Partager la publication "Circuit Mortel a 10 ans : que se passera-t-il 20 ans après ? 2/2"
Dans ma précédente chronique, je vous ai confié mon espoir de faire de ce blog une référence en matière de fiction automobile. CIRCUITMORTEL.COM devra vous offrir des fictions sur fond de sports mécaniques et aussi contribuer au lancement de romans, feuilletons, et BD (voire films) dans cet univers. Les miens bien sûr, mais aussi d’autres qui nous séduiront.

Lotus-IX-1955 – Le-Mans-Classic-2004 – Photo- Thierry-Le-Bras
Mais ce ne sera pas le seul axe du blog. Si j’ai eu envie d’écrire des fictions dans le monde de la course automobile, c’est naturellement parce que ce sport me passionne et que je souhaite partager cette passion avec vous. Je ne vous cacherai pas non plus mes interrogations sur l’avenir des blogs et notamment de celui-ci. J’espère que vous me suivrez massivement à cette nouvelle adresse et que vous conforterez ainsi le choix de faire évoluer CIRCUIT MORTEL.
Commençons par le meilleur, l’amour de la course. Je ne saurais dire à quand il remonte exactement. Aussi loin que je me souvienne, les voitures de couse sont liées à la joie de vivre. Si j’en crois ce que m’ont raconté mes parents, mes jouets préférés quand j’étais petit étaient les voitures. Ce sont en tout cas ceux que je me rappelle aujourd’hui. Autre souvenir marquant, la voix de Tommy Franklin à la radio. Mon père écoutait les reportages sur les 24 Heures du Mans et d’autres grandes courses. L’enthousiasme de Tommy Franklin s’efforçant de couvrir les rugissements sauvages des bolides, c’était mieux que le cirque, que les dessins animés au cinéma ou que n’importe quel spectacle ou sortie. Maserati, Porsche, Aston Martin, Lotus, Triumph, Jaguar, Ferrari, des noms magiques, plus que n’importe quel jeu, plus que n’importe quelle friandise, plus que tout en fait…
Des voitures et des pilotes
Vrombissements rageurs, crissements de pneus, affrontements portière contre portière, appuis, vitesses de pointe ahurissantes, dérapages contrôlés, courses en peloton, la compétition automobile concentre le meilleur d’autres sports magnifiques. L’effort ultime du sprinteur, le punch du boxeur, la force du lutteur, l’équilibre du judoka, la fluidité du nageur, l’adresse du skieur, la gite qu’imprime le skipper à son bateau, le tout en harmonie avec un monstre mécanique.

Alfa-Romeo-2000-GTV- 2004 – Photo-Thierry-Le-Bras
Une voiture de course, quelle qu’elle soit, représente une œuvre d’art. D’abord parce que ses concepteurs ont optimisé son design et ses caractéristiques dans un but ultime, gagner. Or, comme l’a exprimé Michel Malinovski dans un autre contexte (celui de la course au large), « Seule la victoire est jolie ». Tous les concurrents ne l’emporteront pas, mais chacun en rêve et s’attache à faire de son mieux, à remporter au moins une victoire sur lui-même, à signer une performance qui le remplisse de bonheur et, si possible, prouve sa valeur aux autres, à ceux dont l’opinion compte à ses yeux.

Thierry-Le-Bras- VW-Golf-GTI – 1977 – CC-Saumur – Photo-Photo-Actualité
J’ai connu le bonheur de piloter en compétition et de gagner dans ma catégorie. Une course où tout se passe bien, où le résultat répond aux attentes, c’est un bonheur intense, absolu, que rien d’autre n’atteint. Une joie physique au moment d’une dérive de la voiture, d’un gros appui dans une courbe rapide, d’un freinage tardif réussi, d’un enchainement en apnée où l’auto va exactement là où le pilote veut l’amener. La course offre des tas de moments exceptionnels, uniques, incomparables. L’extase du pilotage, les moments partagés avec les potes qui s’occupent de l’assistance, avec les copains pilotes, avec des spectateurs particulièrement sympas qui parfois donnent un coup de main inattendu sans rien attendre en retour, juste pour faire plaisir… J’en témoignerai dans de prochaines notes.

