Qu’évoque le Monte-Carlo aux yeux du grand public ?
Certains pensent d’abord aux casinos et à l’univers du jeu. Les cinéphiles se remémorent le mariage de Grace Kelly avec le prince Albert. Les avocats internationaux considèrent avant tout la Principauté comme un Paradis fiscal accessible à tout titulaire d’une grande fortune à condition qu’il ne soit pas français. D’autres encore rêvent aux voitures prestigieuses, aux yachts magnifiques, aux toilettes achetées chez les grands couturiers et aux bijoux conçus par les meilleurs joailliers, autant d’objets luxueux qui fleurissent dans ce cadre paradisiaque.

Thérier-Callewaert – R8-Gordini – 1969 – Rallye-de-Monte-Carlo
Mais pour les amateurs de sport, Monte-Carlo symbolise en priorité trois événements majeurs internationaux : le tournoi de tennis, le Grand-Prix de Formule 1 le plus célèbre du monde, et le rallye que tous les pilotes ainsi que toutes les écuries veulent absolument inscrire à leur palmarès.

Henri-Toivonen-Sergio-Cresto – Lancia-Delta-S4 – 1986 – Rallye-Monte-Carlo
Normal, parmi les Rois de Monaco figurent des champions aussi remarquables que Rafael Nadal, Ayrton Senna, Pauli et Henri Toivonen (le père et le fils, vainqueurs à 20 ans d’intervalle) et Sébastien Loeb !
Une naissance difficile
Il faut remonter à1911 pour découvrir l’origine du Rallye de Monte-Carlo. Il ne s’agissait pas alors d’une véritable compétition, mais plutôt d’un concours d’élégance original. Jalouse de la prépondérance que s’efforçait de conquérir Nice, la rivale voisine sur la Côte d’Azur, et consciente de l’effet attractif de la course Paris-Nice puis de la semaine automobile organisée dans la même cité, les professionnels du tourisme décidèrent de riposter. Afin de conférer à leur manifestation une audience internationale, ils mirent au point un règlement complexe qui imposait aux concurrents de partir de la capitale de leur pays. Le classement prenait en compte le kilométrage parcouru, la moyenne réalisée, le nombre de personnes transportées, le confort offert aux passagers et l’état du véhicule à l’arrivée. Les conducteurs ne devaient pas dépasser une moyenne de 25 kilomètres à l’heure. N’oublions pas qu’étymologiquement, rallye signifie rassemblement et non course de vitesse.

Nagel – 1912 – Rallye-de-Monte-Carlo
Cette réglementation se révéla aussi incompréhensible pour le public et les journalistes qu’injuste pour les concurrents. A titre d’exemple, en 1912, Nagel part de Russie au volant d’une voiture fabriquée par la société Russo-Baltique. Après deux jours de course, il adresse un message significatif : « j’arriverai si les loups ne nous mangent pas en route et si nous ne gelons pas tout vif ». Il fait si froid que lorsque le pilote s’arrête dormir, il doit se lever et faire tourner le moteur toutes les deux heures pour éviter que l’huile ne se fige. Nagel arrivera le premier à Monaco après avoir parcouru à peu près deux fois plus de kilomètres que les concurrents partis de Berlin parmi lesquels figure le futur vainqueur, le capitaine Von Esmach. Quant à Nagel, il ne sera classé que neuvième. Comprenne qui pourra !
Le rallye n’aura vécu que deux années sous cette forme initiale. La complexité des méthodes de classement et la première guerre mondiale faillirent le tuer.
Un nouveau départ
Il faudra attendre 1924 pour que la troisième édition s’organise. Peu à peu, des épreuves de régularité, d’adresse et de vitesse pure furent ajoutées au programme. Ces épreuves devinrent déterminantes dans les années 50. Le Rallye de Monte-Carlo se métamorphosa enfin en vraie compétition, même si le parcours de concentration était maintenu comme une sorte d’hommage à la tradition ancestrale.

