La course automobile, le bonheur absolu ? Oui, mais pas pour tout le monde…

Ferrari-Porsche-Alfa-Romeo – 2004 – Le-Mans-Classic – Photo-Thierry-Le-Bras
Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours considéré la course automobile comme quelque chose de très important dans ma vie. Durant mon enfance, mon héros était Jim Clark, pas une star du rock. Plus tard, j’ai suivi de très près les performances des pilotes de ma génération, notamment Didier Pironi.
Les 24 Heures du Mans représentent à mes yeux une fête bien plus importante que Noël ou le 1er de l’An.

Thierry-Le-Bras – VW-Golf-GTI – 1977 – Pluméliau – Photo-équipe-TLB
J’ai couru quelques saisons en course de côte, et si j’ai rangé ma combinaison malgré des victoires de classe régulières, ce fut uniquement à cause des difficultés à concilier la course avec mes obligations professionnelles et le budget de plus en en plus important qu’elle exigeait.
La course avant tout
Jean-Luc Pailler, le plus titré des pilotes de Rallycross, qui a préfacé l’édition 2005 de mon roman Circuit Mortel à Lohéac, m’a dit un jour, « on n’a que de bons souvenirs en course automobile ». C’est bien ce que je pense aussi.

Shelby-Cobra-Daytona – Ferrari-275-GTB – 2003 – Tour-Auto – Photo-Thierry-Le-Bras
Ce n’est pas par hasard si j’ai réalisé la biographie officielle d’Olivier Panis et si plusieurs héros récurrents de mes romans, à commencer par David Sarel et Philippe Georjan, évoluent dans le milieu du sport automobile à diverses époques.

LMGT1-au-esse-Dunlop -2006 – Le-Mans- Photo-Thierry-Le-Bras
Mais tout le monde ne considère pas la course de la même manière. Les recettes du bonheur ne sont pas universelles. Une séance de dédicaces à la Bibliothèque du Lude m’en apporta une nouvelle preuve. Une semaine avant les 24 Heures, j’étais invité à présenter mon roman Chicanes et Dérapages de Lorient au Mans. Le scénario tourne autour de la participation d’une écurie au Mans 2006. Le dénouement intervient pendant l’épreuve. Donc, tout naturellement, la discussion s’orienta autour de la course et des pilotes.
Incroyable mais vrai
Un journaliste sarthoise fit part de ses observations sur la façon dont la course était vécue par les femmes de pilotes et leurs enfants. La problématique est abordée dans mes romans dans la mesure où les comportements des épouses des pilotes diffèrent. Certaines acceptent très bien cette vie. D’autres en souffrent. Et mes pilotes, qui sont par définition des égoïstes comme tous ceux qui pratiquent ce sport, ne renonceront pas à la compétition. Elles le savent très bien.

Bizzarini-5300-GT – Ferrari-275-GTB – 2004 – Le-Mans-Classic – Photo-Thierry-Le-Bras
L’intervenante nous raconta sa propre expérience. Elle n’est pas mariée à un pilote, mais fille de pilote. Elle était une enfant dans les années soixante. Et là, son opinion me causa un choc. Son père, chef d’entreprise, connut des hauts et des bas, comme la plupart des patrons. Lorsque les affaires marchaient fort, il courait et envoyait ses filles et ses fils dans les meilleures écoles privées. Mais lorsque le commerce se ralentissait, il vendait la voiture de course et inscrivait sa progéniture à l’école publique de la petite commune où habitait la famille.

Noblet-Prunet – Ferrari-275-GTB – 2004 – Le-Mans-Classic – Photo-Thierry-Le-Bras
« Nous, les enfants, nous préférions les périodes de vaches maigres à celles de vaches grasses, témoigna cette dame, par ailleurs charmante et excellente conteuse. Quand mon père n’avait pas d’argent, nous étions tous à la maison. Nous allions en classe avec nos copains. Nous passions les week-ends tous ensemble. Quand il en avait, on ne le voyait presque plus, il passait les week-ends par monts et par vaux. Un soir, je suis rentrée à la maison et j’ai vu une Ferrari dans la cour. J’étais désespérée. Ça voulait dire pension en perspective et papa parti tout le temps. »

Alfa-Romeo-2000-GTV – 1975 – Landivisiau – Photo-Thierry-Le-Bras
Moi qui aurais été si fier et si heureux que mon père fasse de la course automobile quand j’étais gamin ! J’avais du mal à en croire mes oreilles. Chacun sa vie, chacun son chemin. Mais le monde est souvent mal fait. Il apporte aux uns de prétendues satisfactions qui font leur malheur alors qu’elles auraient rendu d’autres fous de joie. Éternel problème de la réciprocité, comme en amour. Combien d’épouses d’hommes ayant bien réussi n’entendons-nous pas se plaindre qu’elles étaient beaucoup plus heureuses avant parce qu’elles voyaient davantage leur mari, qu’elles se sentaient utiles, qu’elles trouvaient leur place alors qu’elles se sentent perdues dans l’univers qu’il a conquis ?
QUELQUES LIENS
DESIGNMOTEUR présente la Ferrari GTC4Lusso http://www.designmoteur.com/2016/02/ferrari-gtc4lusso/
Une image, une fiction automobile http://polarssportsetlegendes.over-blog.com/2016/02/une-image-une-fiction-automobile.html
Chicanes et dérapages de Lorient au Mans, quelques exemplaires encore disponibles sur Amazon http://www.amazon.fr/Chicanes-d%C3%A9rapages-Lorient-au-Mans/dp/2845831560
Thierry Le Bras