Jacky-Ravenel – Opel-Commodore-GSE – 1977 – CC-Pluméliau – Photo-Thierry-Le-Bras
Et je raconterai d’autres pilotes et leurs voitures. Certains jouissant déjà d’une grande notoriété, d’autres qui ne cherchent pas à devenir professionnels, des jeunes bourrés de talent et d’envie, des retraités du sport automobile, sans oublier les disparus qui nous ont fait rêver. Les temps forts de la vie d’un pilote sont souvent liés à une machine ou à quelques machines. Beaucoup ont brillé avec plusieurs voitures, mais une marque ou un modèle a généralement joué un rôle important dans une carrière. J’essaierai de le rappeler.

Yoann-Bonato-2015
Comme par le passé, CIRCUIT MORTEL s’efforcera avec ses modestes moyens de contribuer à la mémoire du sport automobile. En rappelant des événements, voitures et pilotes du passé. Mon goût du vintage et des véhicules attachants du siècle dernier m’aspire naturellement dans ce sillage. Mais j’attirerai aussi l’attention sur des pilotes contemporains, des épreuves d’aujourd’hui, d’authentiques champions dont le talent nous ravit, de nouvelles voitures de caractère. En outre, je serai ravi que certains d’entre vous proposent de raconter ici des moments de course automobile, qu’ils les aient vécus au volant, dans le baquet de droite, au sein d’une équipe ou au bord de la piste. Naturellement les illustrations seront également les bienvenues, surtout les photos personnelles !
Les limites des blogs
Les blogs n’évoluent-ils pas à contre-sens du côté obscure des forces du monde contemporain ? Par définition, le blog représente un espace de liberté d’expression, d’appréciation d’un thème particulier abordé sous un angle spécifique. Lorsque le thème sélectionné correspond au centre d’intérêt de son auteur principal et de lecteurs fidèles, le média blog s’installe sur un micro-créneau. Or, l’économie des médias et de l’édition cède à une double pression, la concentration et la pensée unique. Le blogueur et sa communauté de lecteurs deviennent quasiment des résistants face au rouleau compresseur d’une bien-pensance politiquement correcte.

Gabbiani-Pirro – Lancia-Beta-Monte-Carlo – 1981 – Le-Mans – Photo-Thierry-Le-Bras
Normalement, je ne devrais sans doute pas vous présenter cette photo d’une Lancia sans avoir flouté la partie sur laquelle apparaît une marque de spiritueux. Et après, l’image aurait l’air de quoi ? La liberté d’expression est-elle compatible avec une société où la simple vérité de l’image est interdite et où les grands médias sont réduits au rôle de lobbyistes serviles du pouvoir en place ? Avez-vous remarqué qu’après les dernières élections régionales, certains hommes politiques des formations dont sont issus la plupart des élus rêvaient d’un parti unique – ou au moins d’une coalition sans débat de société ? Pourquoi ? Officiellement pour faire barrage à un adversaire. Ou plus hypocritement, dans le but de se répartir les postes, fonctions, mandats, sans redouter que des électeurs n’appartenant pas au sérail privent quelques apparatchiks de leurs voitures de fonction, secrétaires, jolis bureaux, retraites dorées ? Quelle part pour la liberté d’expression quand une fraction considérable de la classe politique veut étouffer tout débat ? Bien sûr, les questions sur lesquelles s’entendent quelques grands de la politique nationale dépassent les chroniques et fictions mises en ligne ici. Mais n’oublions pas que l’automobile est au cœur de notre société, que la maire d’une grande ville veut lui faire la peau et que le locataire de l’Élysée a fait de la guerre au Grand-Prix de France un marqueur de son mandat. Dans la mesure où empêcher la renaissance de notre GP national sera la seule promesse tenue par monsieur « moi je », redoutons que l’automobile soit en grand danger dans notre pays. A terme, aurons-nous encore le droit d’exprimer nos passions qui ne correspondent pas au monde dont rêvent les Hollande, Juppé, Royal, Hidalgo, Cohn Bendit, Duflot et bien d’autres ? La récente affaire Philippe Verdier montre à quel point France Télévision ressemble à la Pravda de l’ex URSS. Les blogueurs conserveront-ils le droit de tout écrire quand les chaînes de télévision, les radios, la grande presse, délivrent le message de ce pouvoir autoritaire – pour rester policé-, occultent des infos qui le gênent, ont substitué la notion de lobbyistes à celle de journalistes ? Je n’en suis hélas pas convaincu. Jusqu’à une période encore récente, je ne me serais même pas posé la question. Elle m’aurait paru incongrue, ridicule. Je n’aurais pas cru qu’un pouvoir vote des lois pour aider un media ami comme celui de monsieur Plénel, Ni que des juges apprécient les affaires pour régler les comptes d’une bande revancharde. Mais ça, c’était avant, quand je croyais encore vivre dans un pays libre où l’alternance s’opérait démocratiquement… Aujourd’hui, j’ai peur pour l’avenir de la France, pour ses libertés, pour nos vies en cette ère d’attentats, de chasse à l’être humain déclarée par un état ennemi, et je ne suis pas optimiste quand il s’agit d’envisager le monde de demain.

