleurs de celle victorieuse dans sa catégorie en 1951 n’apprécia pas du tout la première chicane des Hunaudières. Elle se montra fidèle à sa réputation de comportement délicat. Elle termina sa course en tonneaux dès la première manche. Des heures de tôlerie en perspective pour redonner à la belle son aspect originel !
QUELQUES LIENS
DESIGNMOTEUR présente la Berlinette Alpine http://www.designmoteur.com/2016/02/alpine-a110-heritage/
Didier Pironi, pilote une Renault au Tour de Corse http://circuitmortel.com/2015/12/didier-pironi-au-tour-de-corse/
Une Dauphine, une jolie femme, un pauvre mob-boy solitaire http://0z.fr/r8RvN
Un roman policier au bord de la piste http://editions2l.wix.com/editions2l
Thierry Le Bras