Feret-Monraisse – Renault-Dauphine-Spéciale – 1958 – Rallye-Monte-Carlo
Outre ce prologue à la course véritable, la spécialité du Monte-Carlo réside dans l’époque et le lieu qui lui servent de cadre. Le mois de janvier s’avère fréquemment le plus rude de l’hiver, surtout dans les régions montagneuses. La neige et le verglas furent souvent fidèles au rendez-vous. Les conditions rencontrées varient parfois énormément au long d’une même épreuve spéciale en fonction de l’altitude et des caprices soudains des dieux du ciel. De tout temps, ces aléas, s’ils élevèrent le Monte-Carlo au rang de légende, en firent aussi une course redoutable.
Ils contribuèrent également à l’apport technologique incontestable de ce rallye à l’automobile de série. Les pneumatiques cloutés y furent utilisés pour la première fois, de même que les lampes à iode, les phares antibrouillard, l’alternateur et le lave-glace.
Des vainqueurs parfois inattendus
Ces conditions météorologiques particulières expliquent la variété des voitures qui se sont imposées en Principauté. C’est ainsi que sur la liste des vainqueurs successifs, de modestes Renault Dauphine, Panhard, Saab 850 cm3 ou Mini Cooper côtoient sans complexes de puissantes DS, Mercedes, Jaguar ou Porsche.

Toivonen-Mikander – DS-21 – 1966 – Rallye-Monte-Carlo
Même s comme dans tous les ports mécaniques, le rôle de la machine se révéla souvent prépondérant, il ne faudrait pas nier l’importance des pilotes et de leurs navigateurs, car le Monte-Carlo n’a couronné que les plus grands.

Alexander- Burkhardt – BMW-528- 1984 – Rallye-Monte-Carlo – Photo-Thierry-Le-Bras
A côté des pilotes engagés par les usines, nous n’omettrons pas les amateurs, fréquemment doués, qui durant des décennies, ont constitué le plus gros du plateau au prix de sacrifices financiers considérables. Sans eux, le rallye n’aurait pas obtenu ses lettres de noblesse. Ici la BMW 528 groupe A numéro 135 de l’équipage Alexander – Burkhardt, C’était au Rallye de Monte-Carlo 1984, une édition qui s’est disputée dans des conditions très hivernales et peu favorables à cette voiture taillée pour le circuit et la côte.

Loubet – Alfa-GTV6 – 1984 – Rallye-Monte-Carlo – Photo-Thierry-Le-Bras
Il n’aurait pas davantage conquis sa notoriété extraordinaire sans l’enthousiasme des spectateurs. Bravant la neige et le froid, ils n’hésitent pas à rester postés durant de longues heures au bord des routes, se réchauffant auprès des feux de camp, dans l’attente d’apercevoir quelques brefs instants le spectacle magique de voitures volant ou glissant de virage en virage entre les mains de virtuoses du pilotage.

oann-Bonato-Denis-Giraudet – DS3 -R5 – 2016 – essais-préparation-Rallye-Monte-Carlo
Dans les prochains jours, vous trouverez en ligne sur ce blog un rappel de la carrière d’un des concurrents du Monte-Carlo 2016, Yoann Bonato. L’homme des 2 Alpes sera navigué cette année par Denis Giraudet. Il pilotera la DS 3 groupe R5 N° 41 préparée par CLH Auto Sport. Je ne serais pas étonné du tout que Yoann soit un candidat à la victoire en WRC2. Je suis toujours élogieux vis-à-vis de Yoann, penseront certains. Normal, il est un des meilleurs rallymen français et signe des performances absolument remarquables à chaque fois qu’il touche un volant !
QUELQUES LIENS
DESIGNMOTEUR s’est intéressé à un des teams présents en WRC cette saison, Hunday http://www.p1dm.com/sport/2015/12/hyundai-motorsport-i20-wrc-2016-team/
Le portail qui vous dira tout sur le R8 Gordini, animatrice en son temps du Rallye de Monte-Carlo et de tant d’autres épreuves http://www.r8gordini.com/
Un site particulièrement complet et bien documenté sur les différentes éditions du Rallye de Monte-Carlo http://rallyemontecarlo.unblog.fr/
Que diriez-vous d’une salade à la sauce Bolonié pour ce soir (avec des personnages de mon dernier polar dans le cadre de rallyes et de courses de côtes ) ? http://0z.fr/110Cx
Thierry Le Bras