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69, Année…

J’évoquais 1969 dans ma précédente note. 69, encore l’âge d’or de l’automobile. Nous sommes à la fin du tourbillon des sixties. Les radars n’existent pas. La vitesse est libre sur la plupart des routes.

M-et-Mme-Pompidou-roulaient-en-Porsche - Copyright-inconnu

M-et-Mme-Pompidou-roulaient-en-Porsche – Copyright-inconnu

Printemps 1969. Georges Pompidou va être élu Président de la République. Son épouse Claude, grande amatrice d’art, roulait en Porsche et adorait la vitesse. La classe absolue. Un contraste saisissant avec les concubines de la République d’aujourd’hui, ces mesdames de maintenant…

Brigitte-Bardot-en-Harley-Davidson

Brigitte-Bardot-en-Harley-Davidson

Le sculpteur Aslan décidera bientôt d’immortaliser Brigitte Bardot comme symbole de Marianne, figure de la République. La belle chantait depuis deux ans qu’elle n’avait besoin de personne en Harley Davidson. Elle ne reconnaissait plus personne en Harley Davidson. Elle allait à plus de cent et elle se sentait à feu et à sang. Que lui importait de mourir les cheveux dans le vent… Dieu avait créé la femme –celle auprès de qui mademoiselle Monroe avait l’air d’un homme – en utilisant comme outil la main de Vadim.

Une publicité audacieuse

1969, c’est aussi la sortie de la Porsche 914, un mélange de Porsche et de Volkswagen. Une voiture géniale qui, avec son moteur central arrière, offrait une efficacité extraordinaire. Il ne lui manqua que le développement et l’image pour construire un palmarès hors du commun. J’en reparlerai, mais n’oublions pas que la Porsche 914/6 de Ballot-Léna et Chasseuil s’imposa en GT aux 24 Heures du Mans 1970. Sous la pluie, elle se montra plus efficace que sa majesté 911.

Publicité-Porsche-914-6

Publicité-Porsche-914-6

Bientôt, Porsche oserait une publicité audacieuse afin de séduire les clients amateurs de performances et ouverts à l’humour. Nous n’osons même pas imaginer les commentaires que provoquerait un tel message aujourd’hui. La communication Porsche était en adéquation avec une époque où la plupart des Français adoraient les voitures. Maintenant, l’automobile est moins aimée, hélas. Porsche et BMW sont des symboles à brûler ou saccager pour une certaine population. A l’inverse, les sixties et le début des seventies s’inscrivaient sur une trajectoire d’enthousiasme, de créativité, d’imagination. Aujourd’hui, c’est plutôt horizon grisaille, banalisation, «  » »normalitude » » », tout ça au nom de l’alignement sur le plus mauvais. Cap sur l’autophobie afin de flatter avec molle subtilité – ou inconscience mêlée à la fatuité – l’écolo dans le sens du poil… Forcément, la qualité de la publicité pâlit de la médiocrité du pouvoir et de la résignation d’une population manipulée par des grands médias aux ordres dont la mission est devenue le rabâchage du storytelling officiel.

Des voitures conçues pour le plaisir

A la fin des années 60, vitesse et plaisir du conducteur guident encore les concepteurs d’automobiles. Parmi les plus belles machines sur le marché, la Ferrari 365 GTB4 Daytona et la Lamborghini Miura. Le chanteur Christophe racontera avoir frôlé l’imprudence en écoutant en boucle une chanson de Michel Berger au volant d’un Ferrari Daytona Rossa !

Knapfield-Fawe - Ferrari-365-GTB-4 - 2003- Tour-Auto - Photo-Thierry Le-Bras

Knapfield-Fawe – Ferrari-365-GTB-4 – 2003- Tour-Auto – Photo-Thierry Le-Bras

C’était bien plus tard mais cette Ferrari produite de 1968 à 1973 reste un symbole de folie. La Lamborghini Miura acquit également le statut de star éternelle. Belle, puissante, people. Aujourd’hui encore, Jean-Marie Périer, photographe et ami des stars, raconte son accident en Miura avec Johnny Hallyday lorsque les médias l’invitent à témoigner sur ses rapports avec les meilleurs vendeurs de vinyles.

Citroën-Méhari - 2015 - Rennes - Photo-Thierry-Le-Bras

Citroën-Méhari – 2015 – Rennes – Photo-Thierry-Le-Bras

Les voitures populaires ne sont pas en reste. Prenons la Méhari, une sorte de mini-jeep déclinée à la sauce européenne sur châssis 2cv Citroën. Sortie en 1968, elle fait fureur dans les stations balnéaires l’année suivante. Rapidement, Jean Nohain qui anime des programmes jeunesse à la radio et à la télévision se laisse convaincre. Il fera la tournée des plages avec une Citroën Méhari plutôt qu’une grosse américaines. Les enfants l’accueillent avec encore plus d’enthousiasme !