4cv – 2015 – Saint-Malo – Photo-Thierry-Le-Bras
Autre souci pour les blogueurs, la viabilité du concept. Qui vit de son blog aujourd’hui ? Pas grand monde. Et je crois franchement que ceux qui y parviennent sont majoritairement positionnés sur des problématiques de consommation. La limite du blog réside dans son modèle économique. Pas de recettes fournies par les lecteurs puisque l’accès est gratuit. Les recettes publicitaires restent marginales car les annonceurs s’orientent massivement vers les plus grands médias, ce qui correspond à la logique. Le numérique crée des fortunes, bien souvent en cassant des secteurs d’’activité pour ne procurer que des revenus d’appoint à des amateurs. C’est l’ubérisation du monde, également illustrée par le phénomène Booking qui ne tardera pas à faire baisser considérablement les marges des hôteliers et des vrais loueurs professionnels, le tout en achevant les agences de voyage. L’Internet enrichit des créateurs d’applis, de plateformes mettant directement des personnes en contact aux dépens des métiers traditionnels, mais il ne rémunère pas correctement les créateurs de contenu. Tenir un blog exige des heures de travail, de recherches, de rédaction, de sélection d’illustrations. C’est un bonheur qui justifie les sacrifices si vous venez nombreux lire les notes et visionner les photos. C’est aussi un effort qui empiète sur d’autres aspects de la vie, les loisirs, les moments de détente, de lecture, les contacts directs avec les proches… et des activités rentabilisables. Combien de temps dure la motivation d’un blogueur ? En moyenne deux ans répondent les statistiques. Avec plus de 600 notes en dix ans, j’ai déjà explosé les stats !
Rendez-vous dans 10 ans… ou pas ?
Fêterons-nous le 20ème anniversaire de CIRCUIT MORTEL en 2026 ? Je ne peux pas vous le promettre. Dieu sait ce que l’avenir nous réserve à une telle échéance. Nul ne peut se projeter aussi loin avec certitude. Pour tant qu’un zest de liberté d’expression subsiste, la santé et des accidents nous réservent parfois des surprises désagréables, à long, moyen ou très court terme.

Magnussen-Brabham-Herta -Panoz-LMP-01 – 2002 – Le-Mans – Photo-Thierry-Le-Bras
Ensuite, quel sera l’état des technologies à l’horizon 2026 ? Les blogs et sites blogs existeront-ils encore ? Seront-ils accessibles à ceux qui, comme moi, se sont confrontés à l’informatique alors qu’ils étaient déjà adultes ? J’appartiens à une génération qui considère le fonctionnement d’un ordinateur comme un miracle permanent. Dans 10 ans, arriverai-je toujours à mettre des notes et des photos en ligne ou serai-je – avec ceux de ma génération – considéré par les maîtres du jeu web comme un vieux dinosaure qui n’a plus sa place dans le monde moderne ? Les gouvernants d’alors suivront-ils les idées de monsieur Attali qui n’exclut pas l’euthanasie des personnes dont le « rhumatisme devient gênant ». Aurai-je toujours ma place dans la société ou serai-je miné par le « déclin qui rend fou » ? Ou disparu…