La naissance d’un des bolides les plus formidables de Porsche

En 1967, l’autorité sportive a eu peur des performances atteintes par les Ford MK IV et Ferrari P4. La cylindrée des prototypes sera donc limitée à 3 litres à partir du 1er janvier 1968. Celle des voitures de Sport ne devra pas dépasser 5.000 cm3. Cela concerne alors la Ford GT40 et la Lola T70. En 1968, la marque de Stuttgart a compris que ses prototypes 908 3 litres, formidables machines, manqueront de puissance et de fiabilité dans certains duels. Elles sont capables de belles performances mais resteront fragiles tout au long de cette saison.  Ford remportera les 24 Heures du Mans avec l’équipage Pedro Rodriguez – Lucien Bianchi. Et aussi le titre mondial. Mais Porsche entend régner sur la discipline et prépare la revanche.

Porsche-917 - 1969

Porsche-917 – 1969

La réglementation permet d’homologuer de nouveaux bolides de 5 litres à condition d’en fabriquer au moins 25 exemplaires. Alors, Porsche va oser. La décision de lancer le programme 917 est prise le 28 juillet 1968. La bête de course allemande ressemblera à la 908, mais la position du pilote sera avanc ée de manière à caser le flat 12 de 4.494 cm3 développent 580 chevaux dans sa version initiale. Les pieds du pilote se trouvent devant les roues avant ce qui surprend au moment de prise en mains. La FIA homologue la 917 le 21 avril 1969. Dès les journées tests des 24 Heures, le monstre explose le record du circuit de près de 5 secondes. Il atteint les 340 kilomètres/heure dans les Hunaudières. Tout n’est pas rose pourtant. La voiture se révèle instable, peu docile, peu sécurisante. Un fauve à dompter. Les premières sorties à Spa et au Nurbürgring ne sont pas de tout repos. La 917 ne dispute pas le podium.

Porsche-917-14 - Stommelen-Ahrens - 1969 - Départ-24-Heures-du-Mans - Copyright-inconnu

Porsche-917-14 – Stommelen-Ahrens – 1969 – Départ-24-Heures-du-Mans – Copyright-inconnu

Au Mans au mois de juin, Stommelen signe la pole devant la voiture sœur d’Elford et Attwood. Le privé John Woolfe aligne une troisième 917. Il partira neuvième. C’est le denier départ type Le Mans. Les voitures sont garées en épi devant les stands. Les pilotes, alignés de l’autre côté de la piste, courent vers leurs bolides lorsque le drapeau s’abaisse. Ils se faufilent dans le baquet, démarrent le moteur, se jettent dans la course. La plupart n’attachent pas les harnais de sécurité. Dès les premiers mètres de course, la 917 N° 14 de Stommelen mène la ronde à un rythme d’enfer. Mais derrière, la 917 privée sort dès le premier tour à Maison blanche. John Woolfe n’a pas pris le temps de s’attacher. Il est éjecté et tué sur le coup. Dès l’année suivante, le départ type Le Mans sera abandonné dans le souci de la sécurité des pilotes.

Les 917 d’usine semblent mettre leurs adversaires KO. Si celle de Stommelen et Ahrens renonce au milieu de la nuit, la N° 12 d’Elford et Attwood contrôle les débats jusqu’à la 18ème heure. Porsche semble décidément invincible. Enfin, jusqu’à ce que la 12 soit à son tour stoppée par des ennuis mécaniques, laissant la 908 d’Hermann et Larrousse s’expliquer avec la GT40 d’Ickx associé à Oliver. Les derniers nommés franchiront la ligne d’arrivée en vainqueurs à 14 heures. Oui, à 14 heures et pas à 16 heures car la course avait été avancée à cet horaire à cause de l’élection présidentielle qui verrait Monsieur Georges Pompidou (cité en début de note en raison de son amour de l’automobile) l’emporter face à Monsieur Alain Poher.

Porsche-914-6 - 2002 - Photo-Thierry-Le-Bras

Porsche-914-6 – 2002 – Photo-Thierry-Le-Bras

Elford-Attwood - Porsche-917-12 - 1969 - Le-Mans

Elford-Attwood – Porsche-917-12 – 1969 – Le-Mans

La 917 devra attendre les 1.000 kilomètres de Zeltweg en août pour célébrer sa première victoire. La première d’une belle collection, mais ça, c’est une autre histoire. Ah, 1969, décidément une belle année chez Porsche et ailleurs !

QUELQUES LIENS

DESIGNMOTEUR célèbre Harley Davidson et le roadster dark custom http://www.designmoteur.com/2016/05/harley-davidson-roadster-dark-custom/

DESIGNMOTEUR présente la Lamborghini Miura http://www.designmoteur.com/2016/01/1966-lamborghini-miura-p400/

Philippe Georjan au Rallye de la Baule 1969 depuis le baquet de droite d’une Porsche 911 ! http://circuitmortel.com/2016/05/navigateur-au-rallye-de-la-baule-1969/

Philippe Georjan raconte comment il a appris à conduire. C’était au volant d’une… Lotus et bien avant le permis http://circuitmortel.com/2015/12/lauto-ecole-en-lotus-elan-et-avant-lage/

DESIGNMOTEUR décrypte l’E Méhari d’aujourd’hui http://www.designmoteur.com/2015/12/citroen-electronlibre-bluesummer-mehari-cactus/

En 1970, la Porsche 917 en haut de l’affiche avec Steve McQueen http://circuitmortel.com/2015/11/steve-mcqueen-lhomme-et-le-mans/

Thierry Le Bras

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