Porsche-917-modèle-1970 – 2002 -Le-Mans-Classic – Photo-Thierry-Le-Bras
Quelle technologie succédera aux blogs ? Les chaines web ? Lesquelles seront populaires ? Faudra-t-il se dandiner devant la caméra en beuglant les mérites d’une crème parfaite qui supprime les rides, fait bronzer, maigrir, rend plus sexy ? Ou vanter les miracles d’un produit LoréKastaze qui assurera aux filles de sortir avec le capitaine de l’équipe de foot et de faire tomber le prof de maths si raide dingue qu’il augmentera la moyenne de la demoiselle de 5 points, ce qui la portera à 11/20 ? Je me montre cynique à dessein, en espérant vous faire sourire. Mais si les chaines web remplacent les blogs dans vos cœurs, chers amis lecteurs, les thèmes abordables deviendront plus limités. Plus d’intérêt à traiter des sujets d’actualité. Ni de possibilités de le faire correctement faute d’images dans de nombreux cas. Comment traiterons-nous les courses d’hier ou les événements auxquels nous assisterons ? Avec de courtes vidéos, des diaporamas réalisés à partir de nos archives photos ? Pourquoi pas ? Il faudra apprendre de nouvelles techniques, le montage, la sonorisation, ou payer des intervenants pour pallier nos carences. Dans tous les cas, nous serons moins productifs. Nous réaliserons un diaporama tous les trois ou quatre mois au lieu d’une note ou deux par semaine. Les bénéficiaires au plan financier seront les hébergeurs et diffuseurs, pas les créateurs. Le phénomène que nous connaissons aujourd’hui s’amplifiera encore, dans un sens peu satisfaisant. Comme dans les activités de commerce matériel, les distributeurs capteront les produits aux dépens des producteurs. Un parallèle avec cette grande distribution qui prospère pendant que les fabricants, agriculteurs, pêcheurs souffrent.
Enfin et surtout, chers lecteurs, combien de temps aurez-vous envie de me lire et de visionner les photos que je mets en ligne, qu’elles aient été réalisées par mes soins ou fournies par d’autres sources. Les statistiques de visites le diront. J’espère qu’elles récompenseront le talent du webdesigner qui a créé ce site blog, Ewen Le Juge, Team principal de l’excellent DESIGNMOTEUR.COM. Le nombre de pages vues mensuellement sur la plateforme Hautetfort dépassait régulièrement 25.000 en 2015. Allez-vous me suivre fidèlement sur CIRCUITMORTEL.COM ou non ? Certains médias résistent aux années, d’autres moins bien. Selon que vous continuerez à aimer le concept CIRCUIT MORTEL, il conviendra de poursuivre avec encore plus d’entrain pour vous satisfaire, d’arrêter purement et simplement si la fréquentation s’effondre durablement, ou d’essayer de s’adapter à vos souhaits si la relation entre nous reste forte. Le plus longtemps possible. Quelques semaines ? Quelques mois ? Ou mieux encore, quelques années !

Postic – Rallye-2 – 1977 – CC-Pluméliau – Photo-Thierry-Le-Bras
Il serait présomptueux de considérer le pari gagné sans analyse précise des statistiques sur plusieurs mois. J’espère vous convaincre encore un moment et je vous réserve quelques surprises de nature à atteindre cette finalité dans les prochaines semaines ! A la base des recettes destinées à vous convaincre de déguster mes menus de lecture, des interventions d’autres passionnés d’automobile, des photos inédites, de prochaines critiques de livres (dont des BD), des chroniques, des fictions.
Vous savez ce qui me ferait plaisir dans l’immédiat ? Que vous laissiez quelques mots en commentaire. Dites-moi ce que vous avez envie de trouver sur CIRCUIT MORTEL, et aussi pour ceux qui sont disposés à participer, ce que vous aimeriez traiter !
QUELQUES LIENS
DESIGNMOTEUR établit un parallèle entre des courses à la poursuite d’horizons lointains, le Dakar et la Route du Rhum http://www.designmoteur.com/2015/01/dakar-route-du-rhum/
Auteur, chroniqueur et consultant, ma présentation sur un autre support http://polarssportsetlegendes.over-blog.com/article-thierry-le-bras-auteur-et-chroniqueur-80508329.html
J’aime beaucoup Direct Auto, l’émission de Grégory Galifi sur D8 ! https://www.facebook.com/gregory.galiffi.1?fref=ts
Thierry Le Bras